rencontre avec un poète du monde

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ARCHIVES : VIE – POÈTE 

 

Automne 2024

 

 

Annie Le Brun : « chercher… l’infini dans un contour ».

 

 

Un hommage par Camille Aubaude.

 

&

 

Un choix de textes  :

Poèmes ; Réflexions.

 

(*)

 

 

Annie Le Brun : un hommage.

Par Camille Aubaude (*)

 

Je vénère Annie Le Brun, une des rares poétesses du féminisme des années 1970. Il est curieux que l’on n’ait pas employé pour elle le terme d’« amazone », sans doute à cause de son rapatriement aux thèses surréalistes. Cette femme extraordinaire est inclassable et le restera, car elle est toujours juste, instructive, amusante, jusque sur les plateaux télé les plus improbables.

Je ne suis pas toujours d’accord avec ses phrases définitives sur le divin Marquis, vu que les phrases définitives peuvent s’appliquer à tout : ainsi, « on n’en a jamais fini avec Sade » convient à Gérard de Nerval, Christine de Pizan, Catherine d’Amboise, ou Annie Le Brun.

Sa connaissance des pulsions humaines archaïques sous-tend son étude de Sade, parue à une époque où chacun donnait sa lecture de cet auteur. Son combat contre « la marchandisation du sensible » et la société consumériste est initié par le courant surréaliste. Sa « révolte à la mesure de l’émerveillement » établit la synthèse des courants divergents du siècle des totalitarismes. Elle réfléchit au « principe d’excès qui est celui du désir » et à « ce qui se passe entre les mots et les images ». Sa compréhension par hyperesthésie, c’est-à-dire une sensibilité insensée, vertigineuse, isiaque, aurait pu aisément passer à la trappe. Malgré tout, « elle continue », s’indigne Me Gisèle Halimi lors d’une émission télé où cette voix dérangeante fantomatise tous « les charlatans » (1978, Apostrophe). C’est une des idées hors normes d’Annie Le Brun, le fait qu’on ne peut monter sur « les tréteaux » des arènes médiatiques sans devenir des « charlatans » avides de « visibilité » (le mot actuel qui remplace « gloire »).

Assiégés par les divertissements, nous sommes emportés par les torrents de la destruction, au lieu de contempler la nature sauvage pour l’aimer. Sans plus d’interruptions, et surtout pas la mort. Hélas, le système dont Annie Le Brun a mis en lumière la violence la récupère, même si elle ne sera jamais une diseuse de lois, tels Roland Barthes et Yves Bonnefoy, des intouchables qu’elle a l’audace de désigner (pour Yves Bonnefoy, dès 1988, à l’émission Apostrophe, où elle est la seule invitée pour son livre Appel d'air), pure pratique de la parrhésie. Pour une pensée qui ne s’est pas « fourvoyée », la récupération commerciale est une trahison. 

 

Pépin. Qu’est-ce que l’écriture ?

Alcuin. La gardienne de l’histoire. (…)

 

Pépin. Qu’est-ce que l’amitié ?

Alcuin. La similitude des âmes.

(Disputatio, cité par François Guizot, dans Histoire de la civilisation en France, 22è leçon).

 

Alcuin, qui a enseigné de 782 à 796, à la cour de Charlemagne, est un l’exemple type d’une pensée inaltérable.

L’« insurrection lyrique » de cette exaltée de l’ombre est unique. Il faut souhaiter que d’autres femmes la continuent. Sa personnalité à la fois « de toujours » et résolument contemporaine fait qu’il n’est plus question de courage, mais d’éclat, à une époque de profonds changements où le déterminisme historique laisse les forces obscures assiéger la Beauté et la Vérité. 

Annie Le Brun laisse une œuvre sans souci de l’art, et encore moins de l’ordre. Elle a suivi la trajectoire d’un astre qui file dans la nuit. Son lointain intérieur est supérieur à tout ce que fabrique le monde intellectuel français d’aujourd’hui, car s’y laisse entrevoir la connaissance de ce « principe d’excès » d’énergie qu’est le désir.

