Une traversée de mots au goût de Noël...

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retour vers l'arbre

 

Quelques douceurs

des membres du Comité
 
en ce temps spécial ! 

 

 

Une image contenant extérieur, arbre, neige, plante

Description générée automatiquement

 

2012-2023 : Dana Shishmanian

 

 

2023

 

L’amour est une soie

L’amour est une soie qu’on tire de soi sans cesse

du vers de soie il ne se soucie pas seule compte la soie

s’il ne peut plus la tirer de soi il meurt le vers de soie

même s’il vit il n’a plus de vie

ce qu’il fait naître de soi n’est pas une matière

pas une énergie – elle est vie elle est soi

quand il ne peut plus faire naître la vie il est froid –

la soie est manne et pain de l’avent

elle n’est pas donnée –

il faut la tirer de soi

sans cesse

 

 

Les escargots amoureux (photo prise sur ma terrasse après la pluie…)

 

 

2022 - Dana

Une brise légère

Tu t’évertues en vain à gravir la montagne de ton corps

le sommet même, lorsque tu y es, ne t’appartient pas

et l’ange ne vient pas t’en soulever

tu demeures là telle une orange sur une malle noire

cela attire peut-être quelque oiseau

à te prendre pour une nature morte –

un petit soleil de Schiele oublié

dans la chambre mansardée

d’un dernier habitant de Paris après la catastrophe –

oui des oiseaux survivront, eux les dinosaures,

cette fois aussi – et d’autres humains,

à l’aspect non prévisible, s’en étonneront –

des milliers d’années après –

alors, l’oiseau qui t’a vue telle une orange

s’en souviendra

et témoignera en ta faveur

il parlera de toi

il saura que tu as tenté de te sauver, en te peignant

 

Ton corps de sons porté par la vague

reste maintenant suspendu dans le vide –

et c’est le vide dedans, tout d’un coup –

toute matière sonore est absorbée happée

et ton contour flotte dans quoi – sur quoi –

 

le chant du gondolier t’arrive aux oreilles –

il vient d’où – s’en va où –

des larmes coulent

et s’accumulent sur tes pieds

les pleure qui – les lèche qui –

une brise légère s’écoule de tes narines

glisse sur tes mains

 

extrait du recueil Le sens magnétique, L’Harmattan 2022

 

 

2021 - Dana

 

Initiation

 

Couché sur une aile

dort l’oiseau – dors tu – t’apprends

le mystère du vol

 

Respire par les os –

des flûtes qui chantent sur le vent –

des ailes aux chevilles

 

Tête vide plonge dans puits

sans eau – on la retire pleine

d’une brève anamnèse

 

©Dana Shishmanian

Pour un futur recueil…

 

 

2020 - Dana

 

Le sens magnétique

Pour les âmes parties en 2020

 

Nous sommes l’ambrosie du monde nous la portons sur nos têtes telle une offrande

Elle est notre vie notre corps notre âme en extension

Tendue vers plus grand qu’elle se déchirant en montant

Exsangue saignant pleurant

Le Styx agite sourdement en dessous ses ondes noires

Elle n’y tombera pas

Un vent puissant la porte l’enveloppe l’anéantit

Dans le mouvement d’ascension obsessionnel irrépressible

Du sens magnétique.

 

©Dana Shishmanian

 

 

Écouter Samuel Barber - Adagio pour cordes Op. 11 (1936)

Avec l’Orchestre Philarmonique de Munich dirigé par Sergiu Celibidache

(enregistrement live: 15, 17, 19 & 20 janvier 1992) :

https://www.youtube.com/watch?v=x7lH3JabQG4

 

 

2019 - Dana

 

Trinité

 

Explore ta fragilité

telle une mine d’or noir

laboure ta souffrance

laisse déborder

ta peine

relâche tes genoux

touche terre

baise pierre

coule larme

glisse voix muette

comme souffle

dernier

dans serrure cœur

ouvre

chambre trésors

invisibles

âme repose là

mienne

tienne

sans nom

dans la paix

de Dieu seul

endormi sur l’épaule

de son Fils

Femme es-tu là

pour encore

les réinventer

tous les deux

 

 

Du recueil Mercredi entre deux peurs, L’Harmattan, 2011

 

 

2018 - Dana

 

Souvenirs de Noël

Des neiges d’antan me vient une chanson je souhaiterais entrer

dans son tunnel de son

un souvenir est une lunette renversée

cela te regarde agrandi alors que tu rapetisses à l’autre bout

nous sortions par la fenêtre à travers la neige c’était en ’54

et mon frère venait de naître

souvenir à peine inventé par recoupes simultanées

nous sommes tous les palimpsestes les uns des autres

et le regard qui nous regarde est ailleurs

tableaux dans une exposition avec le compositeur absent

 

Photo de Gertrude Millaire, au Québec

 

***

 

