Annonces Glanés sur la toile quelques ponts de signes |
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ANNONCES DE PARUTION :
Recueils / Revues / Rattrapages…
Sélection et présentation : Éric Chassefière & Dana Shishmanian
Éditions Encres vives (32 p., 6,60 €) – nouvelle série sous la direction d’Éric Chassefière, avril-juin 2024 (pour commander, contacter l’éditeur à l’adresse encres.vives34@gmail.com):
Collection
principale
Annie Briet, Crépuscule de la joie. Encres Vives n°534, avril 2024
Béatrice Pailler, L'Or-la-Nuit. Encres Vives n°535, mai 2024
Anne Barbusse, Ils ont défécondé l'avenir. Encres Vives n°536, juin 2024
Collection
Encres Blanches
Marion Lafage, Le corps artiste, écrits – danse. Encres Blanches n°811, printemps 2024
Jacques Merceron, Dans l'œil bleu ecchymose du ciel. Encres Blanches n°812, printemps 2024
Iren Mihaylova, Sans fond de lumière. Encres Blanches n°813, printemps 2024
Luc Monnin, Mon ciel bleu. Encres Blanches n°814, printemps 2024
Patrick Tafani, Les années d'allégeance. Encres Blanches n°815, printemps 2024
Dominique Zinenberg, Une année d'arbres et de fleurs. Encres Blanches n°816, printemps 2024
Jacqueline Assaël, De l’âpreté des drailles. Encres Blanches n°817, printemps 2024
Collection
Lieu
Jean-Claude Crespy, À Sète. Lieu n°396, printemps 2024
Jacques Guigou, Petite Camargue. Lieu n°397, printemps 2024
Patrick
Picornot, Entre Javel et Vaugirard. Lieu n°398, printemps 2024
Guillaume de Pracomtal, Asie éparse. Lieu n°399, printemps 2024
(É.C.)
La Grâce. Le Printemps des Poètes 2024. L’Harmattan, juin 2024 (76 p., 11 €)
À l'occasion du 25éme Printemps des Poètes, l'Institut
du monde arabe, en collaboration avec les Editions L'Harmattan, a organisé le 14 mars dernier une rencontre alliant poésie et
musique intitulée « La grâce en poésie et musique ». L'événement, qui s'est
déroulé dans la bibliothèque de l'Institut, a été le théâtre d'une mémorable et
inoubliable rencontre entre les voix poétiques contemporaines de la sphère
arabe et française. La scène a vu se succéder des artistes issus de divers
horizons : France, Liban, Maroc, Palestine et Syrie, parmi lesquels Nicole Barriere, Maria Zaki, Léda Mansour, Jean-François Blavin, Francoise Hachem, Khouloud Zghayar, Delphine Andre et Georges Boukoff. Ces talents ont offert au public un florilège de leurs
créations, portées par une lecture bilingue et magnifiées par l'accompagnement
musical de l’éminent musicien Georges Boukoff.
Le
recueil qui réunit leurs créations est publié dans la collection Le Scribe l'Harmattan, créée par le regretté Osama Khalil,
étant coordonné par Fatima Guémiah et Nicole Barrière, avec un avant-propos de Jack Lang et une préface de Georges Boukoff. Il sera lancé en marge de la 41e édition du Marché de la Poésie, Place Saint-Sulpice à Paris, où tous les poètes conviés
prendront part à une session de lecture et de dédicace à la rencontre du
public, stand 600 des Éditions L’Harmattan.
(D.S.)
Pierre Kobel, Aller
à la parole. Éditions Unicité,
juin 2024 (52 p., 12 €)
Avec ce nouveau recueil, le poète devient
ce lieu où les mots trouvent leur justesse non sans émotions mais avec une
force qui interroge sans cesse. Tout ici semble se fondre en une seule parole
juste, qui paradoxalement se décline en plusieurs thématiques, celles du regard
posé sur les choses, les événements, les souvenirs comme pour nous tenir
ouverts à une présence du ressenti.
Une poétique qui nous enjoint d’accepter
notre part d’humanité avec nos contradictions pour revenir à l’essentiel qui
fait sens. Une poésie de la maturité dont on sent qu’elle n’a plus de compte à
rendre, mais qui nous donne à pressentir de manière organique qu’il n’est
jamais trop tard pour dire le monde.
(D.S.)
Patrick Aveline, On
y revient toujours. Éditions Ex Æquo,
juin 2024 (60 p., 9 €)
« Quels que soient le rêve de
silence, l’égarement aux limbes ou la résolution à ne plus jamais, les mots
reviennent comme une obsession. On ne le comprend pas, mais on y revient
toujours. Ils paressent, on les titille. Ils s’éloignent, on court derrière.
Ils se cachent, on les débusque. (…). Mais ils reviennent toujours au bord de
ma fenêtre. On ne le comprend pas vraiment, mais ils reviennent toujours. C’est
que sans doute le théâtre se trouve là. »
Lire des extraits en
ligne : https://www.calameo.com/read/000084266002300d67a63
Nous avons accueilli
Patrick Aveline à la rubrique Terra
incognita de mai-juin 2023.
(D.S.)
Annie Deveaux Berthelot, Pour un instant volé au temps. Le Lys Bleu éditions, juin 2024 (84 p., 15 €)
Annie Deveaux Berthelot est née au Mans en 1947. Une enfance difficile. Battue, souvent, pendant plusieurs mois, on lui interdisait de se rendre à l’école. Elle fit tout de même des études tout en travaillant. Plus tard, elle consacra sa vie à venir en aide à des gens battus, malades en état de faiblesse. À cette force d’âme sans pareille, tout au long de sa vie, la poésie, la musique et le dessin l’accompagnèrent et contribuèrent à lui rendre la vie supportable. Biologiste à la retraite, elle se consacre à la peinture et au dessin, ses premières amours. Durant son parcours, elle fait la connaissance du poète philosophe Robert Notenboom. De ceci est née une profonde amitié fondée sur une même conception d’un art pur et minimaliste. Elle donna alors une tout autre orientation à sa vie.
(D.S.)
Cécile Guivarch, Si elles s’envolent. Éditions Au Salvart, juin 2024 (74 p.12 €)
L'autrice
évoque « la vie des femmes », mêlant les prénoms de grandes figures
féminines que l’on reconnaîtra Marina, Camille, Marilyne… à ceux
de femmes de sa famille Carmen, Maria, Henriette… Elle les
réunit en un lieu où l’existence féminine est rythmée par des tâches et des
usages éprouvés depuis des générations. Avec une liberté d’écriture qui assume
une entière féminité, elle est soutenue par les paroles poétiques de Marina Tsvetaeva et Denise Desautels
dans ce livre empli d’empathie et de sororité.
(D.S.)
Jean-Pierre Siméon, Avenirs. Suivi de Le peintre au coquelicot, Gallimard (Collection Blanche), mai 2024 (176 p., 18 €)
« Avenirs, donc. Un passage au pluriel pour dire une
mutation radicale : depuis que l’homme pense, il a pensé, vécu, rêvé, agi
face à l’Avenir, la perpétuelle continuation d’une ligne droite. Une marche
dans l’éternité. Il n’y a plus d’éternité. Nous avons compris que la terre,
l’humanité qui l’habite et le monde qu’elle a créé ont le destin de chacun
d’entre nous : ils sont voués à la disparition. Mais chacun peut ou non hâter
sa disparition. Autrement dit, il y a toujours devant nous au moins deux
avenirs : le renoncement ou le courage de l’impossible. Cette sorte de
courage dont la poésie est l’essai et l’éloge. »
(D.S.)
Colette Nys-Mazure, Sans crier gare. Illustrations Élise Kasztelan. Éditions
Invenit, mai 2024 (70 p., 13 €)
Prix Léon Paul Fargue (Lancé en 2021 par
la Mairie du 15e arrondissement de Paris et l'association Poésie et Chanson
Sorbonne).
Colette Nys-Mazure volontiers se dit « traineuse
» : le néologisme suggère que les déplacements en train ne lui sont pas
seulement une pratique ou un usage ; il s’agit d’une activité de prédilection,
puissamment identitaire. Ce recueil de poèmes décline les multiples aspects de
l’expérience ferroviaire. Être voyageur « immobile dans le mouvement » permet
observations et perceptions multiples. Colette Nys-Mazure, lors de ces trajets
en TER entre la Belgique et les Hauts-de-France, chante sa passion des gares et
des usagers. Défilé de paysages et de visages, spectacle permanent. Des êtres
et des mondes divers se côtoient, depuis les adolescents frondeurs jusqu’aux
demandeurs d’asile : rien moins que l’humanité en mouvement.
Voir notre brève note de lecture à la rubrique Lectures - chroniques.
(D.S.)
Jalel
El Gharbi, À
l’heure du limoncello, suivi des Dialogues du Maître soufi. Asmodée Edern
éditions, mai 2024 (144 p., 19 € / 6,99 € livre numérique)
Jalel El Gharbi est un poète à la fois savant et sensible, qui a compris que le rôle de l’aède n’est plus de décrire seulement les figures de la réalité mais d’en toucher la vérité profonde à travers une subtile transfiguration, atteignant ainsi à l’essence même du réel. Philologue de langue arabe et grand connaisseur des deux cultures des rives de la Méditerranée, El Gharbi nous propose dans cet ensemble poétique en langue française une somme poétique originale en deux mouvements complémentaires : À l’heure du limoncello, ensemble élégiaque axé sur l’amour profane suivi des Dialogues du Maître soufi, méditation philosophique sur la mystique de l’amour et sur l’amour mystique.
Jalel El Gharbi vit et travaille à Tunis. Professeur à l’université de La Manouba, poète, traducteur et essayiste, il a publié, entre autres, Le Cours Baudelaire (Maisonneuve & Larose), texte très remarqué qui nous propose une nouvelle lecture des Fleurs du mal, et un roman : En Quête d’une ombre (Aden).
(D.S.)
Clara Ysé, Vivante. Poésie Seghers, mai 2024
Née en 1992, Clara Ysé est autrice-compositrice-interprète et
écrivaine. Après un roman remarqué, Mise à feu (Grasset,
2021, Le Livre de poche, 2023), lauréat du Prix littéraire de la vocation 2021,
elle publie aujourd’hui un premier ouvrage de poésie.
Son univers intense, sauvage et
flamboyant se déploie pleinement dans ce recueil. Ceux qui connaissent ses
chansons y retrouveront la force, la singularité de sa voix et découvriront la
part sans doute la plus intime de sa création.
