
les étoiles
j’ai veillé les étoiles
parfois si près
que j’ai failli en perdre
la vue
et elles devenir veuves
comme chaque berger
délaissé par la mer
je me suis consolé
de miel et de silence
trahi par tous les saints
ayant épuisé chaque livre
ne me reste-t-il
que les lèvres diaphanes de
ta nuit
***

la femme de sable
du miel et des baisers
blessures et larmes
sous sa chemise de nacre
le jour à ses pieds
elle ignore trésors et
guerres
flottant au-dessus du monde
sa voix son souffle sa
caresse
rendent jalouses roses et
légendes
quand au crépuscule qui
halète
ses amants le désespoir
épousent
elle s’élance vers les dunes
épargnant seuls les égarés les
poètes
***

l’éveil
quand vient le soir
mon cœur s’ouvre à nouveau
avec mon amie
je mange je bois célèbre
l’Un
oh sages et bourreaux
pourquoi aurais-je peur de la
vérité
laissez-moi caresser l’oubli
je sais que je mourrai
demain
depuis toujours les étoiles
tombent
et d’autres mondes se
créent
de la poussière aux
fleuves
jusqu’à la naissance de l’été
j’ai assez vécu lutté et
cherché
pour n’avoir ni idoles ni
maîtres à servir
dans la nuit de l’amour je
dors
je ne sais où je vais me
réveiller
***

souveraine
lumière tactile
de l’aube
avant que tes
mains n’inventent le soleil
et que le
vent entre tes lèvres naisse
nous n’avions
pas besoin de dieux
et vivions
sans les anges alors
***

l’île promise
armure impeccable
œil de paon
grisé
en ce corps ouvert
bouche nue
vers l’île
promise
guerre du temps
de la barque
contre la plage
le cri
à l’aube de la peau
de la blessure
et de la vérité
***

the beloved (1)
i woke
up yesterday
with my
beloved
i did
not look at the sun
the moon
i ignored
why would
i need
to worship
the stars alone
while her
skin covers my body
her eyes
with summer bathe me
la bien-aimée
je me suis réveillé hier
avec ma bien-aimée
je n’ai pas regardé le
soleil
la lune j’ai ignoré
qu’ai-je besoin
d’adorer les
astres seul
alors que sa
peau couvre mon corps
ses yeux me baignent d’été
***

le poète triche
entre la lumière et l’eau
les astres ruissellent
dans le cœur de la nuit
et naît toute la
souffrance
transi entre les mensonges de
l’hiver
et la mémoire de l’argile
pour sauver sa peau
le poète triche
***

back to Greece (2)
in the time of your love
when the sea covered the stars
and the paths spoke to the island
there were shepherds and sailors
singing to the rhythm of our pace
in the time of your words
i followed the dreams of grass
as we walked facing
the waves
age and flesh didn’t matter then
and dawn had a new gaze
in the feast of your joy
the world had no limit
i traveled with very little
carrying only your pearls
and the tears of the stars in my bag
retour en Grèce
au temps de ton amour
quand la mer couvrait
le ciel
et les sentiers
parlaient à l’île
il y avait des bergers
des marins
qui chantaient au
rythme de nos pas
au temps de tes mots
j’ai suivi les rêves
d’herbe et de rosée
tandis que nous
marchions face aux vagues
l’âge et la chair ne
comptaient pas alors
et l’aurore avait
d’autres yeux
dans la fête de ta joie
le monde n’avait
pas de limite
je voyageais avec
très peu
emportant seulement tes
perles
et les larmes des
étoiles dans mon sac
***

lotus kiss (3)
always
on the path
of love
the sage fails
but
your embrace
is holier than power
your silence warmer than truth
baiser de lotus
toujours
sur le sentier de l’amour
le sage échoue
mais
ton étreinte est plus
sainte que le pouvoir
ton silence plus chaud que
la vérité
***

l’attente
je ne fais que traverser
rues armes baisers païens
et de la ville
les bruits les voix
sous le fleuve
racines voyageuses
sur le pont
formes d’aujourd’hui
enceintes de demain
rempart contre le ciel
ou stigmate rauque de
l’étreinte
les oiseaux vivent et
meurent
pour ton regard pour ta soie
***

secret garden (4)
i know the desert
as you know my heart
i stared at the stars
from the top of your wound
jardin secret
je connais le
désert
comme tu connais mon
cœur
j’ai fixé les étoiles
du haut de ta
blessure
***

Jewish song II (5)
this woman is a modern heroin
every day she goes
to work
nourishes her children with more soul
and the streets with her resolute pace
when we meet and she reads to me
her love story with Saint John of the Cross
i find it hard to wait for the day
when i’ll wear the fire of her world
and i can’t wait for the time
when she tells me again
about how she and Salomon loved
and we all wrote the Song of Songs
chanson juive II
cette femme est une
héroïne
tous les jours elle
va au travail
nourrit ses enfants avec
plus d’âme
et les rues avec
son pas résolu
quand on se rencontre
et qu’elle me lit
son histoire d’amour
avec Saint Jean de la Croix
j’ai du mal à
attendre le jour
où je m’habillerai
du feu de son monde
et je ne peux
attendre le moment
où elle me
racontera encore
comment elle et le roi
Salomon ont aimé
et nous avons tous
écrit le Cantique
des cantiques
***

amours voyageurs
me réveillerai-je au matin
les bras noyés dans ta
chevelure
jaloux des oiseaux qui s’y
cachent
des psaumes qui s’y
récitent
je cours épouser tes yeux
avant les mots sur tes lèvres
quand ta main me guide
et tes poèmes me caressent
ton parfum arrimé à l’été
ton corps saint et doux
je poursuis ma route
sur l’éveil de ta peau
à l’aube ou dans le creux
de la nuit
quand les hommes prennent
peur
de la terre aux étoiles
nous suivons le chemin
©
Peintures Rini Ferhi / © Poèmes Hafid Gafaïti (juillet 2022)
(1) (2) (3) (4) (5) Ces poèmes écrits originellement
en anglais sont traduits en français par l’auteur.
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