Souhaitons qu’« elle continue » : qu’elle étende, qu’elle n’arrête jamais la révolte lyrique des malcontentes dans les chapelles d’un patriarcat sans espérance d’épanouissement pour les femmes. Aucune philosophe femme de sa génération ne s’est imposée, comme aucune poétesse. Que l’insurrection d’Annie Le Brun « continue » pour de vrai, c’est remettre en cause la désaffection de la poésie comme art suprême, déjà signalée par Nerval, et analysée par Albert Béguin comme un des traits caractéristiques du XXè siècle (dans L’Âme romantique et le rêve), qui a vu s’ajouter aux génocides le naturocide.

Comme elle nous manque !

 

Une image contenant Visage humain, personne, habits, capture d’écran

Description générée automatiquement

© Crédit photo : Camille Aubaude, Annie Le Brun, image no 5 prise de l'émission audiovisuelle « Apostrophe » diffusée sur YouTube par l'INA.

 

 

Tombeau d’Annie Le Brun


VOIR son regard DIRE sa voix

tout ensemble se déploie entre  

un pays agité de vents

violents sur la Terre en effroi.


L’œil ciselé subjugue les moulins, 

la longanimité des écrans. Il s’étire.

La bouche enivrée de passions

défie les épouvantails de l’orgueil.


Les perles des dents sourient

à l’Espoir de l’Amour : Il reparaît

quand le souffle anime des Vertus

pour arrêter la dissolution.


Gravité de la poétesse,

la volonté coud les guenilles

des fausses gloires, elle change

en oripeau le flot de la mer.

 

© Camille Aubaude

 

(*) Une version réduite de cet hommage est parue dans la revue Le Pan poétique des muses, n° III : Été 2024

 

 

 

Un choix de textes.

 

Ayant découvert Annie Le Brun lors de l’historique exposition Sade. Attaquer le Soleil (Musée d’Orsay, 2014) – découverte confortée ensuite par la consultation d’autres ouvrages d’elle sur « le divin marquis », qui ont changé ma vision sur ce grand écrivain – je ne l’ai en revanche que depuis peu découverte comme poète et essayiste.

Je me fais plaisir en reproduisant ici quelques poèmes – dans son écriture décalée et savamment déconstruite par rapport à tous référentiels potentiellement opposables, laissant luire des beautés sombres dans des failles oxymores – que j’ai glanés avec ravissement dans son anthologie personnelle, parue en janvier (Ombre pour ombre) – comme si elle savait que 2024 allait être sa dernière année de vie – ainsi que quelques extraits cinglants, dans un style où élégance et virulence critique s’allient, d’un de ses livres de réflexion, inclus lui aussi dans une ample anthologie de ses écrits parue en novembre 2023, comme en guise de testament de sa pensée (Ce qui n’a pas de prix, dans L'Infini dans un contour).

J’aimerais juste, avant de faire parler ces quelques textes que je rassemble ici, lui donner la parole à elle, l’écrivaine presque malgré elle selon ses propres aveux, que j’aimerais appeler « la divine rebelle » :

« De ne m’être jamais prise pour un écrivain ni de n’avoir jamais projeté de faire œuvre, j’ai écrit seulement pour savoir où j’allais. Il s’ensuit que façon d’être, façon de penser, façon d’écrire sont alors si imbriquées que tout y fait sens. Aucun soir ne ressemble à un autre, surtout quand la formulation d’une impression, d’une sensation et même d’une idée en dépend…

S’il m’est arrivé d’évoquer la dérive au long cours à laquelle j’ai souhaité que ma vie ressemble, alors les livres correspondent autant aux îles abordées qu’à la constitution de nouveaux atolls, les unes et les autres continuellement retravaillés par les vents et courants d’un enchevêtrement de temps courts et de temps longs. Comme s’il s’agissait de trouver la forme susceptible d’affronter le néant sinon de le conjurer. Sans doute n’ai-je jamais cédé sur le désir insistant, formulé dès le départ, de voir s’élargir l’horizon, mais je dois à une note tardive de Victor Hugo de supposer que je n’ai cessé d’y chercher ce qui pourrait bien ressembler à l’infini dans un contour. » A. L. B. (préambule de l’autrice à L’infini dans un contour).

(D.S.)

 

Poèmes.

« …affronter le néant… »

 

Au bord des prairies noires et blanches du lit, un fleuve a coulé, tiède, dans mon oreille renversée.