Redonner
leur pouvoir aux mots, accueillir le silence, les contradictions, l’inconnu,
l’ouvert. Pour Clara Ysé, la poésie est du côté de la
musique, une alliance pour traverser la nuit.
(D.S.)
Dana Shishmanian, Ragnarök. L’Harmattan (Accent tonique), mai 2024 (96 p., 13 € / 9,99 livre numérique)
Ce recueil reflète une multi-dimensionnalité qui est celle de
la nature même de l’acte poétique : expression d’un ego en errance, en
prise directe avec le monde qui l’entoure, en proie à des appels qui le
dépassent, le remodèlent et le transforment. L’écriture est une expérience de
vie qui se nourrit de toutes vos expériences car la poésie est omnivore. Le
poète devient alors un apprenti chaman aspirant à la maîtrise des éléments et
du vol par-dessus les nuages. Ce qu’il en fait ensuite dépend de sa foi…
Voir la note de lecture de Patrice Perron dans ce même
numéro, à la rubrique Lectures
- chroniques.
(D.S.)
Jonathan Locke Hart, Poèmes
de Paris. L’Harmattan, mai 2024
(88 p., 12€)
Poèmes de Paris, principalement un recueil de sonnets, explore le
paysage intérieur de la voix de celui qui parle et la topographie physique,
spirituelle et intellectuelle de Paris, son passé et son présent, sa douleur et
sa joie. Jonathan Locke Hart fait de Paris un personnage et explore les
possibilités du sonnet.
Jonathan Locke Hart est un universitaire et écrivain et poète
canadien. Sa poésie largement traduite est une poésie de la mémoire, de la
fragilité, du temps et de l’histoire, et des liens culturels. Ses liens à
l’Europe et à la France sont familiaux, linguistiques et intellectuels et
marquent son œuvre. Professeur invité à la Sorbonne, il vit une partie de
l’année à Paris.
(D.S.)
Catherine Andrieu, Des nouvelles de Léda ? Éditions Rafael de Surtis, avril 2024 (274 p., 25 €)
Une belle anthologie poétique contenant aussi des entretiens, et des inédits, dont un recueil autour de l'œuvre du peintre Anora Borra. Ce volume regroupe Parce que j'ai peint mes vitres en noir, Piano sur l'eau, Refuge, Journal de l'oubli, Amours et jeux d'ombre, Le cliquetis des mâts, Les Vies Antérieures et Intérieures de Catherine Andrieu, enfin, Le Portrait Fantasmatique d'Anora Borra et Des Jours et des Lunes (inédits).
« Comme Artaud, Catherine Andrieu est à sa manière une suicidée (encore en vie) de la société dont elle fait partager le sort des victimes. Elle est à ce titre la différente (pour emprunter le néologisme de Derrida). Elle tient debout dans ses textes comme si c'était un miracle de l'amour même lorsqu'il chute et ce pour dire l'absence et le manque. L'accomplissement toutefois n'est pas oublié. Il est plus, même plus qu'une thématique : il devient la poésie et sa présence. Bref son essence.
Cc qui est masqué dans les abîmes de l'être l'auteure le révèle en nous faisant participer à sa quête. Sur le blanc de chaque page nous retrouvons l'épreuve de l'épaisseur humaine nourrie de bien des mythes (et des chats) qui participent à une telle éclosion contre les occlusions de l'âme et les ratés du corps…» (extrait de la préface de Jean-Paul Gavart-Perret).
Voir aussi le blog de l’auteure : https://www.catherineandrieu.fr/
(D.S.)
Sheela Eichenberger, J’écris entre les mains du vent. Éditions des Offray, avril 2024 (118 p., 25 €)
Ce livre est la réalisation d’un projet qui remonte à de
nombreuses années, unissant les deux écritures de Sheela Eichenberger,
qui écrit depuis longtemps, et de son défunt mari Jean-Pierre Eichenberger (1926-2000), artiste genevois, graveur,
peintre, sculpteur et fresquiste. Ils ont toujours rêvé de réaliser un livre où
se mêleraient tableaux de l’un et écrits de l’autre. Quarante-huit textes de
Sheela Eichenberger qui explorent l’intime, le
dedans/dehors, le Tout, richement illustrés par des détails de tableaux de
Jean-Pierre Eichenberger.
« … Dans le tempo d'une vie traversée d'épreuves, enrichie d'expériences artistiques partagées, la poésie de Sheela Eichenberger rend compte d'une totalité où le lecteur pourra entrer, conscient de s'y reconnaître en humanité. Il avancera dans le plain-chant des mots dont les "enluminures" de Jean-Pierre Eichenberger soutiennent l'harmonie. » (Extrait de la préface de Mireille Diaz-Florian)
(D.S.)
Pierre Gondran
dit Remoux, Quelques bois. PhB
éditions, avril 2024 (108 p., 10 €)
Quelques bois serait une coupe mémorielle
et sensible à travers le paysage, consignant diverses expériences de l’espace
boisé, de la pinède côtière bretonne à la forêt boréale en passant par le
bas-maquis de l’Ardèche méridionale. S’impose alors un constat : l’idée d’un
arrière-monde à atteindre où l’homme vivrait en sympathie avec la forêt est une
illusion.
(D.S.)
Du corps du poète au corps poétique. Anthologie de Marilyne Bertoncini. Les Cahiers de Poètes & Co, avril 2024 (14 €)
Réalisée par Marilyne Bertoncini suite à un appel à textes, d’abord sous forme électronique (sur le site jeudidesmots / embarquement-poétique), cette anthologie a été lancée au Printemps des poètes et au Salon du livre de Nice. Elle tourne autour des questions sur le corps : « Quand j’écris, quand je crée, où est mon corps ? Une infinité de questions et de positionnements s’offre à l’esprit, et les artistes ici réunis tentent d’ébaucher cette anatomie-fusion des corps créateurs et créés. »
(D.S.)
Génération Manifeste ! Anthologie de neuf espoirs de la poésie française. Éditions Manifeste, mars 2024 (138 p., 13 €)
« La parole que libèrent ces
nouveaux poètes, vous le verrez, plus qu’un souffle, est une parole engagée
dotée d’un pouvoir de déflagration inédit capable de ruiner et d’adouber le
réel et son double dans le même mouvement. Nous y découvrons çà et là la force
d’un langage ciselé, musclé, ironique, satirique, parfois désenchanté mais
toujours beau et consolant. Tantôt nous sommes saisis par des poèmes qui
mordent la poussière et le sang, tantôt nous voici happés par des textes fous
et érotiques quand la quête des plaisirs se met aussi à nu pour dire
« l’autre monde », ce qui donne à cette anthologie une variété de ton
et donc une saveur tout à fait remarquable. » Extrait de la préface de Fabien Mellado.
Cette anthologie regroupe des poèmes de :
Grégory Rateau, Antoine Geniaut,
Victoria Gerontasiou, Mathilde Groselle,
Paul Roussy, Mila Tisserant, Carine Valette, Aurélie Muller et Meriem Selmani.
(D.S.)
Pierre Vinclair, Complaintes
& Co. Le Castor Astral (Poche / Poésie), mars 2024 (138 p.,
9,90 €)
« Véritable fresque sociale, Complaintes & Co. dresse
un portrait tendre et amusé de notre société. Il décrit au plus près les
travailleurs (serrurier, journaliste, médecin) et les archétypes sociaux (la
sœur, le quadragénaire, le survivaliste) qui forment le quotidien de nos
existences. Faisant entendre la singularité de chaque voix, les poèmes de Pierre Vinclair semblent
autant de saynètes jouées par des personnages shakespeariens. Et si, comme le
prétendait le dramaturge, le monde entier n’était qu’une scène de théâtre
? » (Extrait de la Préface de Laurent Albarracin).
Le sous-titre du recueil en dit tout ou presque :
« Le monde est ce qu’il est, un gros orteil au bout du pied d’un dieu
absent ».
Pierre Vinclair est né à Aurillac en 1982. À partir de
son livre Barbares, il s’est engagé dans l’écriture d’un cycle
polymorphe ayant pour objet l’épopée et ses enjeux – poétiques et
politiques – contemporains. Co-animateur de la revue Catastrophes,
il est notamment l’auteur des Gestes impossibles, prix Heredia,
du Cours des choses (Flammarion), ainsi que de Sans
adresse (Lurlure) et La
Sauvagerie (Corti).
(D.S.)
Pascal
Perron, Défi. Avec des photos de Sophie Desvéronnières. Les Éditions Sauvages (collection Askell), mars 2024 (90 p., 14 €)
« Ce recueil est dans la continuité
de Malgré le vacarme du monde. Il est temps pour les humains de réagir,
si nous voulons continuer à vivre sur Terre. » (L’auteur)
Le
défi est là, devant nos yeux parfois atteints de cécité. Il se peut que ce soit
notre cerveau qui bloque notre inconscient et notre conscience.
Le
défi est là, aujourd’hui, maintenant, tout de suite. Il est clairement posé à
la gente humaine, désormais sur le qui-vive.
Les
preuves du risque de disparaître nous touchent déjà au corps, dans notre vécu
quotidien, inondent nos écrans et dominent l’actualité.
Il
est temps de nous mettre en marche et de retrousser nos manches :
l’urgence a sonné.
Voir notre brève note de lecture à la rubrique Lectures - chroniques.
(D.S.)
Guénane, Sourcellerie. Éditions Rougerie, mars 2024 (64 p., 12 €)
Je bois à ma source
elle rit
sourcellerie
source sorcière de ma
mélancolie.
Imiter le fleuve
avancer sans attendre de réponse.
Voir sur
son blog : http://www.guenane.fr/
Voir aussi notre brève note de lecture à la rubrique Lectures - chroniques.
(D.S.)
Albertine Benedetto – Eva-Maria Berg, Mémoires du Rhin / Der Rhein – Erinnerungen. Éditions PVST (Pourquoi viens-tu si tard ?), mars 2024 (108 p., 12 €)
Traductions: E.-M. Berg, Relecture: A.
Benedetto. Préface: Gilles Desnots.
Avec des encres de Josette Digonnet photographiées par Marianne Digonnet-Mir.
« Et s'il fallait tourner la page pour retrouver le Rhin en toutes ses mémoires, les approcher sans craindre de figer les mots dans un regard de croisiériste ? Déplacer le regard, marcher un peu au-delà du pont de Kehl, ou prendre le tramway D à la station Strasbourg Port du Rhin et traverser jusqu'au terminus de Kehl Rathaus, une impression de bonheur apaisant, résidant dans l'abolition de tout enjeu de frontière, dans la fluidité et la liberté d'aller et venir à la rencontre de l'autre. » (Extrait de la préface de Gilles Desnots).
