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Février 2017

Khal Torabully

« Aux rêveurs obstinés de la Beauté… »

 

 

 

Définir le silence

Comme l'écho infini

De la voix égarée dans les mots...

 

Attendre l'impossible océan...

Et redire ce poème incolore

Dans le bleu lagon des mots...

 

***

 

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Lumières. Fontaines d'échos du soleil... (FB, 9 déc. 2016)

 

 

A ce méridien

Pointe le matin

De ce monde mutin.

Poète et marin,

Il nous faudra penser

D'autres tropiques.

Il nous faudra baliser

La nouvelle année

Et écrire la supplique

De la Terre menacée.

 

Au nouveau monde

L'horizon sera la réplique

Souhaitée aux rêveurs

Obstinés de la Beauté...

 

***

 

Lyon, novembre 2016

 

Les nuages effeuillent l'arbre ami...

Les tons d'automne défient

Ses flammes de marbre dépoli.

Les bourgeons des ciels fuient

De branche en branches. Ainsi

Les saisons se reposent et s'oublient.

 

Demain, qui sait, le nuage sera saisi

Par l'incandescence de la nuit...

 

Je regarde dans le dernier puits :

Suis-je l'enfant trop tôt parti

A la lueur du soleil décalcomanie ?

 

***

 

Si la fleur est séchée

C'est pour dire combien

La mer a cherché son parfum...

Et le cœur qui la trouva

Comprend le sens certain

Du bonheur entre nos mains...

 

***

 

Les roches noires de l'île

Paroles et silences fossiles...

 

 

***

 

Lune sans perdre le sillon

Des méridiens.

Lune témoin de cet horizon

En semailles de matins...

 

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Marcher sans mer.

Donner aux vagues

Le vertige des algues.

Descendre au ciel

Dans le bleu des limbes...

 

***

 

Automne, feuille d'eau,

Fente de ciel en marigot.

L'air fait semblant

De comprendre la fuite de l'ange

Dans l'angle oblique du néant.

 

Je pose la tête sur l'étrange

Sensation de me noyer

Dans un nuage effiloché...

Je me réveille dans le soleil

Accroché à la racine des treilles.

 

Je remonte enfin dans la pensée

Oblique du poème inspiré.

La chute des mots est un lieu

Dessiné pour compter les cieux.

 

***

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Feuilles de ce saignement

Que la saison entonne

En gouttes d'automne,

Il est temps de lâcher l'été

Et demeurer sans gravité

En saison qui étonne…
En saison qui étonne...

 

***

 

Je ne cherche pas l'apparat

Je ne cherche pas l'ombre,

Juste l'illusion du temps qui sombre.

Pâle lueur sans horizon

Le soleil invente le trépas

En siècles sans décombres...

***

 

Le désert est approche de Parole

L'aire du silence et des murmures secrets

Le passant sait se rencontrer ici, à l'envers

Ou à l'endroit des mirages qui sèment l'absence...

 Partir, c'est souvent s'entendre

S'atteindre en l'autre que le sable caresse...

 

Khal Torabully's photo.

 

Textes inédits et photos de l’auteur extraits de Facebook

(entre janvier 2016 et janvier 2017)

 

Khal Torabully

Une présentation complète – mais non remise à jour, hélas, depuis 2009 – de cet écrivain, cinéaste et humaniste d’exception, grand voyageur, grand brasseur de cultures et d’humanités diverses, selon le concept de « coolitude » qu’il a inventé – peut se consulter sur le site Île en île ; elle est due à Véronique Bragard. Il est difficile de la résumer ou même de reproduire une liste aussi expurgée soit-elle des ouvrages (pour se limiter à la poésie, on devrait citer près d’une vingtaine de recueils).

Pourtant, l’impression qu’il reste méconnu persiste… et l’effort de fouiller sur Facebook pour en extraire des poèmes récents, inédits, accompagnés de photos d’une même beauté, doit quand même s’associer à quelques mots sur l’auteur. Mais rien de plus approprié, alors, que de lui donner la parole… en citant quelques extraits d’une interview tout à fait révélatrice qu’il a accordée en 2010 à la poétesse Patricia Laranco : La coolitude interview de Khal TORABULLY par Patricia Laranco (5 juin 2010).

Alors, voilà pour l’homme et l’œuvre, en général :

« Pardonnez-moi ma franchise…L’exercice de présentation n’est pas celui que je préfère. Car il est toujours difficile de parler de soi. Donc, ne m’en veuillez pas si je schématise : j’ai vu le jour à Maurice, j’ai étudié et publié à Lyon, en France, et j’ai navigué entre ces deux lieux et d’autres espaces, d’autres imaginaires. La vie a tôt induit en moi le désir du déplacement, et tôt aussi, la nécessité d’ancrer les diversités du monde dans ma perception. J’ai écrit une vingtaine d’ouvrages dont un dictionnaire de poche, égalitaire et poétique, de la francophonie, coécrit un essai sur la coolitude, une nouvelle approche de l’humanisme du Divers, et écrit et réalisé des documentaires sur Malcolm de Chazal et La Mémoire maritime des arabes, parmi d’autres. J’ai aussi coécrit un documentaire sur les indiens de Guadeloupe. Je suis en train de mettre un roman sur l’établi. »

Et  quant au poète :

« Je suis un héritier d’Iqbal et de Tagore aussi, tout comme j’ai été imprégné d’auteurs européens, chinois et japonais. L’océan Indien, ne l’oublions pas est l’océan de la première mondialisation. J’apprécie la tradition poétique indienne, qui est une des plus vieilles au monde. (…)

« On ne prend pas le virus de la poésie. C’est un « organe » qui est en vous, au même titre que vos poumons, vos yeux ou votre cœur. J’ai toujours eu cette conviction, depuis tout petit, car je vivais, sentais, voyais les choses, le monde de façon particulière, de manière très perceptible pour que très tôt on m’affuble du sobriquet de « Khalil Gibran », ce poète libanais qui a écrit Le Prophète… En tout cas, les lectures, les rencontres, la sensibilité, la réflexion, le statut de mon père, trinidadien déraciné à Maurice, la diversité culturelle de cette petite île, les langues, les coutumes, les religions, les métissages culinaires… tout ce magma a déversé en mon être un torrent de signifiants et de signifiés qui ont été ma sève d’humanité, me poussant à articuler des mots en poèmes… »

Rappelons qu’il a lancé l’appel à poèmes pour Haïti, en janvier 2010, appel qui a été à l’origine de l’anthologie Poètes pour Haïti publiée à l’Harmattan en 2011.


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Créé le 1 mars 2002

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