***

Les quatre coins de la chambre des yeux s’étirent en bandeau au fond du couloir des muqueuses.

***

Perpendiculaire à vous, je rejoins la sinueuse pâleur que vous faites irrésistiblement monter dans les herbes translucides de ma colonne vertébrale.

(Les pâles et fiévreux après-midi des villes, 1972

 

Aventureuse pelisse de renards bleus qui sillonnent le silence des miroirs, l’horizon sangle la vue. Ma tête s’ouvre comme une immense blessure blanche que dévalent de minuscules skieurs, s’en allant disparaître, aveugles et entêtés, dans l’océan des reins.

Ne faut-il pas que le monde soit vide comme une grenade ?

(Les écureuils de l’orage, 1974)

 

Enfants du siècle, détournez vos regards.

Les lèvres ne sont plus sur tous les mots. Les mots grimpent pêle-mêle sur le dos des choses. Les choses, errant dans le désert de leur érosion, cherchent à soudoyer nos os, gardiens incertains d’un mirage fortifié. Ne voyant rien venir, les tropicaux indociles de nos gestes se précipitent vers les puits empoisonnés de leurs reflets criards.

Enfant du siècle, tous les paysages sont troués de notre absence souveraine.

***

Recroquevillée dans la pelote des nuits blanches, je te regarde debout et sombre, repoussant du pied les squames du voyage. Étalé sur le sol, le planisphère de ma vie nous sépare. J’ai tellement aimé la vitesse que je ne sais plus où je me trouve. Une corde raide relie mes yeux à mes jambes. Les grands courants marins emportent dans leurs résilles noires et blanches la balle perdue de mes idées. La barque du corps, la patience des algues, le corail des contes, j’ai tout oublié.

Je te regarde debout et pâle. Pâle comme l’océan qui me ramène dans le creux de la vague entre l’unique et le double.

***

À vif, l’événement cisèle notre sillage inquisiteur.

Au fond de l’air, les racines du cœur.

 

Le vide

Le lisse

L’opaque

 

La neige est noire

La nuit a des lunettes de soleil

Le givre s’étale sous la fourrure

L’herbe du soir tranche les chevilles de la pluie.

***

Enfants du siècle, la ligne d’horizon n’est qu’un de vos cils, tombé par mégarde sur le dos-d’âne de l’espace. Il n’est plus temps de remonter les filets de la perspective. La violence s’est cassé les dents sur le cristal de la distance abolie. Nos doubles reviennent en rafales, roulent en boules d’excès jusqu’à heurter le centre de gravité du noir. Inutile d’insister, il n’y a plus de paysage porteur d’ombre, seulement une marée montante de signes cherchant à s’engouffrer au fond de nos prunelles.

 

Enfants du siècle, la transparence est souterraine.

(Annulaire de lune, 1977)

Histoire

Dans l’œil blanc

Des fossés

Le passé renversé

Fatales

Des armées de gestes anciens

Battent l’air

Sauvagement

L’herbe de l’horizon rentre sous la terre

Comme les vagues sous la mer

Rides de scintillement

Rides d’opacité

Les grands chemins

Empruntés par les siècles

Disparaissent

Dans les besaces du vent

Neige folle neige crue

Les parades du temps

Reviennent en tourbillons obscènes

Les chaudrons aveugles du froid

Se cognent dans la nuit

De grâce, mettez fin au bruit lourd

De la mémoire qui sombre

(Il faisait encore sombre, 1985)

 

Les yeux fermés, les poings fermés, le corps fermé comme une pierre, je vous attends du fond de l’impossible.

 

J’ai tout misé sur l’improbable dérive des archipels de la solitude nue.

***

Bander avec l’aplomb de la couleur.

 

De quelle forêt pétrifiée le rire du corps est-il l’écho perdu ?

