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Pierre Autin-Grenier par Shahda

 

ENTRETIEN AVEC PIERRE AUTIN-GRENIER

par Hélène Soris


Pierre Autin-Grenier est né à Lyon à la Saint-Isidore 1950, il bruinait légèrement sur les quais de Saône. Auteur de poèmes en prose, nouvelles, récits et textes courts d'autofiction, il partage son temps entre sa ville natale et le Vaucluse où il habite.

Bibliographie

  - Chez Gallimard :
- Je ne suis pas un héros,
L'Arpenteur/Gallimard 1993 et folio 2002 (n°3798)

- Toute une vie bien ratée,
L'Arpenteur/Gallimard 1997 et folio 1999 (n°3195)

- L'éternité est inutile,
L'arpenteur /Gallimard 2002

- Les radis bleus
à paraître chez Folio/Gallimard, mars 2005

- Friterie-bar Brunetti
à paraître chez L'Arpenteur/Gallimard, octobre 2005

  - Chez d'autres éditeurs :
- Jours anciens 1980,
L'arbre éditeur (02370 Aizy-Jouy), 2003 (réédition augmentée)

- Histoires secrètes (réédition),
La Dragonne 2000

- Chronique des faits,
L'arbre éditeur (02370 Aizy-Jouy), 1992

- Légende de Zakhor,
L'arbre à paroles 1996
(réédition) éditions en forêt / Verlag Im Wald Rimbach

- 13, Quai de la Pécheresse, 69000 Lyon,
(roman collectif)
Éditions du Ricochet 1999


Hélène Soris : Pourquoi écrivez-vous ?

Pierre Autin-Grenier : Parce que, de temps en temps, je ne peux pas m'en empêcher ! Peut-être aussi pour communiquer avec mes semblables et tenter de m'en faire aimer.



H.S. : Pensez-vous à la postérité , cette autre façon de ne pas tenir compte du temps peut être ?

P.A.G : C'est une idée qui m'est tout à fait étrangère et même me fait rire ; ma veuve vous le confirmera volontiers.


H.S. : Pensez-vous écrire un roman un jour ? (mais je dis peut-être une bêtise c'est peut-être déjà fait)

P.A.G : Je lis très peu de romans. Pour ainsi dire seulement ceux de mes amis. Je suis plutôt attiré par le texte court, les nouvelles, le poème. La forme brève. Quand même paraîtra cette année, toujours à L'Arpenteur/Gallimard, «Friterie-Bar Brunetti», un texte d'une centaine de pages ; mais cela ne s'apparente malgré tout pas au roman, ni par la forme ni par le fond. Encore quelque chose d'inclassable sans doute !

H.S. : Y-a-t-il des écrivains ou des poètes dont vous sous sentez proche ?

P.A.G : Ce serait bien long de citer tout le monde ! Disons, côté poésie : Yannis Ritsos, Jean Follain, Constantin Cavafys, Nâzim Hikmet, Jacques Réda, Casimir Prat ou Jean-Pierre Georges ; tant d'autres encore ! Côté proses : Céline bien sûr, Thomas Bernhard, Jean Genet, Louis Calaferte, Cioran, Gombrowicz, Raymond Carver,etc... etc...


H.S. : Notre époque dit-on est celle de la communication, vous m'avez confié ce poème : «Voix»
«Mais cette bouche qui murmure dans le noir, es-tu prêt à l'écouter ? Cette voix violette de colère contre les mille complots de l'ordre, es-tu vraiment décidé à l'entendre ?»
Pensez-vous comme moi que nous n'entendons plus grand chose ?

P.A.G : On entend surtout le tapage c'est sûr. Ceux qui n'ont rien à dire parlent toujours trop fort !

H.S. : Avez-vous un ou des livres de chevet ?

P.A.G : Je ne lis jamais au lit !

H.S. : Vous n'avez pas écrit que des histoires teintées d'humour. «Histoires secrètes» m'a à l'inverse embué les yeux.

P.A.G : Souvent l'humour ou l'autodérision restent une manière de pudeur.

H.S. : Doublement intéressée puisque Francopolis a pour but de promouvoir la littérature francophone et que j'habite dans la région Rhône-Alpes voisine de la Suisse romande, j'aimerais vous poser cette question :
Pouvez-vous nous dire en quoi consiste l'association «Lettres Frontière», qui m'a-t-on dit vous a sélectionné pour participer au développement d'échanges littéraires.


P.A.G : Le but de l'association est de faire connaître ce qui s'écrit et se publie en Rhône-Alpes et en Suisse romande. Elle développe prioritairement des actions concernant les auteurs et les éditeurs de Rhône-Alpes et de Suisse romande selon les axes suivants :
    - elle réalise des sélections d'auteurs (en principe, chaque année, 5 auteurs Suisses-romand et 5 auteurs Rhône-Alpes)
    - elle fait la promotion de la création et de l'édition littéraires de part et d'autre de la frontière
    - elle suscite et accompagne un programme de manifestations littéraires
    - elle s'attache à promouvoir toute mise en valeur artistique des œvres littéraires des écrivains sélectionnés.
    (Vous pouvez consulter le site de Lettres frontière : http://www.lettresfrontiere.net)

H.S. : Vous racontez le présent, avec le ressenti qu'il provoque ; le faites-vous de mémoire ou prenez-vous des notes au cours de promenades, de rencontres ?

P.A.G : Plutôt de mémoire et d'invention ; tout n'est pas directement autobiographique dans ce que j'écris, loin de là ! Mais il est vrai que j'ai toujours sur moi un petit carnet noir où noter une idée, une phrase entendue, un mot d'une chanson, etc.

H.S. : «Si on écrit de la fiction autant que ce soit vrai» cette citation de Simon Ortiz est en exergue de votre dernier livre «L'éternité est inutile»
Or, votre chapitre «courir la prétentaine» laisse supposer que vous faites rarement des voyages lointains.
C'est vrai ???


P.A.G : Tout à fait ! Je ne suis du tout voyageur autrement qu'en rêve !

H.S. : Vous êtes dit-on cycliste comme Louis Nucera ou Georges L. Godeau , la bicyclette véhiculerait-elle l'inspiration ?

P.A.G : Mon ami Godeau est mort, Luis Nucera aussi et à bicyclette lui ; alors depuis quelques années j'ai laissé le vélo et pris quelques kilos. Mais je suis toujours vivant !

H.S. : À quoi pensiez-vous en choisissant ce titre «l Éternité est inutile» ?

P.A.G : La réponse se trouve en somme dans le texte qui ouvre le livre : «C'est ici et fissa qu'il faut lutter, l'éternité est inutile». Mon pessimisme se veut combatif et je pense qu'il vaut mieux vivre et tenter d'agir sur le quotidien que rester dans le rêve vaporeux d'un au-delà assez aléatoire.

H.S. : Cette auto-dérision que vous semblez cultiver viendrait-elle de ce pendu que vous avez rencontré quand vous étiez enfant ? Avez-vous très tôt pris conscience de notre fragilité ?

P.A.G : Oui, fragilité de vivre. D'où ridicule de toute ambition. Mais ce pendu, je peux dire que je le rencontre encore tous les jours ici ou là !


Hélène Soris
pour Francopolis février 2005

Créé le 1 mars 2002

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