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Bellamine/Bennis : le mur des paganismes
                                                                             Par Aziz Zaâmoune


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« Le poète a pour tâche de dessiner sur du dessin, d’écrire sur l’écriture »,
nous dit quelque part l’écrivain marocain Abdelfattah Kilito.      
     

Une assertion on ne peut plus de mise ici, puisqu’il s’agit en l’occurrence de deux œuvres poétiques majeures, l’une d’expression plastique et l’autre d’ordre littéraire, dont la tâche primordiale de leurs auteurs respectifs,
Fouad Bellamine et Mohammed Bennis, aura été jusqu’ici de peindre sur de la peinture et d’écrire sur l’écriture.

Avec, en guise de support, la toile  et la page blanche, cela va sans dire. Quoi que le bon sens ici serait d’y superposer raisonnablement un mur, le mur de Fès, tel qu’il se profile en filigrane dans les deux œuvres.

Le mur de Fès dans tous ses états.            
                                                                                           
Le mur de Fès à contempler et à lire aisément, tant l’essentiel y est visible à l’œil nu, contrairement à ce qu’enseignent toutes les Ecritures ça et là, quand elles affirment, catégoriques, que «l’essentiel est invisible».                                                                                                                                          
Le  mur de Fès, cette trame toujours, toujours recommencée…


Un culte très acrylique


Journal Le Matin
 

Arpentant de long en large - et même de biais - ce mur porteur de tous les paganismes passés et à venir, l’œuvre plastique chez Bellamine se veut d’abord démarche conceptuelle liant le geste à la…mémoire. D’où la prédilection de l’artiste pour le grand format à même de contenir cette gestuelle, ainsi que le recours à l’acrylique tant comme matière que comme technique restituant la mémoire dans toute sa densité « immense et compliquée ». Et dans les deux cas de figure, le mur, on y est de plain-pied. D’essence lyrique, cette expression abstractive n’en connaîtra pas moins deux étapes clés dans son cheminement. .                                                                                                                                          
Initialement austère et, par ailleurs, difficile d’accès, l’œuvre picturale de Bellamine allait progressivement se décanter et, donc, s’émanciper de ce mur-carapace qui fut le sien durant les années 70. D’où les termes de son nouveau paganisme éclairé, à commencer par la lumière poussée à son extrême degré d’hérésie : la transparence.

Et puis ces réminiscences arrachées une à une au mur, ces quasi représentations entrevues tantôt : l’arcade, l’oiseau…  


Tout ceci sous-tendu par un recours plus prononcé à la couleur et une certaine tendance à vouloir coûte que coûte meubler l’espace tableau, histoire de se dénicher une perspective….   
                               

Tels seraient, en substance, les objets tout désignés de ce culte très acrylique parce que très mural. Et vice versa… 


Découvrez quelques-une de ses oeuvres
sur le site du Peintre, Bellamine.

  


 
Le mur palimpseste

Pour Bennis, il s’agit, entre autre, d’appréhender quelque lieu païen parmi ces 12 siècles de murs vertigineux. D’où son texte Al Makanou Al Wathani ( L'Antre Païen - éditions Tiubkal 1996)         

Entendons-nous, hérésie et paganisme obligent… c’est du jet initial, spontané et impulsif, paru en 1989 dans la revue londonienne Mawakif (dirigée alors par Adonis), dont il s’agit ici, et non du texte revisité, paru 7 ans plus tard dans le recueil final.

Quoiqu’il en soit, une chose est sûre : avec ce texte de Bennis, le mur de Fès s’érige en passage obligé par où le poète, cet éternel solitaire qui n’est « ni héros ni martyr », traverse vers d’autres rives. Etant entendu que le propre de la poésie est de prendre prétexte de tout et de rien pour « dériver vers d’autres absolus », assurerait un René Char ambivalent. 

Alors, place aux interstices immémoriaux et autres rémanences dégoulinant le long de ce mur palimpseste, et par où s’insinue fatalement la « tribu des mots », de haut en bas et de bas en haut. C'est-à-dire de l’infiniment bleu à l’infiniment ocre. Et vice versa, là aussi…

Place aux « terrasses de lichen », à ces « anciennes tours qui se relâchent déjà » puisque tout est prêt pour le grand sacrifice rituel : « le turban de lin / l’autel / le chandelier de pierre purifiée »…
Et puis le chant incantatoire à déclamer, lequel, dans un instant « ouvrira les portes, toutes les portes du dôme ».   




***
-  Jusqu’au 15 janvier, la galerie d’art L’Atelier 21, Casablanca  présentait les œuvres récentes du peintre Fouad Bellamine. ...la peinture est sa passion. Sa première exposition à Paris en 1980 est saluée par les critiques d’art. Fouad Bellamine s’installe à Paris où il résidera une dizaine d’années. Il peint pendant cette période des arcs, arches, voûtes où la gestuelle du corps est consubstantielle avec l’acte de peindre et le «faire espace». (Le Matin.ma)

- Plus sur le poète Mohammed Bennis, l’un des poètes les plus importants de la poésie arabe moderne.
 sur Maghress et 
Wikepedia

Aziz Zaâmoune, publications : article Francopolis. - Librairie Francopolis


  Aziz Zaâmoune
Revue Francopolis février 2013
recherche Gertrude Millaire

 

 
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Créé le 1 mars 2002


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