(Ouverture-éclair, 1987)

 

Décembre

Comme un fruit obscur

La tête s’ouvre

Sur l’arrête du silence

Sans blessure

Sans murmure

Au pied du mur

Lentement

L’autre côté

Étreint

L’autre côté

Le dehors et le dedans

Se retournent comme un gant

Une boule de vide nocturne

Frôle

Les parois du corps

À la lisière de la nudité

Les instants voraces

Ravagent silencieusement

Les trois dimensions

On ne peut plus s’arrêter

De jouer le grand jeu ténébreux

Avec un peu de chance

On se retrouvera sur la paille un jour

(Saisons, 1989)

 

Soudain l’aveuglante lumière

De la violence sans corps

Štyrský comme Sade

N’a pas trente ans

Tapie sous la voûte

La vie en suspens

Peut-être est-ce l’ombre qui creuse

L’ombre qui cerne

L’ombre qui découpe

Et si c’était le noir

Le noir du noir

Le noir jamais vu de la pensée

Le noir des couleurs que la peau séquestre

Le noir-sang du rouge

Le noir-os du blanc

Le noir-viscère du violet

Le monde n’est pas à l’envers

Mais l’homme est réversible

Sur l’éblouissante obscurité

De ce qui s’incarne.

(Pour ne pas en finir avec la représentation, 2002)

 

NB Ce dernier cycle est composé de 5 poèmes « pour accompagner 5 photographies de Jindřich Štyrský », précise la poétesse. Ce peintre, illustrateur, photographe et poète tchèque (1899-1942) fut un grand ami d’Annie Le Brun, comme aussi sa femme Toyen (Marie Čermínová, 1902-1980), elle aussi artiste peintre : ils furent, dans les années 20, parmi les fondateurs du groupe surréaliste en Tchécoslovaquie. Ces 5 photographies sont prises en 1932 dans les ruines du château Lacoste, demeure du marquis de Sade (voir les photos et les textes de Jindřich Štyrský, traduits en anglais, sur le site pragois The Twisted Spoon). Dans son préambule, Annie Le Brun se réfère aussi aux tableaux de Toyen représentant, même des années et décennies après, ce fameux château qu’ils ont visité ensemble, dans une commune admiration de l’œuvre de Sade : « ce haut lieu de la subversion mentale (…) ouvert dans l’horizon des Lumières ». Ci-dessous la deuxième des photos du château Lacoste de Jindřich Štyrský, qu’accompagne le poème d’Annie Le Brun reproduit plus haut.

 

Jindřich Štyrský, photo reproduite du site pragois The Twisted Spoon

 

 

 

Réflexions.

« …instaurer le sabotage systématique… »

 

Une catastrophe qui ne ressemble à aucune autre, ainsi aurais-je pu intituler ce livre terminé il y a trois ans. Cherchant les raisons du sentiment grandissant d’enlaidissement du monde que j’éprouvais, il m’a fallu du temps pour les voir apparaître à travers la marchandisation de tout, qui s’affirmait comme la seule réponse à une situation de plus en plus inquiétante mais qu’on voulait nous faire accepter tout en la déniant. Ce qui semblait n’être qu’un problème esthétique renvoyait à un problème politique. (…)

Le malheur est que peu s’en rendaient compte, dans la mesure où cet enlaidissement du monde était redoublé d’une esthétisation mensongère qui, sous prétexte d’y remédier, s’affirmait de plus en plus à travers la création de nouveaux marchés indissociables d’une collusion inédite de la finance, de l’art contemporain et des industries de luxe. (…)

C’est pourquoi, à mesure que j’en découvrais l’ampleur et les ravages, j’ai appelé à nous souvenir de la beauté vive de ce qui n’a pas de prix, comme le seul contrepoint qu’il était peut-être encore possible d’opposer à cette expropriation de nous-mêmes, à laquelle le capital contraignait chacun de nous.

(Préface, mars 2021)

***

J’ai parlé de guerre. Les actuels « vainqueurs » sont ceux qui ont réussi l’exploit de régner sous le signe de la négation contrefaite. À la double fin d’en étendre l’empire neutralisateur à tous le domaine sensible et d’en imposer les sinistres modèles du haut en bas de l’échelle sociale.

C’est presque chose faite, à en juger par la barbe de trois jours et les jeans lacérés qui, dans les classes dirigeantes, servent de plus en plus à afficher une domination attentive à remplacer ses signes extérieurs de richesse par des signes extérieurs de rébellion, furent-ils dérisoires, tandis que des classes moyennes aux classes populaires les mêmes signes, perçus comme marque de distinction, disent dans quelle servitude faussement désinvolte les uns et les autres croient reconnaître leur liberté.