(D.S.)
France Burghelle Rey, Les promesses du chant. Éditions La rumeur libre, mars 2024.
Dans ses éclats et sa légèreté, ce
livre offre un chant de renaissance.
Cinq sections composent le livre :
Les promesses du chant (qui donnent le titre au recueil) / Vertiges du désir /
Que la joie revienne ! / L’adelphe / Soleil tu brilleras toujours /. (…)
Alors, face à la perte et au manque, face au gris et à la blancheur de l’âge, face au noir de la mort, commence le chemin du poème et sa clarté levante : « seul compte / le chemin / je veux bien être / ce pèlerin / qui marche / vers la lumière ».
Voir la recension de Dominique Zinenberg dans ce même numéro, à la rubrique Lectures – chroniques.
(D.S.)
Anne Bouchara, Paris. Interventions à Haute Voix, 1er trimestre
2024 (80 p., 10 €)
Lorsque je descends la rue Daviel
À vélo
Les cheveux dans le vent
En bas,
Il pourrait y avoir la mer
(É.C.)
Christophe
Pineau-Thierry, Sentier débutant. PhB éditions, mars 2024 (48
p., 10 €)
nous voici parvenus au refuge
des mémoires perdues de l'âme
et personne n'en saurait
sortir
sans abriter sa part d'ombre
les rayons de nos cœurs
vacillent
de
ce souffle étreint par la nuit
(É.C.)
Igor Quézel-Perron, Il fut un temps. Polder 202, 2024 (56 p., 7 €)
Igor
Quézel-Perron nous invite à percevoir au-delà des
images, c'est-à-dire à lire véritablement, au sens de relier les éléments entre
eux pour en tirer du sens. Son écriture foisonnante et rigoureuse à la fois,
très structurée, traduit la logique profonde des rêves et des contes sans en
rien trahir.
(É.C.)
Marianne
Duriez, Sur mon chemin, le fleuve. Polder 201, 2024 (60 p., 7 €)
Dans
un flux ondulant de poésie narrative, Marianne Duriez, depuis l'Afrique, «
[encre] le voyage dans les ports du monde entier / Aux couleurs des containers
Evergreen. / Valparaiso, Tanger, Cartagena, Cape Town ». On vibre avec elle en
parcourant les rues animées, on rage devant l'exploitation d'un continent, on
s'émerveille des nuances qui envahissent le regard, et puis on redemande de ces
vers qui savent susciter la réflexion sous des dehors nostalgiques aussi
profonds que le fleuve Congo qu'ils explorent.
(É.C.)
Annie Wallois, Ombres et ailes battantes. Alcyone, 1er trimestre 2024 (59 p., 17 €)
Dans
le pêle-mêle du quotidien, affleurent parfois des scènes d'enfance, telles des
pierres de soleil, qui recomposent, avec le présent furtif, la mosaïque sans
cesse renaissante des jours. Les mots du poème voudraient s'emparer de ce flux,
en ressaisir des instants, la respiration, les brefs éclats de lumière. Un défi
salutaire, simplement celui de notre attention à la voix murmurante en soi, et
à son interférence avec celles du monde et le bruit des temps actuels.
On
se croise sur la voie verte
Le
temps d'un sourire
On
se ressemble
On
est pareils
Dans
les yeux blancs
Des
aubépines
Si
on ajoute la pluie
On
se croit presque
Logés
À
commune enseigne
C'est
déjà ça
Quand
Dieu est seul
(É.C.)
Jean-Jacques
Brouard, Ressacs de la mer obscure. Alcyone, 1er trimestre 2024 (59 p., 17 €)
La
poésie est extase au bord d'une mer originelle qui se perd dans les grands
horizons où l'œil s'enivre d'infini. [... ] Elle ouvre
les portes d'un au-delà de l'apparence, d'un plus profond que la surface …
[...] Aussi la poésie est-elle toujours une illumination. Il faut à l'homme des
mots pour voir. Sans eux, il est aveugle. L'alchimie des mots le rend voyant.
La poésie est le moment cosmique de la mémoire fécondée par la foudre. La
poésie est le philtre de la métamorphose et du dépassement sous l'égide d'Orphée
et de Dionysos ...
Le temps s'appesantit. Rien ne passe. Tout
stagne. Il est grand temps.
Je m'extirpe de mon cocon intérieur trop
exigu. Et je file vers un ailleurs tout proche.
C'est un littoral intouché fait de parois
barbares, de falaises fourbes et de criques secrètes ... Je le parcours, je
l'arpente, je l'estime. Je me libère des barbes urticantes d'un jour bien
routinier.
Dans ce lieu de paix brute, l'éternité est à
portée de tête, l'immensité à portée de cœur. Loin de piétiner, je marche, et
j'avance. Chaque pied que je pose sur la terre est un acte réfléchi.
Je sais exactement où me mènent mes pas : aux
noces avec la mer.
(É.C.)
Bruno
Geneste, Le vent selon Bob Dylan. La rumeur libre, 2024 (121 p., 15 €)
Il
vient, il avance ... Bob, Bob Dylan. Qu'est la rédaction d'une préface sinon un
moment de temps suspendu où le raisonnable de la page blanche s'en vient
frapper à la porte de l'inattendu. Devant la table de travail, l'ordinateur
allumé jette une ombre claire dans la boîte noire du cortex, un esprit
arachnéen souffle à l'oreille du plumitif : Bob, Bob Dylan, duo
de mots répétés en mantra, rituel sacré. En ce presque quart de siècle où la
misère, l'égoïsme et le crime banalisé sont de retour, une respiration
salutaire décuple l'écriture, Bob, Bob Dylan. Encore, Bob,
Bob Dylan.
(É.C.)
Paul
Sanda, Grands Emblèmes du Merveilleux pour Ernest de
Gengenbach. La
rumeur libre, mars 2024 (301 p., 28 €)
Pour célébrer le centenaire du Manifeste du Surréalisme,
et les vingt ans de La Maison des surréalistes de Cordes-sur-Ciel (Tarn), j'ai
décidé d'écrire vingt-quatre lettres-emblèmes à Ernest de Gengenbach (1903 -
1979), membre du groupe historique, en prenant comme base des réflexions et des
pensées tirées de ses ouvrages. Il s'est avéré que ces dialogues se sont
articulés très justement avec mon propre parcours, et en écho aux échanges
nombreux et importants qui ont eu lieu au cours des vingt dernières années en
notre Maison de Cordes. Les nombreux ouvrages, épistoles, œuvres plastiques et
autres performances musicales et poétiques qui en ont émergé le montrent. Il
s'est agi donc, dans l'esprit initié comme on le verra par Sarane
Alexandrian et Alain-Pierre Pillet en 2003, démontrer
l'importance des hasards objectifs dans les œuvres de prolongement surréaliste,
et les tentatives répétées de chaque acteur de concilier le merveilleux
surréaliste et la splendeur spiritualiste en un seul mouvement cessant d'être
perçu contradictoirement. Et c'est ainsi qu'on retrouvera sur cette voie les
figures fraternelles qui ont pu s'inscrire au cours de cette aventure unique,
comme l'a si bien dit l'ami Patrick Lepetit, dans les « parcours
souterrains » du surréalism...
(É.C.)
Grégory Rateau, De mon sous-sol. Éditons Tarmac,
janvier 2024 (52 p., 10 €)
Grégory Rateau a
écrit son De mon sous-sol en une semaine. On retrouve les élans lyriques
qui lui sont chers, avec parfois des envolées dignes de Léo Ferré. Le poète de
La mémoire et la mer détestait lui aussi le « jazz d’ascenseur ».
Mais davantage que dans ses recueils précédents, on repère dans ce long dépli des instants de parole au premier degré, tantôt
suffoquées et tantôt criées : « mais je peux me tromper… je l’ai bien
senti… il fallait s’y attendre… je n’en peux plus de composer… très peu pour
moi… ». Et c’est là, dans ce qui échappe au flux linéaire de l’écrit pour
être dit sans artifice, que l’auteur nous confesse ses faiblesses et ses
forces. Comme l’anonyme de Dostoïevski qui voulait être quelqu’un. Mais
comment, comment, comment, sans rien trahir ? (Dominique Boudou)
Jennifer Grousselas, Il nous fallait un
chant, éditions Le Manteau & la Lyre / Obsidiane,
février 2024 (80 p., 13€)
Prix international de poésie francophone Yvan Goll 2024.
Il
nous fallait un chant
est un manifeste inspiré. La musique noire et lumineuse du poème y exécute un
pas de deux d’une danse somptueuse, qui creuse l’écart pour créer l’unité,
hésitant pour mieux affirmer et affirmant pour mieux hésiter. Le son, le pas,
le sens sont emmêlés jusqu’au vertige. (…)
C’est un chant d’une ampleur considérable. Il s’affirme par un rythme souple, moiré, hypnotique pour dire la beauté du monde, celle de l’amour et ses exigences, et celle de la vie, offrande imméritée. Ce recueil de poèmes est un « essaim de mercis ».
Jennifer Grousselas, née en 1986, vit et travaille à Paris : agrégée de lettres modernes, elle enseigne en lycée dans le Val-de-Marne. Elle est poète, peintre et dramaturge. Elle a publié deux pièces de théâtre (Égée ou le saut du roi, ETGSO, 2014 et Cuir ou violon, Unicité, 2023). Poète, elle publie régulièrement en anthologies et dans de nombreuses revues littéraires. Elle est l’auteure d’un premier recueil, De souffles et d’éveils (éditions unicité, 2021). Jennifer Grousselas est membre de l’association Le Merle moqueur et membre fondateur des éditions Manifeste. (Extraits de la présentation et la bio sur le site de l’éditeur).
(D.S.)
Charles
Akopian, L'intime
au tamis. L'Harmattan, Novembre 2023 (101 p., 13 €)
Deux parties - « Des Encres vives» et « Au cœur de la rimaye » - composent « L'intime au tamis ». Un florilège choisi parmi les 5 recueils publiés aux éditions « Encres vives » suivi d'un ensemble inédit faisant référence à « la crevasse qui sépare un glacier de son névé» - la rimaye - pour exprimer combien l'écriture peut être ce qui dans une vie sépare le quotidien du temps de vivre avec les autres. Le tutoiement du « Coût des autres» qui termine le recueil pourrait être la conscience de cette faille. L'intime passé au tamis en quelque sorte.
