Une traversée de mots au goût de Noël... |
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Quelques douceurs 2012-2024 : Dana Shishmanian |
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Écouter,
comme si l’on se trouvait sous la voûte de Notre-Dame, Magda
Olivero (1910-2014) chanter Ave Maria de
Gounod, dans
l’Église des Capucins, à Milan, en 1991 : *** Souhaiter la paix et non la guerre L’amour et non la haine La bienveillance et non le mépris L’humilité et non l’orgueil et le pouvoir
d’asservissement La pensée par soi-même et non la pensée
unique La parole vraie et non la démagogie
mensongère La colère face aux crimes et aux génocides
impunis Et non la peur du politiquement correct qui
vous nivelle et vous écrase Souhaiter que des enfants naissent et
grandissent en paix Et non sous les bombes ou affamés ou
maltraités Souhaiter que l’humanité soit humaine Et non divisée entre une horde sauvage
assassine et un troupeau de victimes Faut-il recourir aux métaphores
animalières ? Entre carnivores et herbivores Choisissons l’Homme ! ©Dana
Shishmanian 11
décembre 2024 ***
Écouter
encore Magda Olivero chanter, à 99 ans, l’air
“Paolo datemi pace” de Francesca da Rimini
de Zandonai, sous l’impulsion d’un rêve récurrent
dont elle témoigne en 2006 : |
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L’amour est une soie
L’amour est une soie qu’on tire de soi sans cesse du vers de soie il ne se soucie pas seule compte
la soie s’il ne peut plus la tirer de soi il meurt le
vers de soie même s’il vit il n’a plus de vie ce qu’il fait naître de soi n’est pas une matière pas une énergie – elle est vie elle est soi quand il ne peut plus faire naître la vie il est
froid – la soie est manne et pain de l’avent elle n’est pas donnée – il faut la tirer de soi sans cesse Les escargots amoureux (photo prise sur ma
terrasse après la pluie…) |
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Une brise légère
Tu t’évertues en vain à gravir la montagne de ton
corps le sommet même, lorsque tu y es, ne t’appartient
pas et l’ange ne vient pas t’en soulever tu demeures là telle une orange sur une malle
noire cela attire peut-être quelque oiseau à te prendre pour une nature morte – un petit soleil de Schiele oublié dans la chambre mansardée d’un dernier habitant de Paris après la
catastrophe – oui des oiseaux survivront, eux les dinosaures, cette fois aussi – et d’autres humains, à l’aspect non prévisible, s’en étonneront – des milliers d’années après – alors, l’oiseau qui t’a vue telle une orange s’en souviendra et témoignera en ta faveur il parlera de toi il saura que tu as tenté de te sauver, en te
peignant Ton corps de sons porté par la vague reste maintenant suspendu dans le vide – et c’est le vide dedans, tout d’un coup – toute matière sonore est absorbée happée et ton contour flotte dans quoi – sur quoi – le chant du gondolier t’arrive aux oreilles – il vient d’où – s’en va où – des larmes coulent et s’accumulent sur tes pieds les pleure qui – les lèche qui – une brise légère s’écoule de tes narines glisse sur tes mains extrait du recueil Le sens magnétique, L’Harmattan 2022 |
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Initiation
Couché sur une aile dort l’oiseau – dors tu – t’apprends le mystère du vol Respire par les os – des flûtes qui chantent sur le vent – des ailes aux chevilles Tête vide plonge dans puits sans eau – on la retire pleine d’une brève anamnèse ©Dana Shishmanian Pour un futur recueil… |
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Le sens magnétique
Pour les âmes parties en 2020
Nous
sommes l’ambrosie du monde nous la portons sur nos têtes telle une offrande
Elle
est notre vie notre corps notre âme en extension
Tendue
vers plus grand qu’elle se déchirant en montant
Exsangue
saignant pleurant
Le
Styx agite sourdement en dessous ses ondes noires
Elle
n’y tombera pas
Un vent puissant la porte l’enveloppe l’anéantit
Dans le mouvement d’ascension obsessionnel
irrépressible
Du sens magnétique.
