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Septembre-Octobre 2018

 

Invitée : Maria Zaki

 

« Quand l’aimance entonne son chant… »

 

Extraits du recueil Le chant de l’aimance, L’Harmattan, 2018,

préface de Hassan Wahbi (collection Accent tonique, dirigée par Nicole Barrière*)

 

Diaphane, peinture acrylique de couverture, par l’auteure

Irréfutable

C’est le moment de lire

Le tatouage de la mémoire

Comme on lit

Les lignes de la main

Ce qu’on s’avoue

À peine

Nous bouleverse

 

Le signe caché

Qui manifestement

Coule dans nos veines

Réclame l’art

Dans la pensée

Et de l'infini

L’ivresse

 

D’aucuns

D’ici et d’ailleurs

Nous ont crus victimes

D’autres nous ont pris

Pour des coupables

 

Mais l’ordre spatial

Du symbolique

Revient sans cesse

Irréfutable

 

En étreinte de mots

Loin de l’envers

Déchaîné du silence

Où toutes les voix

Se mêlent et se ressemblent

Ils se rencontrent

 

Le cœur débridé au vent

En étreinte de mots

Transcendant

Leurs propres limites

Et déclinant l’art de l’alliance

Sous toutes ses nuances

 

Du rouge au vert

Le mouvement et la quête

Du jaune au bleu

L’inspiration et le geste

Sans s’approprier

Ni les choses ni les êtres

 

Une charge d’altérité

Dans le flottement

Des miroirs

Ouverts au sentir

Une charge d’altérité

Tient le destin

Dans le truchement

Des possibles avenirs

 

Ni vent ni vague

Ni sable ni rocher

L’écume est montée

Dans les nuages

 

L’oreille perçoit

Les pas du temps

Comme des murmures

Étouffés dans l’eau

 

Et l’œil voit

Des reflets argentés

Tel un signe d’espoir

Dans une fresque

Inachevée

 

Libérés sur parole

Libérés sur parole

Une lueur infime

Les guide dans la nuit

Et dans le froid

 

Ils marchent sans reculer

En mesurant la distance

Du loup à sa proie

 

Ils ont souffert de l’éclat

De la pleine lune

Autant que de l’évidence

De leurs pas

 

Mais depuis

Qu’ils ont posé

Leur tête à terre

L’aube de l’aimance

Peut les couvrir

De sa robe légère

Un fruit mûr

Ne redevient pas vert

 

Inachevée

Si un jour

Une loi de partage

Rythme notre souffle

Mis en commun

Je tâcherai de me rappeler

Que notre pensée

Ne vivra

Qu’inachevée

 

Que savons-nous

Que savons-nous

De la source

Qui jaillit du roc ?

 

Dans ton regard

J’ai pris la mesure

De mon corps chaud

Dans ton regard

Pour éviter de disparaître

Dans la froide saison

 

J’ai marché

Sur les pas du vent

Buvant de la neige

Les gros flocons

 

À présent

J’aimerais reverdir

Dans tes yeux

Mon encre

Et écrire les mots

Qui m’éparpillent

Et ceux

Qui me recentrent

 

Elle a le sens

Elle a le sens

D’une alliance

Dans la mouvance

 

AU rythme de l’océan

Où la survivance

Est remodelée par l’art

De la navigation

Où esprits et corps

Voguent ensemble

Sans égarer l’aiguillon

Sacré du désir

Ni réveiller

Les fous de Laïla

Et ses troubadours

 

Plus subtile

Qu’une amitié

Moins troublante

Que l’amour

 

 

*Poèmes reproduits avec l’aimable autorisation de l’auteure

et de l’éditrice, que nous remercions profondément.

 

Née au Maroc en 1964, universitaire, ensuite chercheuse, vivant en France depuis 2002, Maria Zaki est surtout poète et écrivaine, défenderesse avec grâce et persévérance d’une esthétique faite de paradoxes en « équilibre instable », puisqu’elle pivote autour d’un point immatériel, fuyant, non définissable si ce n’est par négations entrecroisées : c’est l’aimance, concept que la poétesse développe sur les traces de son mentor, l’écrivain Abdelkébir Khatibi. 

La sélection de poèmes ci-dessus donne peut-être une idée de ce que veut dire cette quête exquise qui demande autant de force que de douceur et ne s’achève jamais, ne s’abritant derrière aucune ligne d’horizon figée dans quelque dogme.

Pour faire plus ample connaissance, voir sa page d’auteur (biobibliographie et liens vers les livres publiés), ainsi que son blog (dont est reproduite la photo ci-dessus). 

 

 

Salon de lecture
Maria Zaki

 

recherche Dana Shishmanian

Francopolis, septembre-octobre 2018

 

Créé le 1 mars 2002

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