Tu
reviens de cette terre
Où tu
n'es jamais allé
Pour
rejoindre la jeunesse
De
ceux qui t'ont précédé
À
chacun son tour de chauffe
Pour
apprivoiser les calques
Dont
les images préfigurent
Un
avenir qui réconcilie
(É.C.)
Concerto
pour marées et silence, revue. Poésie, n° 17 (juin 2024)
La revue annuelle de Colette Klein – poète et peintre, nouvelliste, comédienne – nous propose cette année une moisson encore plus riche, en hommage à Pierre Esperbé dont la revue honore le centenaire de sa naissance. La revue réunit les poètes (dans l’ordre alphabétique du sommaire) : Claude ALBARÈDE, Béatrice ALBERTAT, Max ALHAU, Anne BARBUSSE, Anne BAROUSSE, David BARRANCO, Eva Maria BERG, Jean-Louis BERNARD, Patrice BLANC, Anne-Lise BLANCHARD, Jacques BONNEFON, Jean-Pierre BOULIC, Claudine BRAL, Léon BRALDA, Xavier BUFFET, Valérie CANAT de CHIZY, Geneviève CATTA, Édith CHAFER, Gérard CLÉRY, Jean-Claude-Albert COIFFARD, Marie-Lise CORNEILLE, Danièle CORRE, Françoise COULMIN, Michel DIAZ, Kenzy DIB, Michel DUNAND, Pierre ESPERBÉ, Laurent FAUGERAS, Bernard FOURNIER, Nicole HARDOUIN, Elia JALONDE, Hughes LABRUSSE, Michel LAMART, Philippe LEUCKX, Teo LIBARDO, Rémi MADAR, Alain MARC, Hervé MARTIN, Béatrice PAILLER, Michel PASSELERGUE, Catherine PONT-HUMBERT, Georges ROSE, Marie-Claude SAN JUAN, Sylvie Léa SCOTT, Eugenia SEGURA, Ara Alexandre SHISHMANIAN, Martin ZEUGMA.
Des chroniques et notes de lecture sont consacrées aux auteurs suivants : Jean-Louis BERNARD, Claudine BOHI, Jean-Pierre BOULIC, Léon BRALDA, Patricia COTTRON-DAUBIGNÉ, Maurice COUQUIAUD, Pierre DHAINAUT, Michel DIAZ, Alain DUAULT, Marion LAFAGE, Jean LAVOUÉ, Ève LERNER, Isabelle LÉVESQUE, Frédéric TISON, Katty VERNY-DUGELAY, Colette WITTORSKI.
Sur le sens de l’écriture et de l’œuvre de publication de
poètes, en particulier dans le monde de nos jours, en proie à des dangers
mortels pour l’humanité d’aujourd’hui et de demain, il nous faut citer, de la
préface de Colette Klein, ce credo puissant, en préambule du « concert » : « Je
passe ma vie à lutter contre l’idée qu’en écrivant on jette des pierres dans
des puits sans fond. Et, pourtant, il m’est impensable de ne pas relever le
défi de chercher à remonter au jour ces pierres qui risqueraient de rester hors
de portée. »
Sur Colette Klein voir dans Francopolis ses contributions –
poèmes et peintures – à la rubrique Créaphonie, et les notes de lecture à ses recueils, à la rubrique Lectures-chroniques.
Rappelons
que cette revue annuelle, créée en 2008, porte comme nom le titre d’un livre
de Pierre Esperbé (La librairie Chambelland,
1974). Colette Klein la présentait ainsi dans sa préface du N°1 : « J’ai
adopté le titre d’un livre de Pierre ESPERBÉ pour célébrer la poésie. Une revue
de plus ? Une revue de trop ? Mais la poésie n’est pas si
assourdissante que cela en ce monde, puisqu’elle ne parvient pas encore à faire
entendre les cris d’une humanité en péril ou à les transformer en chants
d’allégresse. (…) Le poème, et les autres arts, servent tout autant
l’apprentissage du savoir que les sciences : même approche hésitante,
fervente ou effrayée, même tension de l’esprit vers le passé, vers l’avenir,
vers les cellules, vers le cosmos. Les portes et les fenêtres ne doivent pas
restées fermées : puissé-je, par ce Concerto, vous inviter à écouter
derrière « le silence du monde ».
Poésie/première
n° 88 (juin
2024)
Le thème de ce numéro, fil-rouge des essais, entretiens, et créations qui le composent, comme le montre avec adresse dans son éditorial la rédactrice en chef de la revue, Martine Morillon-Carreau, est : Le dehors et le dedans. Sujet profond qui engage la nature même de l’acte créateur et en particulier de l’écriture poétique. Elle assume une mission existentielle vitale pour l’homme, d’après ce que conclut Gérard Mottet dans on essai philosophico-esthétique : « … la poésie pourrait bien apparaître comme tentation et tentative de revenir vers cet en-deçà fusionnel où monde sensible et sensibilité du moi se redécouvrent, au bout du chemin, comme les deux faces, visible et invisible – surface et profondeur – d’une même réalité ». Passionnant aussi son dialogue avec Jacqueline Saint-Jean, assorti de quelques poèmes de celle-ci. Pour sa part, Dominique Zinenberg nous fait croire, en partant d’une analyse sémantico-stylistique, en le détachement ultime qu’expérimente le poète : « cet exilé qui, par l’écriture, dans cet autre lâcher-prise où transe dans lesquels il est plongé, reconquiert l’expérience vécue par la force de son art détaché du dehors, détaché du dedans » – en prenant exemple sur Hölderlin qu’elle cite à la fin. Les dossiers dédiés par des poètes à des poètes sont révélateurs d’une sorte d’esthétisme vécu en destin… ainsi : Jaqueline Persini (sur Georges Pérec), Bernard Fournier (sur Nohad Salameh), Pascal Mora (sur les poètes du « romantisme noir » réunis dans l’anthologie de Jean Cadas, alias Pierre Gourdé, ainsi que sur Jean-Luc Maxence, par le biais d’un entretien), Michèle Duclos (sur Ruth Fainlight), Rémi Madar (sur Frédéric Tison).
Parmi les auteurs regroupés dans les deux sections « poésie » du numéro – Moments poétiques, et Poésie plurielle – remarquons : Béatrie Pailler, Ara Alexandre Shishmanian, Isabelle Normand, Martine Rouhart, Luc Marsal, Nastasia Rougani, Emmanuel Robic, Bernard Colas. Mention spéciale : le choix de poèmes de Frédéric Tison, par Claire Boitel, et la nouvelle version (restaurée) du poème La guerre d’Alain Duault.
De nombreuses notes de lecture complètent efficacement ce numéro remarquable.
Les Amis de Thalie, n° 120 (juin 2024)
Ce nouveau numéro de la belle revue dirigée par Nathalie Lescop-Boewillwald, toujours imprimé en grand format dans
d’excellentes conditions graphiques – avec en couverture un collage de Nathalie – se situe sous le signe de son
éditorial qui rappelle, sous sa plume lucide et inspirée, combien le monde dans
lequel nous vivons, aussi dangereux et délétère qu’il soit, est hélas notre
produit en tant qu’humains : « Nous avons participé tout au long
des siècles à l’avènement d’une ère égotique, profondément individualiste, om
seuls l’argent et le pouvoir règnent en maître ! (…) Vivre ce n’est
pas asservir, régner, détruire mais bien être présence au monde à l’autre à
soi… »
Il nous faut
retrouver notre humanité vraie, car il y a urgence, comme le dit si bien
Christian Boewillwald dans son texte intitulé Si nous savions l’âme des choses :
« Alors pour quetter une dernière fois les odeurs des miels, les parfums
des écumes dans le souffle de l’été, il nous reste à écrire dans la nuit aux
étoiles qui s’éteignent et au vent qui se meurt, car demain tous les ciels
rougiront sans soleil, et nous n’aurons plus comme rêve que celui d’être loin,
sommeillant dans les pages des livres… » (p. 29).
C’est en cela que
s’affirme la vocation unique de la poésie, et les auteurs présents dans ce
numéro l’illustrent bien, par leurs poèmes : Serge Césarus,
Michel Santune, Bernard Guillois,
Bernard Bösiger, Roger Foucaud, Pascal Lecordier, Michel Bénard, Aude Gorce, Robert Parron, Jean-Loup Seban, Agnès
Figueras-Lenattier, Moïse Coussement,
Jean-Paul Pelle, Matthieu Gamel, Marie-Louise Putin, Ara Alexandre Shishmanian, Philippe Veyrounes, Michel Lagrange, Michèle Bourguétou,
Robet Buffat, Philippe Pauthonier, Katell Cornelio, Sandrine Autant, Salvatore Gucciardo, Liliane Codent, Marie-Claude Puyobro,
Jeanne Champel Grenier.
Dossiers –
entretiens – chronqiues : Pierre Guérande sur
Patrice de la Tour du Pin, Pierre Mironer sur Marie
Laurencin, Jeanne Champel Grenier sur Gérard Paris et
sur Pierre Guérande, Barbara Auzou sur Jeanne Champel Grenier, Nathalie Lescop-Boewillwald sur Pol Longrée,
l’entretien d’Amandine Gouttefarde-Rousseau avec Damaris Memory – avec aussi quelques-uns de ses poèmes –,
et enfin, l’hommage de Michel Bénard au
sculpteur poète Étienne Fatras.
Nouveaux
délits, n° 78 (avril 2024)
L’édito de Cathy Garcia Canalès dit tout de ce que le poète
ressent en ces temps troubles :
« Cet édito ne m’est
pas aisé car j’ai perdu les mots. Cela arrive et ce n’est pas grave même si la cause
en est un excès de maux qui dépasse la capacité — même pour une poète bien
noire comme je peux l’être — d’assimilation et de transmutation, et ce n’est
pas la démence épuisante des décideurs du monde qui va me faire retrouver l’art
des mots pirouettes.
J’ai perdu les mots mais les
silences font des trous dans le temps, plongent au plus profond de sources
insoupçonnées et ramènent dans leurs filets tendus à vif, une poignée de
sable : l’essence de soi et des vibrations qui tournent autour des anciens
mots, forment un tourbillon et les décapent jusqu’à l’os. Le reste est à
brûler, brûler pour renaître, libre des mots radotés, des mots enkystés, des
mots qui nous entravent, nous enferment dans les cachots de nos
histoires.
Et après le labeur des
silences, viendront les mots nouveaux, les mots graines. »
Les poètes de ce
numéro : Jean-Jacques Camy, A. Celnetz, Alain
Lasverne, Yve Bressande, Ahmed Elalfy,
Marine Giangregorio, Estelle Cantala.
