Esmeralda
Esméralda
Je suis
Quasimodo
Nous
tous, Phoebus, Frollo
Avons
la même infirmité,
Nous
tous faisons le dos rond,
Captifs
de cette féminité,
Qui
nous attire,
Qui
nous chavire
Et nous
fait perdre la raison.
Le
chasseur est la proie,
Le
maître est l'esclave,
De la
nature, ce sont les lois,
Et les
femmes le savent.
Ainsi
cette beauté sauvage
Conçue
à Reims d'une vision Hugolienne
Transposée
sur la scène Parisienne
Du
parvis de Notre Dame
En
plein moyen âge
Nous tient tous sous son charme.
Toujours
tu nous damneras
Esmeralda.
C’est lors de sa venue à Reims pour le
sacre de Charles X, que Victor Hugo en visitant les abords de la basilique
de St Remi a rencontré une gitane et le sonneur de cloche qui était bossu.
Il a ensuite transposé ces deux
personnages au moyen âge sur le parvis de Notre Dame de Paris.
***
La création

Curieuse pulsion que celle de la
création,
Elle ne vient pas du calcul ou de la
réflexion,
Elle ne vient pas de la quiétude ou du
repos,
C'est comme une mise en danger, un saut
dans l'eau.
S’il n'y a pas l'ardente nécessité d'en
sortir,
De se dire entre abandon et échec,
Le premier je ne veux pas vivre avec,
Le second est le pire.
Alors dans la plus totale confusion,
Je ne peux qu'aller chercher dans mon
inconscient,
Dans des ressources dont je reste
ignorant,
Cette étincelle que l'on nomme
intuition.
Mais à ce stade, ce n'est que la
fécondation,
Pour passer de la conception à la
réalisation,
Ce qu'il faudra de temps et
d'opiniâtreté,
Je ne le sais jamais d'avance.
Je sais qu'il me faudra mobiliser
énergie et expérience
Pour goûter aux joies de la paternité.
***
Fatrasie

Es-tu une
poésie
Héritière
de formes anciennes
Es-tu
fantaisie
Tout
juste sortie
Des rêves
d’Etienne ?
La main
au menton
Stigmate
de la réflexion,
Toi
aussi, tu t'interroges.
Peut s'en
faut que tu en perdes la tête,
Quel
créateur t'a ainsi faite
Et de
l'académisme, tant, déroge ?
Il
t'avait fait un joli port de femme,
Il avait
choisi une belle robe,
Volant et
s'ouvrant subrepticement
Épousant tes
formes et le mouvement,
Puis
soudain ton corps se dérobe,
Pulsion
créatrice ou vague à l’âme ?
Écoute
Fatrasie
Tu es
faite ainsi
Parce que
ton sculpteur écrit des vers
Avec son
imagination et un peu de terre,
Symbiose
artistique
Faisant
de toi, assurément, un être unique.
***
Ma Première

Ais- je été ému par cette fraîcheur
juvénile
Qui s'offrait à mes regards,
Mon émotion n'était-elle due qu'à la
tâche difficile
De transformer ma terre informe en œuvre
d'art.
Comment donner à cette motte d'argile,
Les justes proportions
De cette beauté élégante et gracile,
Pour qu'elle transcende cette émotion.
La tête en feu les mains fébriles,
J'ai travaillé la matière,
Mes gestes étaient gourds et malhabiles,
Mais je ne me suis pas laissé faire.
Carlos était là, le conseil utile,
Tu étais ma première,
Je ne t'ai quitté qu'en ressentant un
souffle subtil,
De ta bouche, s'exhalait un léger filet
d'air.
***
Oh ma Colombe !

Ma blanche colombe
Mon bel amour
J'ai souvent pensé à toi,
Je t'ai rêvé la nuit, je t'ai rêvé le
jour
Jusqu’à ce que, enfin, je te vois.
Tes jambes s'allongent, s'allongent,
On ressent la tension dans chacun de tes
membres,
Ton corps est en arc, tes reins se
cambrent,
Et dans ton regard, mon regard plonge.
Tes mains sont comme des ailes,
Tu prends ton élan, tu prends ton essor,
Mais que fait-elle,
que fait-elle ?
Je t'en prie ma colombe, reste là,
Danses-tu, danses-tu encore,
Ou vole tu déjà.
***
Pour voir et lire la suite :
Le livret complet dans notre Bibliothèque Francopolis – n° 9
© Étienne Fatras – sculptures et poèmes
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