(Chapitre II)

***

Et quand bien même cet enlaidissement du monde ne serait pas programmé, il n’en semble pas moins résulter d’un ensemble de forces se rejoignant à amoindrir, dénaturer, détruire tout ce qui pourrait s’opposer à l’équivalent d’une mobilisation générale, pour dénier la catastrophe tout en y travaillant. C’est en ce sens que le « triomphe de l’esthétisme », s’affirmant en distance prise avec ce à quoi il n’est plus concevable d’échapper, sert de garant à la dénégation qui détermine désormais notre rapport au monde.

(Chapitre III)

***

Seulement, cette fois, il ne s'agit plus de s'en prendre à la colonne Vendôme mais à la gigantesque pièce montée d'une corruption intellectuelle qui s'empare de tous les prétextes pour célébrer ses accommodements avec la domination, jusqu'à en faire le grand spectacle de ce temps.

Assez de ces expositions-phares dont les commissaires, à l'instar des DJ vedettes, mixent le passé et le présent pour empêcher que le futur ne soit jamais autre ! Assez du double langage festif accueilli de toutes parts, sans qu'on y reconnaisse le meilleur agent du maintien de l'ordre ! Assez de ces capitales européennes de la culture qui exproprient la vie des quartiers et des villes pour accélérer la domestication de tous ! Pour l'heure, c'est à chacun de trouver les moyens d'en instaurer le sabotage systématique, individuel ou collectif.

En attendant, reste la désertion. Longtemps, je me suis demandé si le régime de servitude aujourd'hui en passe d'induire tout lien social était vécu consciemment ou non. Difficile d'en décider. Mais l’important est plutôt de savoir qui s'y soumet ou non. Innombrables sont les chemins de traverse pour y échapper, quand on veut bien prendre le risque ne pas se tenir du côté des vainqueurs. Mieux, de s’en tenir au plus loin.

Ce que j'en sais est qu'on ne s'y bouscule pas mais qu'on y respire beaucoup mieux et que, certains jours, même parmi les plus sombres, l'horizon peut s'éclaircir d'une soudaine et stupéfiante lumière. De toute façon, ceux que l'on y rencontre, d'où qu'ils viennent, ont l'élégance souveraine de ne prétendre à rien. Sans avoir rien appris, ils savent comme Pierre Reverdy qu il faut l'immensité de la mer dans une goutte d'eau (1) ».

Sans doute, pour les raisons que j'ai dites, n'avons-nous plus beaucoup de temps. Mais encore celui de vivre l'au-delà de nos jours, ici et maintenant. Je n'ai écrit ce livre que pour nous le rappeler, malgré tout.

(1) Pierre Reverdy, Lettre de 1918 à André Breton, citée par Marguerite Bonnet, André Breton. Naissance de l'aventure surréaliste, José Corti, 1975, p. 135.

(Chapitre V – final)

 

Extraits de Ce qui n’a pas de prix, Fayard/Pluriel, 2021,

inclus dans L'Infini dans un contour, Bouquins, 2023 (1312 pages, 35€)

 

 

 

(*)

 

Sans aucune ambition de donner ici une vision même sommaire sur sa biobibliographie, nous souhaitons juste relever quelques témoignages qui nous semblent révélateurs de la personnalité et de la pensée d’Annie Le Brun (1942-2024) :

 

Entretien Annie Le Brun : « Avec l’amour, la société est atteinte dans ses bases », réalisé par Cédric Enjalbert le 15 février 2024 : dans Philosophie magazine, n°177, février 2024.

Au micro de Marie Sorbier, à France culture : Annie Le Brun : « L'image a basculé dans le monde de l'argent, de la production d'images sans imagination », Lundi 7 février 2022 (première diffusion le mardi 27 avril 2021).

Rencontre à l’École des Arts Décoratifs de Paris, le 27 novembre 2014 : L'Atelier de rencontres : « Sade aujourd'hui » par Annie Le Brun.

 

 

Une vie, un poète : Annie Le Brun

Francopolis - Automne 2024

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Créé le 1er mars 2002