L’illustratrice : Alissa
Thor, dont on lit une poignante profession de foi :
« Je peins pour que
vous vous arrêtiez, pour aller vers vous, pour faire face. Je peins pour que
les mots viennent, et la douceur, et la violence, et les corps tout ensemble.
Je peins pour que quelque chose se passe. Quelque chose entre nous, d’intime et
de sauvage. » Son site : https://alissathor.wixsite.com/alissathor.
(D.S.)
Sélection et
présentation : Dana Shishmanian
Parutions des Éditions Encres vives
(dans la succession de Michel Cosem), de novembre
2023 à mars 2024 :
Spécial Michel Cosem. Une vie
consacrée à la poésie (collection Encres vives n° 529, novembre 2023)
Sous la supervision de Annie Bret, avec les contributions
de : Annie Briet, Éric Chassefière,
Jean-Louis Clarac, Chantal Danjou,
Gilles Lades, Claire Légat, Cédric Le Penven,
Jacqueline Saint-Jean, Christian Saint-Paul.
Ce premier numéro de la nouvelle série, conçu par l’ancien et
le nouveau comité de rédaction réunis auprès d’Éric Chassefière,
est composé de textes et témoignages de poètes du comité de rédaction ancien et
nouveau.
Michel Cosem, L’heure de la tourterelle.
Préface de Annie Bret (collection Encres vives n° 530, décembre 2023)
Ce numéro – le deuxième de la nouvelle série – présente les
derniers poèmes de Michel Cosem. Retrouvés par sa
compagne Annie Bret, ils trouvent leur juste place dans la collection Encres
vives. Ce numéro contient aussi une bibliographie exhaustive de l’œuvre
poétique de Michel Cosem.
Véronique Joyaux, Si loin si proche (collection
Encres vives n° 531, janvier 2024)
« Une sensibilité à fleur de mots. J'aime cette
ouverture au monde, au désir de vivre (…) Votre écriture me touche par sa
sobriété, y viennent se prendre les gestes, les paroles de ce quotidien qui est
bien plus que le décor de nos vies. Il y a chez vous un sens de l'infime et du
devenir » - Jacques Ancet.
« Votre poésie est simple comme l'eau. J'aime votre
sensibilité au détail, au tout-venant de vivre. » - Antoine Émaz.
« Chez elle, tout est signe, tout est tendresse,
douceur, chaleur, corps blottis, mais elle sait préserver, sous la peau vive,
le secret, faire silence » - Jacqueline Brégeault-Tariel.
« Une écriture proche de jean Rousselot (...) Tout se
déroule dans la douceur, dans l'éphémère, dans l'infime, mais, parfois, une
fêlure. » - Daniel Martinez.
« Le poème se déroule, dépouillé et d'une grande
rigueur. On pense à Follain ou Antoine Émaz. » -
Georges Bonnet.
Née en 1953, Véronique Joyaux habite Poitiers où elle a
enseigné. Auteure de poèmes, textes d'expositions, livres d'artistes
(collaboration), une vingtaine de nouvelles publiées dans la revue Diérèse.
Alain Brissiaud, Toute la misère (collection Encres
vives n° 532, février 2024).
Autrement dit l’attente du ciel
rouge
la vieillesse
mais d'abord
l'incendie
celui du sacrifice
derniers mots chuchotés
au miroir
le miroir d'avant
le feu
juste avant qu'il ne
s'efface
dans le sommeil des
enfants
Alain Brissiaud travaille la terre
dans le sud de la Drôme.
Bernard Malinvaud, Les chemins des eaux vives (collection
Encres vives n° 533, mars 2024).
« Ces
poèmes ont une histoire qui s’appelle Michel Cosem. »
Proposés à Encres vives avant la disparition de leur fondateur, ces poèmes
retrouvent la collection relancée par Éric Chassefière
et le comité de rédaction renouvelé.
Bernard
Malinvaud est né à Limoges en 1952. L’écriture l’a accompagné tout au long de
sa vie.
Denis Hamel, Soixante caprices pour esprit désaccordé
(collection Encres blanches n° 808, février 2024)
Poèmes écrits entre 1999 et 2008, retrouvés, écrémés et
retravaillés, témoignage d’une période troublée et incertaine de la vie de
l’auteur, marquée par la solitude et le doute.
Né en 1973, Denis Hamel a publié trois recueils de poème et
un récit.
Éric Chassefière, Penser l’infini. Éditions Rafael de Surtis, mars 2024 (19
€)
« Un espace de temps entre deux vies, la moitié d’un
double-living transformée en chambre, l’autre en salon de musique, avec le
piano dont on ne se sépare pas, côté chambre un canapé lit qu’on ne replie pas
dans la journée, une table basse au plateau de verre, sur la table une lampe,
un livre, face au lit une porte-fenêtre donnant sur un balcon, appuyé au mur
sur le côté un haut miroir reflétant la lampe, sur le balcon des pots aux
plantes élancées disposées le long du garde-corps, apportées là de l’ancien jardin,
et destinées à un autre qui n’existe pas encore, jardin léger de l’entre-deux
temps, le large feuillage de la cime d’un pin face au balcon qu’il vient
presque toucher, occultant une partie du ciel, le ciel aux lentes métamorphoses
de la lumière, voûte du jour entier, dans sa profondeur comme dans sa
temporalité, que mouettes, pies et tourterelles bercent de leurs vols en un
incessant ballet, le bruissement du vent dans le fin rideau de plantes du
balcon et dans l’arbre proche, les voix mêlées de ces oiseaux dans l’immensité
de l’écoute, le jeu de l’ombre et de la lumière sur les feuilles, ces deux
fauteuils sur le balcon, dans lesquels venir s’asseoir, faire seuil de sa
présence, mémoire de sa vie, n’être qu’être, écouter et voir, penser l’infini, les
deux infinis, celui de la profondeur de soi, celui de l’immensité du ciel, les
penser ensemble, les relier d’un trait de souffle. »
La
poésie contemporaine albanaise. Anthologie de Reshat Sahitaj.
Traducteurs : Adem Xheladini, Behare Rexhepi, Ismail Ismaili. L’Harmattan (collection
Accent tonique), mars 2024 (136 p., 14 €).
Soixante-quinze poètes de langue albanaise sont rassemblés
dans cette anthologie contemporaine pour nous faire connaître un art poétique
très populaire, embrassant les idées et les sentiments des peuples d’Albanie,
du Kosovo et de Macédoine du Nord. Contre l’oppression et la censure des
périodes antérieures, la liberté d’expression retrouvée pousse de nombreux et
nouveaux poètes à écrire. Un esprit de liberté et de renouveau flotte sur ces
poèmes et ouvre de vraies possibilités de coopération entre poètes de langue
albanaise et avec d’autres pays d’Europe. Les grands thèmes poétiques sont
présents mais également des sujets émergents comme la place des femmes ou la
méditation sur l’avenir. Les poètes albanais appellent à l’éveil des
consciences face aux démons de notre époque en insufflant à leur poésie des
intuitions originales où les vers respirent les rythmes et la sensibilité
modernes.
Colette Nys-Mazure, La
Grâce et Le Rencontre. Éditions Poesis - la page. (Distribution Pollen Diffusion),
mars 2024 (16 p., 5 €)
« La grâce surgit aussi
en marchant par la campagne ou les rues, en croisant un visage étranger ou connu,
à l’écoute d’une musique échappée d’une fenêtre entrouverte. » Colette
Nys-Mazure nous offre dans cet ouvrage, une réflexion sur la grâce, nourrie dès
l’enfance par ses premiers émerveillements devant la nature, mais aussi
ressentie au fil du temps de manière quotidienne, lors d’une simple rencontre,
celle d’une silhouette furtivement aperçue ou d’œuvres d’art aux résonnances
inoubliables. Elle nous livre également une réflexion sur le rôle fondamental
de la poésie vécue, enrichie par la lecture et l’écriture.
Henri Gilbert, L'immensité
intime. Éditions Poesis - la page (Distribution Pollen Diffusion),
mars 2024 (160 p., 19 €)
L’«
immensité intime », expression empruntée au philosophe Gaston Bachelard, est la
rencontre d’un individu et de son environnement : elle définit ces moments où
nous sommes dans le paysage et où le paysage est en nous. Un dialogue
s’instaure alors entre notre sensibilité et la nature, et l’espace du dedans et
du dehors. Dans cet essai vagabond, l’auteur fait appel à des œuvres variées
(romans, poèmes, tableaux, films, chansons…) afin d’explorer l’infinie richesse
de ce dialogue. Le lecteur peut ainsi cheminer, entre intériorité et ouverture
au monde, avec les peintres Caspar David Friedrich et Shitao,
les écrivains Chateaubriand et J.M.G. Le Clézio, la chanteuse folk Joni
Mitchell, le poète René Guy Cadou, le plasticien du land art Nils-Udo… et bien
d’autres artistes. Cet ouvrage propose de forger un imaginaire où le paysage ne
constitue plus un simple décor mais relève d’une expérience intime, sensorielle
et spirituelle à la fois.
Pascal Perrot, Les
mémoires assassines. Éditions du Cygne, mars 2024 (60 p., 12 €)
Confinement, Emily Dickinson, cut-up : trois mots clés, à l’origine de ce
recueil atypique. Pourtant, Les mémoires assassines
n’évoque en rien le premier ; son écriture ne s’apparente pas davantage au style de la géniale poétesse américaine du XIXe siècle. Il ne prolonge pas non plus les fascinantes expériences littéraires des poètes beatniks. Paradoxe ? Oxymore ? Ce ne sont que les premiers d’une longue série, dans un univers où les contraires
cohabitent en permanence, dans un maelstrom d’images et de
mots.
Enfermé, isolé, gavé de petit écran et de lectures
éclectiques, les quatrains d’Emily Dickinson constituent pour le poète un choc
et une impulsion de départ. Pendant deux ans, il écrira en direct sur les murs
des réseaux sociaux jusqu’à cinq poèmes courts quotidiens. Une matière qu’il
laisse ensuite reposer quelque temps. Sortir les textes d’Internet, les
numéroter (1612 à ce jour !) par ordre d’apparition ; ce travail d’archivage fait naître une idée folle, celle d’un gigantesque cut-up à ciel ouvert. Créer des séries de quatre chiffres (compris entre 1 et 1612),
chacun d’entre eux correspondant à un poème bref. Chaque série assemblée forme
de façon presque aléatoire un nouveau texte qui sera affiné, élagué. Les
thématiques, les images, les styles s’interpellent et se font écho,
s’interpénètrent dans une dimension textuelle connectée à l’inconscient par ces
gestes de hasard.
