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vos créations |
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Janvier-Février 2020 L’homme et la terre : en mode cantate… Assemblages de cuivres, bois et voix de Jeanne Gerval ARouff, accompagnement à l’alto par Dana Shishmanian |
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La boîte de l’espérance…
(réalisation de Jeanne Gerval ARouff) |
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L’arbre-feuille crucifié,
détail L’arbre-feuille
crucifié, assemblage éphémère, 10-11 janvier 2020 (en pensant aux incendies
d’Australie) |
Essence
Tu nous ramènes, femme, à notre essence, semences d’étoiles. Rayonnement vibratoire amplifié des confins des galaxies, baume des cœurs quand montent les eaux fulminent les feux ciel de cendre nuage de lave éjection de flammes. La grande Nasa voit bleu, face à la boule rouge ! Y lira-t-elle la seule nuit de la dissolution en marche ? Le seul feu d’une irrémédiable déconstruction, ou l’allumage salutaire de la libération, ou encore la brûlante passion de Kali-Ma ? Surprise par les irruptions solaires, l’œil sceptique, la grande Nasa brûlera-t-elle, inconsciente, sa rétine, au feu ascensionnel de la Shakti ? Embrasée, malgré elle, du feu-fluidité de l’eau, laissera-t-elle pacifier ses dernières résistances à l’afflux de la Lumière, s’hydrater au sein de cet Éveil inespéré ? Jeanne Gerval ARouff, Ile
Maurice – Floréal, 9 mai 2010 (inédit paru dans Francopolis de février 2014) |
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Terre
suicidaire
Ma terre
fustige tape dans
les portes verrouillées
de ses vannes envoie
des coups de pied crache
des cris colériques s’acharne
avec haine sur ses
boucles d’oreille un petit
mot un geste
au passage quel
qu’il soit et elle
craque juste une
claque bien
cinglante bien nerveuse envoyée
dans l’air contre
personne contre
tout le monde ultime
tentative de défense et puis
elle cède à son
propre poids se
retourne sur soi sa vanne
secrète s’entrouvre ce
n’était pas verrouillé en fait juste
disposé autrement mais là
maintenant à l’envers la
pression n’est plus contenue une fine
coulée de lave rouge-sang mêlée de larmes et de
cendres incandescentes s’échappe
doucement comme un
soupir après l’apnée je sais que si je
ne la contiens pas à cet instant même je ne
pourrai plus jamais m’arrêter
de pleurer vite je
me cache une mince
membrane à la surface du gisement volcanique
de mon cœur ouvert palpite tremble
telle une feuille au vent d’un
printemps à jamais absent non pas encore non tiens
encore les yeux écarquillés pour arrêter le déluge suspendu
à tes cils et
répandre encore de tes
regards hagards un
semblant de zéphire sur la
braise naissante mais elle
ne peut pas elle
déchire sa peau elle
déverse son sang de son
cœur de feu poignardé
comme un animal de
sacrifice elle
secoue ses plaques explose son écorce son sang
est brûlant et visqueux son
souffle refroidit les chairs et glace les pupilles vaincue
elle tue des
enfants innocents les siens elle ne
sait pas reconnaître le mal c’est
qu’elle a trop mal dans son corps elle est
à bout elle ne
sait pas où frapper elle
frappe là où elle a mal dans son
propre corps elle ne
sait pas combattre son ennemi elle
détruit ce qu’elle a de plus près d’elle ses amis elle tue
des innocents elle frappe son propre corps elle
détruit ses amis pour ce
péché de suicide qui
l’absoudra pas moi
pas moi la
tragédie est désormais consommée personne
n’est plus là pour la
dernière catharsis ni
acteurs ni spectateurs les
personnages seulement que nous
fûmes tous elle
comprise hantent
les souvenirs du néant tels des
cauchemars dont il
n’arrive pas à s’arracher et ma
main qui écrit ici agite ses
pensées endormies comme la
mère passant ses doigts dans les
cheveux de son fils le matin quand
elle le réveille pour aller à l’école Dana Shishmanian,
avril-mai 2010 (en pensant au
tremblement de terre d’Haïti). Extrait de Mercredi entre deux peurs, L’Harmattan, 2011 |
La
Vierge à l'Enfant 1981 de l'Espace JGA, en bois teckoma, rebaptisée
La Madone de Floréal 2008 Mais une chandelle peut
toujours s’allumer sur la petite table… avec la flamme du cœur. Assemblage, 1-2
janvier 2020 La tête de l’autre sur un plateau, ou Le quartier de Lune dans l'œil…, bois, 7 janvier 2020 « Mes conditions de création pour cette suite
de De cuivre et de bois ne sont + les mêmes qu'à l'époque de : De
pierre et de bois. Je
n'ai quasiment + rien. Ni les nombreux outils (donnés), ni les
matériaux.... Pas possible de les stocker. Ni de faire du bruit. Ni la
même santé. Je fais comme je peux. La vie doit continuer, quelles que
soient les circonstances. » Jeanne Gerval ARouff, 7 janvier 2020) « En fait cette tête me suggère moins St Jean sur le plateau
que l’Homme en pleine interrogation quant à son destin et ses propres
actions… que fais-je ? qui suis-je ? où vais-je ? » Dana Shishmanian, 8 janvier 2020 |
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L’artiste et
écrivaine mauricienne Jeanne Gerval ARouff a honoré de nombreuses fois les
pages de notre revue, en particulier à cette même rubrique, Créaphonie
(2013-2014, parcours de son œuvre en 12 stations) et à la rubrique Vue de
francophonie (2018-2019, cycle Eloge de l’émerveillement). |
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Créaphonie : Jeanne Gerval ARouff
recherche Dana Shishmanian
Francopolis, janvier-février 2020
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