©Dana Shishmanian Écouter
Samuel Barber - Adagio
pour cordes Op. 11 (1936)
Avec l’Orchestre Philarmonique de Munich dirigé par
Sergiu Celibidache
(enregistrement live: 15, 17, 19 & 20 janvier 1992) :
https://www.youtube.com/watch?v=x7lH3JabQG4
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Trinité
Explore ta fragilité telle une mine d’or noir laboure ta souffrance laisse déborder ta peine relâche tes genoux touche terre baise pierre coule larme glisse voix muette comme souffle dernier dans serrure cœur ouvre chambre trésors invisibles âme repose là mienne tienne sans nom dans la paix de Dieu seul endormi sur l’épaule de son Fils Femme es-tu là pour encore les réinventer tous les deux Du recueil Mercredi entre deux peurs, L’Harmattan, 2011 |
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Souvenirs de Noël
Des neiges d’antan me vient une chanson je
souhaiterais entrer dans son tunnel de son un souvenir est une lunette renversée cela te regarde agrandi alors que tu rapetisses à
l’autre bout nous sortions par la fenêtre à travers la neige
c’était en ’54 et mon frère venait de naître souvenir à peine inventé par recoupes
simultanées nous sommes tous les palimpsestes les uns des
autres et le regard qui nous regarde est ailleurs tableaux dans une exposition avec le compositeur
absent Photo de
Gertrude Millaire, au Québec *** Noël avide de grâce tendant les bras des langues de cendres
luminescentes nous tirant de nos retranchements nous extrayant par le haut (c’est qu’en fait on nous renverse les racines poussent de la tête nos langues de terre lèchent la terre bien pendues / mal pendues (la pendule pend au pédoncule (alors la graine éclot de partout et une lumière-or dissout la trame du temps telle un tissu de bandelettes de momie quand on ouvre brusquement le sarcophage c’est la jonction du début et de la fin qui se
croisent sans se toucher mon amour éternel soleil et lune espace pétrifié (du
recueil Néant rose, L’Harmattan, 2017) |
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Le thé sans goût Le thé sans goût contient tous les goûts Le thé sans odeur tient tous les arômes Le souffle coupé tu guettes une lumière d’or Qui irise ton cœur tout entier Quand à petites gorgées tu reçois Telle une tasse consentante La grâce du thé dans ton creux Et son parfum reste Après que tu n’es plus Ainsi Noël nous effleure Année après année Alors que nos tasses pressentent La brisure ©Dana Shishmanian 21 décembre 2017 |
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Voyage d’hiver
(Sur la route de Maniwaki au Mont-Laurier, au Québec
– photo de Gertrude Millaire) Le ciel s’écrie de tant de beauté pour des pas absents neige aveuglante rythmant l’ombre des forêts qui frissonnent dans l’inconscient du songe bandage miséricordieux et mensonger sur des plaies inguérissables terre froide oublieuse d’un cœur brûlant prêt à déborder de lave et de cendres eaux attendant des tsunamis sous la glace vents dormants dans des branches rêvant d’un tourbillonnement futur ainsi se préparent-ils en silence les désastres libérateurs de souffrance cachée mais qui rompra le charme de l’instant l’aujourd’hui d’un regard vaut l’éternité
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Première apparition fin 2013 avec commentaires sous-titrés en anglais.
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Une année en poésie.
Récit intime en haïkus
Dans ton assiette Est-ce l’ensemenceur Si tu veux
chanter
Comme feuilles sous
tes pas Le grand chant confond Tes sons ont fondu Retiens tes ailes –
leur Des automnes
pourrissent Humilié, tu Prie, si tu peux. Ou Laisse pousser l’arbre
Des feuilles rouge
sang, braise L’esprit se soulève Tu flottes
t’éparpilles Se jeter enfin Buisson ardent – cœur Prends pitié de toi Le lac de montagne
Tu couches sur
feuilles mortes ©Dana
Shishmanian, 2014 |
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Poète À Rodica et à tous mes
amis poètes Un papillon bat des
ailes
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