Yvon
Le Men, Les
continents sont des radeaux perdus. Éditions Bruno Doucey, mars 2024 (192 p., 8,90 €)
Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son
père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères
et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors
le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie
et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de
Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages,
en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de
la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à
monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les
pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses
minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres
promesses.
Grâce...
Livre des heures poétiques. Anthologie établie et préface par Bruno
Doucey & Thierry Renard. Éditions Bruno Doucey, février 2024 (272 p., 20 €)
118 poètes parmi
lesquels : Garous Abdolmalekian, Olivier Adam, Maram
al-Masri, Victoria Amelina,
Katerina Apostolopoulou, Samantha Barendson,
Stéphane Bataillon, Gilles Baudry, Brigitte Baumié, Gioconda Belli, Nawel Ben Kraïem,
Jeanne Benameur, Levent Beskardès,
Christian Bobin, Caroline Boidé,
Katia Bouchoueva, Georges Brassens, Didier Cahen, Hélène Cadou, René Guy Cadou, Emanuel Campo, Roja Chamankar, François Cheng,
Marion Collé, Hélène Dorion, Estelle Dumortier, Louise Dupré, Mohammed El Amraoui,
Eom Won-tae, Albane Gellé,
David Giannoni, Xavier Grall, Elisabeth Granjon,
Sophie Grenaud, Ève Guerra, Hubert Haddad, Nâzım Hikmet, Marie Huot, Imasango,
Charles Juliet, Sofía Karámpali
Farhat, Vénus Khoury-Ghata, Christophe La Posta, Yvon
Le Men, Denise Levertov, Laura Lutard,
Maria Mercé Marçal, Jidi Majia, Rita Mestokosho, Aksinia Mihaylova,
Hala Mohammad, Marie Nimier, Carl Norac, Simon Ortiz,
Orianne Papin, Marie Pavlenko, Anthony Phelps, Paola Pigani, Dimitri Porcu, Karine Reysset, Arthur Scanu, Jean‑Pierre
Siméon, Valeriu Stancu, Ceija Stojka, Murielle Szac, Hadassa Tal, Maud Thiria, André Velter, Claude Vigée,
Ella Yevtouchenko...
Hadassa Tal, Danse
danse sinon nous sommes perdus. Traduit de l'hébreu par Eglal Errer. Éditions Bruno Doucey, février 2024
(72 p., 14 €)
Hadassa Tal ne cite pas son nom, mais tout
désigne celle qui a révolutionné les codes de la danse à partir des années
1970. Le café Müller, théâtre de son enfance à Solingen, devenu le titre d’une
de ses œuvres, son goût de la musique et de la chanson, sa façon d’insuffler la
vie sur scène. Pina Bausch n’est pas nommée mais elle traverse ce livre comme
elle habitait tout espace scénique : par petites touches, inventive et légère,
toute en déséquilibres maîtrisés, dans une gestuelle inouïe, quasi hypnotique,
qui s’apparentait souvent à une tentative d’envol vers le bonheur. Les mots
aussi dansent sur le papier. Ils s’arrachent à la matière inerte, saisissent le
mouvement sans le retenir, s’élèvent au-dessus des peines. Ils dansent,
dansent, pour ne pas disparaître dans l’infini des étoiles.
«
Hypnotique le mouvement
des mains
qui défont
une écharpe fait apparaître dans l’obscurité
une tête savonnée de lumière
elle bouge,
sa chair ajoute des notes anciennes
nouvelles nées
une planète minuscule enveloppée de vide
assez grande pour danser »
Éric Dubois, Nul
ne sait l’ampleur. Éditions Unicité, février 2024 (46 p., 12 €).
Je partage avec la lumière
l'envie de me reposer
à l'ombre de quelque arbre
de porter au bout des bras
des fruits magiques
et des fleurs épiques
Je donnerai tout mon être
à l'explication des sentinelles
qui veillent sur tous les silos
aux esprits miraculés du bonheur
aux anges perdus de l'amour
Voir des extraits du
recueil, accompagnés de peintures de l’auteur, à notre rubrique Creaphonie de ce même numéro.
Richard Taillefer, Les invisibles.
Éditions Gros textes, février 2024 (76 p., 8 €)
« …Il nous faudra rester caché du regard du vulgaire.
J’entends, tambours et trompettes dans toutes les rues de nos villages nous
annoncer l’orage sur nos têtes. Mais je vous le demande, qui suis-je, qui
sommes-nous ? je ne suis qu’un solitaire qui va et vient. Vieillard aux
cheveux blancs, je repose auprès des nuages et je bois tout seul sans un ami
pour m’accompagner …/… Derrière ces portes closes aux visages masqués combien
de tragédies se succèdent, hélas. Toujours ne rien dire, ne rien voir, rester à
l’écoute des ordres et contre-ordres des expertises des toutpuissants. Aux
portes de la capitale, les mains unies nous croisons des regards tournés vers
de lointains voyages ». (extrait)
Voir la chronique de Jacmo (Jacques
Morin) dans Décharge - Revue de
poésie (dechargelarevue.com).
Tu risques
l'étoile. Anthologie poétique pour célébrer le dixième anniversaire
de l'Espace Andrée Chedid. Éditions érès, février
2024 (88 p., 15 €)
À l’occasion du 10e anniversaire
de l’Espace André Chedid, cette anthologie rassemble des contributions de
poètes et écrivains invités, des textes issus d’ateliers d’écriture et des
créations de poètes en résidence. Il s’inscrit dans le sillage du recueil Oser encore (érès, 2020).
Cet ouvrage témoigne de l’activité culturelle bouillonnante
de l’Espace Andrée Chedid dans ses différents champs d’exploration et restitue
en poésie l’esprit du lieu. Aux côtés d’auteurs confirmés et de poètes en
résidence qui ont été accueillis, une place est réservée aux amateurs aussi
passionnés qu’éclairés. En résonnant de concert, toutes ces voix montrent
comment l’espace est devenu un véritable laboratoire des Droits culturels,
avançant sur ces « sentiers de lumière » si chers à Andrée Chedid.
L'Espace Andrée Chedid est un établissement ouvert en 2014 par la
ville d'Issy-les-Moulineaux et qui, géré par l'association Cultures, Loisirs,
Animation de cette ville (CLAVIM), impulse, coordonne des animations poétiques
et philosophiques, et propose spectacles, lectures, mises en espace, théâtre
d'objets, marionnettes ou contes. Ouverte à toutes les configurations
familiales, l'EAC s'adresse aussi bien aux enfants, aux adolescents, parents et
grands-parents.
Anna Maria Celli, Fulena. Éditions Fior di Carta,
février 2024 (10 €)
Voir son site
et sa page d’autrice
aux Éditions Douro, admirer ses poèmes et réalisations graphiques sur sa page Facebook.
Cathy Jurado, Intérieur
nuit. Éditions L’ail des ours, février 2024 (10,50 €). Couverture
par Anne Slacik
Intérieur nuit est un récit crépusculaire : celui d’une
perte, qui est aussi une renaissance. Entre chien et loup, la langue y cherche
le chemin d’une géographie fantôme, les contours de l’amour lorsqu’il nous
quitte. On tente d’entrevoir, par la fenêtre du poème, la forme d’un exil que
dessinent, à l’intérieur de soi, ceux que l’on doit laisser partir. Et de
chanter le monde qui meurt, avec celui qui vient.
Sabine Péglion, Cet
au-delà de l’ombre. Éditions L’ail des ours, janvier 2024 (10,50
€).
Sans toi
il nous faut désormais
poursuivre la traversée
Ce que tu fus demeure
chante encore en moi
Ne meurt que l’apparence
Née à Monaco, Sabine Péglion vit en région parisienne. Des études de lettres à
Nice et un doctorat sur l’œuvre de Philippe Jaccottet à la Sorbonne lui ont
permis de concilier écriture, poésie et enseignement.
Alena Meas, Pour
toi. Éditions Unicité, janvier 2024 (326 p., 20 €)
Avec ce nouveau recueil,
Alena Meas nous raconte un amour passé, déchiré. Les poèmes
sont comme autant de cris sourds et écrits dans une langue dépouillée de tout
artifice. Ils expriment l’ineffable au bord de la folie qui ne dit jamais son
nom pour aimer à ce point dans la transparence des choses ensevelissant la
mémoire pour mieux la faire renaître de ses racines.
Chaque poème est
maîtrisé au plus haut point comme un cadeau que nous fait l’auteure qui est
revenue du plus sombre, du plus sublime, du plus beau.
Chaque poème est une
trace derrière l’invisible, qui nous émeut parce qu’il met quelque chose en
péril enfoui en nous.
L’auteure nous a écrit
un amour au-delà des mots, et pourtant les mots sont là, dans la douleur qui,
paradoxalement, frise une sorte de joie que le lecteur éprouve à son insu.
Isabelle Poncet-Rimaud, L’écorce
du silence. Éditions Unicité, janvier 2024 (106 p., 13 €)
C'est arrivé comme ça :
Le vent épluchait le silence
sur l'arbre des vies...
Des morceaux d'écorce tombaient
formant doucement tapis
où poser pied tant que continuerait
la marche.
C'est arrivé comme ça :
Et depuis, j'écoute craquer le bois du monde
et son chant nourrir le feu des jours...
Et si des silences
imparfaits du monde naissait la parole, celle de l'être enfoui sous l'écorce
des apparences ?
Céline De-Saër, Tremblement
d’éther. Éditions Unicité, janvier 2024 (72 p., 13 €).
Céline a la passion poétique en elle. Elle a raison. La
poésie est toujours un risque calculé. La passion l’emporte sur le calcul à la
fin.
C’est le matin dans son premier livre. Matin de mer, de ciel,
de vent. On est au nord. Il y a même la table des marées disposée en poème.
Il y a chez Céline à la fois le sens de la
« tribu », des autres, de la chaîne qui nous unit aux ancêtres, comme
du « moi » et du « toi » qui noue notre relation lyrique au
monde.
Les phrases sont courtes, à l’infinitif quelquefois, il
s’agit de « crier dans le ciel crevé de colère. » À chaque page, à
chaque aube suffit sa peine, son interjection.
Céline a raison de s’être engagée dans un long
voyage. (Postface de Jacques Darras).
