Il est des neiges à la douceur
de peau,
au lait
fumant de l’aube, au sein chaud de femme,
où se
lovent nos nuits, où s’enfantent nos joies.
On y
tête les premières gouttes du jour,
comme frissons du premier émoi.
Même s’il reste des étoiles
sur la neige,
l’enfance court
si vite, sur les rebords d’une vie,
que je
veux m’asseoir, pour écouter son rire.
Parfois, la neige est lourde
sous la paupière des nuits.
Chaque gorgée de silence, en
garde un goût de terre.
La
mémoire s’accroche aux murs,
et récite une prière d’enfance, au buis de la
croix.
On
glisse de mains en bras, de braise en feu.
On
cherche sur le carreau des neiges,
la buée, encore chaude, d’une voix.
Alors, flotte dans le vent,
chaque syllabe de ton chant,
tel un
sourire d’oiseau, habillant un souffle d’aile.
Même à flanc de montagne, aux
parois limées de neige,
s’accrochent, les
racines noueuses du jour.
A
chaque pas,
la lumière lèche l’écorchure de notre marche.
Au sommet, là où l’air se tait
d’avoir tant donné,
on
respire la paix des terres lointaines,
où la
pierre boit la sève des neiges éternelles.
Restent dans nos yeux, les
neiges sans parole,
le
silence en écho, comme un chant intérieur.
Ces
neiges sans fin, où s’enfoncent nos doutes,
nous laissent nus face aux routes intracées.
Est-ce
trop de lumière ou d’espace pour qu’hésitent nos pas ?
Pourtant,
au-delà des mélèzes, s’ouvre la paume généreuse des vallées.
Sous l’haleine chaude de midi,
fondent les neiges,
pour que
pousse le soleil en pleine terre.
© Francis
Gonnet, Sang de nos racines (inédit)
***
Le vent court
encore au sel de ton souffle
Le granit vibre
au bâti du regard
Au-delà des
tempêtes
le rocher
résiste
L’épaule du
rivage, s’appuie au bois du chemin
Sous le tissu
du silence
tu portes la
chaleur des sables
Main contre
toi, joue contre froid
A chaque
marée, tu cherches ta part de sable
Tu frottes la
peau du vent
touches
l’odeur des algues
craches les
paroles poisseuses d’océan
Reste blottie
au ventre des sables
Il fait une
chaleur d’enfance
Renais à chaque
goutte
Bois à chacun
des souffles qui portent à l’horizon
© Francis Gonnet, Terre aux couleurs
des ressacs (inédit)
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