Noël avide de grâce tendant les bras

des langues de cendres luminescentes

nous tirant de nos retranchements

nous extrayant par le haut

(c’est qu’en fait on nous renverse

les racines poussent de la tête

nos langues de terre lèchent la terre

bien pendues / mal pendues

(la pendule pend au pédoncule

(alors la graine éclot de partout

et une lumière-or dissout la trame du temps

telle un tissu de bandelettes de momie

quand on ouvre brusquement le sarcophage

c’est la jonction du début et de la fin qui se croisent

sans se toucher

mon amour éternel soleil et lune espace pétrifié

 

(du recueil Néant rose, L’Harmattan, 2017)

 

 

2017 - Dana

 

Le thé sans goût

 

 

Le thé sans goût contient tous les goûts

Le thé sans odeur tient tous les arômes

Le souffle coupé tu guettes une lumière d’or

Qui irise ton cœur tout entier

Quand à petites gorgées tu reçois

Telle une tasse consentante

La grâce du thé dans ton creux

 

Et son parfum reste

Après que tu n’es plus

 

Ainsi Noël nous effleure

Année après année

Alors que nos tasses pressentent

La brisure

 

©Dana Shishmanian

21 décembre 2017

 

 

2016 - Dana

 

Voyage d’hiver

(Sur la route de Maniwaki au Mont-Laurier, au Québec – photo de Gertrude Millaire)

 

Le ciel s’écrie de tant de beauté

pour des pas absents

neige aveuglante rythmant l’ombre des forêts

qui frissonnent dans l’inconscient du songe

bandage miséricordieux et mensonger

sur des plaies inguérissables

terre froide oublieuse

d’un cœur brûlant

prêt à déborder de lave et de cendres

eaux attendant des tsunamis sous la glace

vents dormants dans des branches

rêvant d’un tourbillonnement futur

ainsi se préparent-ils en silence

les désastres

libérateurs de souffrance cachée

mais qui rompra le charme

de l’instant

l’aujourd’hui d’un regard

vaut l’éternité



©Dana Shishmanian

 

 

2015 - Dana

Amira Willighagen, une toute jeune chanteuse absolument miraculeuse que j’aimerais vous faire connaître !

voilà quelques liens ci-dessous  bonne audition !

Première apparition fin 2013 avec commentaires sous-titrés en anglais.


 
- Elle chante "O Mio Babbino Caro" sur youtube


- Entendre aussi le disque 2014 (écoute intégrale continue)

 

 

2014 Dana

 

Une année en poésie. Récit intime en haïkus

 

 


Tu ne peux voler
plus loin que ton aile. Pourtant,
tu peux l’agrandir

Dans ton assiette
un papillon égaré.
Il t’annonce l’avenir

Est-ce l’ensemenceur
ou la graine qui sait germer ?
Où et quand – qu’importe…

Si tu veux chanter
à faire trembler les arbres,
cesse de vouloir dire.

 



Dépris, seul, à part –
flocon sans terre où fondre,
sans ciel d’où tomber

Comme feuilles sous tes pas
tes pensées. Pierre de rivière,
ton cœur se soulève.

Le grand chant confond
la mer. Restent les couleurs seules
battues par la houle…

Tes sons ont fondu
comme l’eau au désert. La nuit,
seule bruite l’eau de lune

Retiens tes ailes – leur
force brise l’âme d’enfant du vent…
Laisse couler la source.

Des automnes pourrissent
sur tes épaules. Sous tes pas
s’abîment les années

Humilié, tu
reviens auprès de ton corps :
il s’enseigne l’esprit.

Prie, si tu peux. Ou
accroche tes linges au vent chaud
qui vient du désert.

Laisse pousser l’arbre
de la racine de ton corps –
des oiseaux viendront



Sagesse d’automne coule
dans des racines rabougries –
des fleurs s’enflammeront

Des feuilles rouge sang, braise
d’un incendie oublié,
raviveront ton cœur 

L’esprit se soulève
dans la fraîcheur du temps – brise
l’interdit du corps

Tu flottes t’éparpilles
jettes tes ailes à terre… voler
autrement, soudain

Se jeter enfin
dans la grande vague – proue perçante
coupe l’œil de la nuit

Buisson ardent – cœur
en braise – peau flambant comme torche –
fumée d’écorce sèche

Prends pitié de toi
homme femme enfant frère de Dieu
t’es seul – avec toi

Le lac de montagne
soulève doucement ses eaux claires
le ciel s’y déverse



S’ouvre dans l’hiver
le secret de la fleur d’or,
ta vie le nourrit

Tu couches sur feuilles mortes
un violon rouge – ton corps
nu, illuminé

 

©Dana Shishmanian, 2014

 

 

2012 Dana


Poète

 

À Rodica et à tous mes amis poètes

Un papillon bat des ailes

inaudible

dans mon ventricule gauche

sa vibration atteint ta pensée

furtive comme un souvenir

quantique

le voilà qui rejaillit sur ma paume

chargé de toi

comme d'un parfum

la nouvelle fleurit ensuite

sur tes lèvres

entre nos épaules éloignées

une chair d'ange frissonne

sous un soupçon siamois

qui la déchirerait

dans la tendresse

notre sang écume

dans une coupe unique

comme un champagne parlant

une inconnaissance heureuse

nous enivre


©Dana Shishmanian

 

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Créé le 1 mars 2002