Parutions de Toi
Editions, janvier 2024 :
Bruno Mabille, L’amour des idées. (68 p., 12 €)
Bruno Mabille a longtemps vécu en région
parisienne où il fut secrétaire général du groupe Gallimard. Il a publié
plusieurs livres principalement de poésie et reçu le prix Louise Labé en 2012
pour À celle qui s’avance. Dans son
nouveau recueil L’amour des idées, Bruno Mabille
nous emmène sur sa vision et philosophie de la vie. Chaque texte se tient entre
les mains, nourrit et dialogue avec nous sur l’hier, le présent, la beauté, le
bonheur, la mort… Le poète transmet ses idées que nous prolongeons de nos
lectures. Vient à mourir le fruit d'un mouvement pluriel.
Martine Rouhart, Des chemins pleins de départs. (72 p., 12 €)
Martine Rouhart, romancière et
poète a publié une quinzaine d’ouvrages et contribue à des revues littéraires
belges et françaises. Aimant faire dialoguer les différentes formes d’art, elle
collabore régulièrement à des œuvres d’artistes. Elle est Vice-Présidente de
l’Association des Écrivains belges Dans son nouveau recueil elle nous offre
l’énergie de ses textes courts et denses, en quête du mot juste. Elle sème
chacun d’entre eux sur les mouvements de la vie et fait naître en nous...
Parme Ceriset, Nuit
sauvage et ardente. Éditions du Cygne, janvier 2024 (100 p. 13 €)
Feu de la guerre contre le non-sens, feu des passions, nuit
ardente de condition humaine qu’embrase depuis l’aube des temps l’espoir
indomptable des louves, des Amazones, et de leurs amants... Liberté si fragile,
perdue puis retrouvée au sein de la nature sauvage, des hauts plateaux de la
vie et du temps. Cette femme éternelle, à la fois déesse et mortelle, est-elle
libre ? C’est dans cette ambiance incandescente qu’évoluent les mots de Parme Ceriset.
Parme Ceriset vit entre Lyon et le
Vercors. Médecin de formation, elle a été sauvée en 2008 par une greffe des
poumons après quatre ans sous oxygène. Elle est l’auteure de plusieurs autres
ouvrages dont les recueils Boire la lumière à la source (éditions du
Cygne), Femme d’eau et d’étoiles (éditions Bleu d’encre, prix Marceline
Desbordes-Valmore 2021), le roman autobiographique Le Serment de l’espoir
(L’Harmattan).
Hamid Larbi, Les
florilèges du mirage. Éditions du Cygne, janvier 2024 (72 p., 13 €)
En ces moments dramatiques où les conflits entre les
civilisations entrent en mouvement, où la vision de l’unité de l’humanité
chavire, occultée par les schismes à venir, la poésie de Hamid Larbi poursuit
sa quête des essences lumineuses face aux mirages après un dramatique passage
initiatique sous l’implacable duo de la mer et du soleil... Restent les
splendeurs de Lumière que l’on guette à travers les florilèges, les reflets,
les scintillements, les idées, les appels malgré les ébats ténébreux des ombres,
ces servantes malignes à première vue que la promesse de l’aube dissiperait un
jour. (Dmytro Chystiak)
Diane Régimbald, Elle
voudrait l’ailleurs encore. Avec des œuvres de Sophie Lanctôt. Éditions du Noroît, janvier 2024 ($24.95)
Être fille, devenir mère, être fille toujours. Elle voudrait l’ailleurs encore joue avec la permutation du féminin dans un continuum de
renversement. Quelle est la force vive de la mère, quelle est sa langue, sa
volonté de puissance et d’absence ? Où s’échappe la fille, avec ses
failles et ses cicatrices, dans son désir inassouvi de l’ailleurs ? Le
recueil plonge dans l’expérience de la maternité, révélant la douleur de la
perte de la mère et les complexités de l’amour filial. Donner la vie, (se)
donner la mort, est-ce bien cela, faire corps avec l’amour du vivant ? La
poésie de Diane Régimbald offre une traversée
singulière dans les espaces de mémoire où se nouent des récits de femmes et
leur soif de liberté à la rencontre plurielle d’elles-mêmes.
Parutions d’Échappée
belle édition, collection Ouvre-boîtes (poésie), janvier 2024 :
Luc Marsal, Les neiges éternelles (46
p., 10 €)
Luc Marsal traverse la vie comme on remonte un fleuve. À
chaque pas, il observe, s’émeut, saisit l’instant et dépose des mots, fragments
universels, qui scintillent au grand jour : ses « neiges
éternelles ». Des blessures de l’enfance jusqu’à la volonté farouche de
vivre malgré les vents contraires, le poète trouve dans la poésie un exutoire
pour sublimer et partager ce qui fait pour lui le sel de la vie.
Joëlle Richard, Perdre des plumes. Partir Les retrouver
(67 p., 10 €)
…Pourquoi retient-on certains événements et pas d’autres ?
Comment les lieux façonnent-ils nos personnalités ? Entre identité,
déracinement et temporalités qui s’entrechoquent, les spectres s’invitent, le
besoin de raconter se fait impérieux. Mais les images zombies qui s’imposent
n’ont pas de rouge à lèvres, elles ne se sont pas faites belles pour qu’on les
couche sur le papier... Loin de proposer une image d’Épinal de la Suisse, Perdre des plumes – partir – les retrouver convoque nos disparues, nos extrêmes, nos passions,
entre joie intense et noir profond, et s’appuie sur le particulier pour tendre
à l’universel, vers quelque chose qui ressemble fichtrement à la vie.
Parutions aux éditions Nouveaux délits,
janvier 2024 :
Josette Soulas Moyes, Des
ombres et des anges
Pierre Melendez, Soliflore 136
Isabelle
Grosse, Soliflore 135
Louise
Brun, Soliflore 134
Philippe
Minot, Soliflore 133
Parutions aux éditions L’Harmattan,
poésie, janvier 2024 :
Philippe Sabourdy, Volonté
dans le noir enlisée.
Le livre de deuil (70 p., 11 €)
Ce livre de deuil comporte de nombreux échos : entre des
sonorités au sein d’un même vers, entre des mots dans plusieurs poèmes, mais
aussi dans la structure même du recueil. En effet, les deux parties portant le
titre Cartes postales se répondent comme sous l’action d’un miroir, de
même que les deux parties intitulées Le cancer. Le livre expose le
cheminement intérieur d’un homme ayant perdu un être cher, et les conclusions
douloureuses qui viennent peser sur lui qui est encore en vie, sur lui qui est
resté en arrière, transi de peine, au centre d’une absence que rien ne vient
combler. Le titre du livre s’applique donc à la fois à l’auteur et à son sujet.
Jean-Yves Lenoir, Un temps de grammaire
(collection Accent tonique, 78 p., 12 €)
Il fait « un temps de
grammaire », disait L’Instituteur. Les
nuages venaient de l’Atlantique, s’amoncelaient au-dessus des campagnes, formant des grappes qui
ressemblaient aux baies de sureau que l’on voit à l’été, à l’automne, s’attacher aux
tiges rouges des arbres et s’égrener, se défaire, s’attacher encore.
« Un temps de grammaire » était le signe qu’il fallait
regagner le logis, s’installer sous la
lampe du bureau et se mettre au travail. Lire, écrire, jouer au
prestidigitateur devant les feuillets de son cahier. Trente poèmes en
prose, au fil desquels l’auteur parcourt les campagnes, les halliers, les bois,
et la Loire, le grand fleuve, tandis qu’il nous livre les éclats de ses amours,
la douceur de ses prières, son émerveillement devant son village, devant la
nature. Ainsi chante constamment une mélodie élégante, celle des syllabes,
des mots, de la grammaire : la langue française.
Dominique Zins, Dévoilement. Suivi
de Ce qu’ignore le scribe (90 p., 13 €)
Dévoilement
…Quand l’homme-machine l’emportera sur l’être
de chair
Quand les oracles de la
toute-Prévoyance auront ordonné en tout point le cours apparent des choses
Quand le choix sera de s’abêtir
pour oublier la servitude
de s’auto-détruire pour échapper à
la soumission
d’entrer en dissidence, de lutter
sans espoir ou de mourir,
Quand la vie semblera privée de
sens,
alors sera venu le temps de la
libération…
Ce qu’ignore le scribe
« Donner corps au
mot qui gît là, exténué par trop d’usage, dessinant
sur son onde des figures inconnues », telle est la quête du scribe,
tout occupé à rechercher la part manquante dans le fût d’alcool vieilli ou
dans le kaléidoscope d’impressions, de sensations, d’images du quotidien. »
Marilyne Bertoncini et
Ghislaine Lejard, À fleur de bitume. Itinéraires urbains. Poèmes (avec des photographies de Marilyne
Bertoncini). Lieux-dits éditions, 1er
trimestre 2024 (20 €).
« Sous l’œil
intrigué d’un oiseau qui se tait, deux voix errantes, à travers les rues d’une
ville sans nom, accordent ici leur rêverie et leur chant. Deux voix de sœurs
très proches, en quête de lumière. » (Extrait de la préface de Jacques
Robinet)
Frédéric
Dieu, Car
le jour touche à son terme. Éditions Corlevour,
décembre 2023 (80 p., 15 €)
Car le jour touche à son terme est composé
de treize textes répartis en trois mouvements qui font entendre le souffle et
partager la foulée, tantôt courts tantôt amples, de ces êtres que poursuivent
l’abandon et sa violence. Ils s’accrochent aux terres anciennes, qu’elles
soient héritées ou confisquées (c’est l’arrière-pays de la première partie) ;
ils empruntent aussi la voie de leur disparition, qu’elle soit sans issue ou
sans retour ; ils consentent enfin, peut-être, à ce que la lumière ne vienne
plus du jour mais de son terme. Alors peut arriver un soir inespéré, de
gratitude et de visitation. Car le jour touche à son terme est porté par
une écriture attachée à dire l’effondrement aussi bien que le relèvement, une
écriture qui est dépouillement (notamment dans son lexique) aussi bien que
vêtement (notamment dans son ampleur).
Nathalie Swan, Innombrable
en ta lumière. Éditions Corlevour,
décembre 2023 (128 p., 16 €)
« La "charge d’âme" en quête du « lieu » où s’incarner est le seul acte qui importe aux humains. Que nous
en soyons conscients ou pas, il nous oblige, tant il est vrai que le poème ne parle jamais que d’amour. Il est
notre unique séjour, notre orgasme et le creuset de
nos tourments. L’identifier au fait de vivre, de créer ou de bâtir c’est reconnaître que l’amour crée l’âme, de même que la terre
crée la vie. L’amour est énergie. L’intuition du
ressourcement en soi, en Dieu ou dans les molécules du hasard
sera toujours pour les hommes la révélation des révélations. D’après nos
mythologies relatives à l’âme et l’esprit, c’est du dehors que la vie est
provignée. Appréhender ainsi la vie et l’amour est très séduisant, car nous
nous offrons la transcendance à peu de frais. Or, rien n’est plus faux. Innombrable
en ta lumière de Nathalie Swan nous fait voir le contraire. » (Extrait
de la préface de Nimrod).
Anne Barbusse, Recluse.
Éditions PVST
(Pourquoi viens-tu si tard ?), décembre 2023 (68 p., 12 €)
Ce qu'il reste d'une
bergerie ardéchoise au seuil du nouveau millénaire, dans l'après-confinement du
monde.
Ce que peut représenter
une bergerie pour celle qui, sans famille, est en quête d'un pays natal et
d'une terre essentielle, malgré le saccage écologique et les douleurs.
Christoph Bruneel : Anthologie
Ukrainienne. Des voix de la guerre en Ukraine. Éditions Ane Qui
Butine, décembre 2023 (196 p., 19 €)
Suite à l’invasion de l’Ukraine par la
Russie, le 24 février 2022, des voix d’écrivain.es se sont levées pour
témoigner en mots forts et puissants de cette guerre, qui comme toutes les
guerres, est injuste. Les encres qui accompagnent des textes sont poignantes,
sincères comme les auteur.es regroupés dans ce recueil. Chaque ligne de ces
écrits, chaque trait de ces illustrations sont une résistance à la guerre.
Traversées
n° 106, mars 2024
Le dernier numéro de la splendide revue belge Traversées
dirigée par Patrice Breno vient de paraître ! Un
tour d’horizon rapide – en attendant l’occasion d’une lecture plus
attentive – pour signaler entre autres :
- un dossier consistant (inédits, entretiens, témoignages,
lectures critiques, biobibliographie détaillée) consacré à l’écrivain Lionel
Bourg, qui refuse « la littérature "lisse" » d’un
certain conformisme politiquement correct pour afficher son attachement à la
« sérénité crispée » – en adoptant la formule de René Char – à
savoir dire « l’exaspération » (« souffrance et
révolte… ou ruptures avec l’ordre établi ») mais aussi « un
amour des êtres et des choses » (pp. 52-53) ;
- beaucoup de poèmes… en vers ou en prose, signés parmi
d’autres par : Martin Zeugma, Nadine Travacca,
Marie Spitzer, Nathalie Quintin-Riou, Béatrice Pailler, Serge Muscat, Patrice Maltaverne, Gérard Le Goff, Alix Lerman
Enriquez, Erick Gaussens, Sonia Elvireanu,
Éric Chassefière, Muriel Carminati,
Patrick Aveline ;
- un texte en guise d’édito qui finit en poème – car comment
dire / agir autrement « dans l’affreux continuum d’atrocités et de
nonchalances mélangées auxquelles on est sans cesse confrontés », qu’en
continuant de notre côté « à lancer nos bouteilles d’encre à l’amer »
– « comment sinon par l’étincelle d’un mot ? » (pp. 263-265).
Et en guise d’illustrations, de superbes photos de Patrick
Aveline, Chem Assayag et Erick Gaussens.
Poésie/première
n° 87, janvier 2024
Thématique du numéro : « Poésie et
Liberté », on dirait presque un pléonasme – ou au contraire, un paradoxe…
Les facettes de la question, qui s’étalent sur un vaste éventail entre
contraintes formelles et expression d’un engagement face au monde, sont analysées
avec acuité et passion par Gérard Mottet, Monique W. Labidoire, Dominique
Zinenberg, Guillaume de Pracomtal, et rappelées dans
l’éditorial-synthèse de Martine Morillon-Carreau, qui met en évidence du même
coup le fil rouge du numéro. En effet sont ici mises en valeur des écritures
poétiques destinées presque à illustrer ces propos : Aimé Césaire
« maillon de la cadène » et libre poète (article par Martine
Morillon-Carreau), Alain Duault et son poignant poème De la guerre,
l’argentin Hector Berenguer avec sa quête de vérité en poésie (passionnant
entretien mené par Pascal Mora, accompagné d’un poème en version bilingue),
Pierre Dhainaut évoquant la naissance magique du
poème et tirant du devenir une poétique (entretien avec Dominique Zinenberg,
suivi de deux poèmes), Patrick Narval
(poèmes) et Marjan (peintures) chantant ensemble Une
enfance en oraison (double entretien avec Jacqueline Persini
autour de leur livre sorti en 2022), ou enfin, In memoriam :
Kenneth White (portrait par Pascal Mora), Jean-François Mathé (par Pierre
Perrin), et Frédéric Tison (par Gérard Mottet et Jean-Louis Bernard, avec des
poèmes-dédicaces de Martine Morillon-Carreau, Pierre Perrin, et Monique w.
Labidoire).
Les articles critiques s’enchaînent avec de belles et
pertinentes lectures de poètes comme Marc Alyn et
Patricia Castex-Menier (par Bernard Fournier),
Guillevic et Frédéric Tison (par Rémi Madar). À cela
s’ajoutent de nombreuses notes de lecture brèves à la fin du numéro, signées
pour la plupart par les membres du comité de rédaction.
Parmi les plumes publiées dans ce numéro, aux chapitres Moments
poétiques et Poésie plurielle, nous signalons : Bernard
Grasset, William Souny, Sophie Djorkaeff,
Paul Bocognani, Christophe Pineau-Thierry, Isabelle
Normand, Philippe Minot, Arnaud Vendès.
Pour une plus ample recension de cette riche édition, voir
l’article de Dominique Zinenberg à la rubrique Lectures-chroniques dans ce
même numéro de notre revue.
Nouveaux Délits n°77, janvier 2024
Nous signalons avant tout le
poignant éditorial de Cathy Garcia Canalès :
« Aucune vie ne ressemble à une autre et la douleur
n’est pas toujours visible, quantifiable, sauf quand elle est si collective
qu’on ne peut plus l’ignorer. Aucune vie ne ressemble à une autre, certaines
sont tellement pleines de ces épreuves qui jettent à terre, rouent de tant de
coups que cela semble n’avoir plus aucun sens. Les épreuves cependant qui nous
tordent, nous forgent de l’intérieur jusqu’à parfois toucher la grâce. Toujours
au bord pourtant de basculer, grâce ou folie, la frontière est si fine.
En ce début d’année où il est de coutume de souhaiter et
s’entre souhaiter, mes pensées vont vers toutes celles et ceux qui souffrent
dans leurs corps, dans leurs têtes, dans leurs vies, dans le corps des êtres
qui leur sont chers. Mes pensées se ruent vers celles et ceux qui vivent dans
la peur, la terreur, l’horreur, celles et ceux qui sont accablé-e-s par les
injustices, celles et ceux qui éprouvent une solitude inhumaine, celles et ceux
qui ont le cœur en miettes, l’âme mutilée, celles et ceux qui sont oubli-é-e-s,
piétiné-e-s, humili-é-e-s, écrasé-e-s, broyé-e-s,
perdu-e-s, poussières…
Et je me souhaite — car qui suis-je pour dire à d’autres ce
qui leur est nécessaire ? — je me souhaite, donc, le courage de garder
dignité quoiqu’il arrive et le sens du respect, la volonté d’être juste,
d’accepter ce qui en moi est fragile et blessé, ce qui chemine dans les
ténèbres et la force d’endurer ce qui me tord, me
forge, me polit et qui, peut-être à la longue, finira par me sublimer.
Aucune vie ne ressemble à une autre mais la vie est une seule
et même énergie qui nous traverse, nous anime, qui que nous soyons, où que nous
soyons : humains, animaux, végétaux et même, à leur façon, les pierres de
cette Terre qui n’en peut plus de nous. C’est ce que je ressens au plus profond
de moi. Tout est vibration, tout porte un message alors je voudrais veiller
toujours mieux à celui que moi-même je porte et transmets à travers mes
pensées, mes choix, mes actions, mes mots, mes cellules… Veiller sur les causes
car il est toujours trop tard quand il s’agit de réparer de néfastes
conséquences… J’essaie de ne pas me décourager trop vite ou trop longtemps.
Aucune vie ne ressemble à une autre, que chacune soit belle
et sereine comme un lever de soleil, un chant d’oiseau à la nuit tombée, un vin
d’amour à partager. »
Poésie : Michel Abécassis, Alain Flayac, Judith, Alexandre Poncin, Erwan Gourmelen, Marianne Duriez, Oriane Barbey.
Chronique-essai :
Résonance : Kogis, le chemin des
pierres qui parlent, Éric Julien (Actes sud, coll. Voix de la
Terre, 2022).
Illustratrice du numéro : Corinne Pluchart
Étienne Ruhaud, Panorama
I. Articles et entretiens 2005-2021. Éditions Unicité (collection
L’éléphant blanc), février 2024
Présentation sur le site de l’éditeur : L’ouvrage
paraîtra sans doute fourre-tout : nul fil directeur, ici, sinon la volonté
d’explorer la littérature contemporaine, parfois au hasard des rencontres, des
coups de cœur. Panorama compile effectivement la totalité des articles, notes
de lecture et entretiens menés avec des auteurs souvent très différents, et
généralement méconnus, de 2005 à 2021. On y trouvera ainsi des critiques de
romans, de pièces de théâtre, d’essais, ou, plus encore, de recueils de poésie,
parent pauvre de la production actuelle, si abondante. Au hasard des pages, le
lecteur fera quelques belles découvertes, entendra la voix, ténue, des oubliés,
des obscurs, se baladera, un peu, dans le passé et dans les rues de Paris...
« Ce
livre d’un ami est une véritable bible de la critique littéraire contemporaine
décomplexée. Deux décennies dans l’œil et dans l’oreille d’un excellent
critique et écrivain au jugement jamais altéré et toujours sûr. Je le lis en
parcourant les articles et les entretiens selon mon humeur et selon ma
curiosité. » Éric Dubois (sur FB)
Mohamed Benzemrane, L’Islam
des troubadours. Les origines arabo-musulmanes de l’amour courtois -
XIe-XIIe siècles. L’Harmattan, janvier
2024 (352 p., 38 €)
Ce livre retrace l’épopée créatrice des rencontres entre
l’Orient et l’Occident à l’âge des troubadours et inaugure une réflexion
fondamentale sur cet héritage oublié.