Question 1-
Pourquoi avoir choisi de
baser votre approche artistique sur le signe ?
Toute mon approche artistique est basée sur le signe.
Quel signe ? Le signe
narrateur, le signe décoratif, le signe sociologique, le signe
métaphysique, le signe symbolique, le signe alphabétique ?
C’est tout cela.
Peut-être serait-il intéressant de préciser
l’environnement de cette approche pour mieux la saisir.
Pourquoi n’ai-je pas développé cette approche dans
d’autres directions ?
Pourquoi le signe m ‘ a-t-il habité dès mon enfance ?
Le mot est prononcé, l‘enfance.
Une journaliste avait écrit après sa visite à mon
exposition :
« Les toiles d’Ikken semblent
dégager des contes appartenant à la tradition orale
qu’il traduit en signes et en couleurs étincelants.
Hiéroglyphes ? Tatouages ? Pièces de puzzle ? Alphabets
méconnaissables ? Serait-ce un langage onirique ou un langage
d’une autre dimension ? Les symboles énigmatiques dans les
toiles d’Ikken stimulent l’imagination et la poétique, ouvrent
une voie intimement liée à l’inconscient
»
Aussi loin que ma mémoire permet de remonter, je me retrouve
toujours au milieu des trois éléments qui ont
marqué mon enfance et qui constituent le substratum de mon
activité artistique.
*Les contes de
mon grand-père, la lecture des livres sur Antara, Séif
elyezel, les mille et une nuits etc… ainsi que les
légendes orales qui se transmettaient de père en fils.
*Les tatouages
de ma grand-mère dont le mystère m’intriguait. Je ne
comprenais pas la signification. A l’époque je
ne savais même pas que certains signes sur le visage ou sur les
avants bras représentaient des lettres d’alphabet.
*Le
tissage des hanbals. En hiver, ma grand-mère installait un
métier à tisser dans ce que nous appelions le salon et
durant les longues veillées d’hiver tissait ce genre de
couverture. Les traits en couleurs, les signes apparaissaient au son
des chants que reprenaient les femmes ou au rythme des contes où
les mythes et l ‘amour créaient une ambiance
émotionnelle riche en sentiments.
C’est cette ambiance qui avait influencé ma
première formation artistique. Ces éléments
s’harmonisaient certainement avec ma mémoire collective qui
avait déclenché en moi un besoin d’expression qui
ne s’est manifesté que bien tard même si certains indices
pouvaient être relevés à cette époque comme,
par exemple, ma tendance à aimer le dessin à
l’école. Cette expression s’est donc formée dans le
terroir, dans cet environnement culturel, pouvant paraître comme
brut, mais qui est chargé d’un grand héritage de
plusieurs siècles, amputé parfois ou sauvegardé,
mais profondément lié à notre
personnalité.Bien entendu, tout héritage est
évolutif. Il cumule les apports des autres cultures, de
l‘expérience, de la découverte, de l’ouverture sur l
‘autre.
Les interrogations aussi.
Pourquoi telle forme ou tel signe, sont-ils utilisé dans
telle aire culturelle et ne le sont pas dans l’autre
?
J’ai commencé à m’intéresser à ces signes :
tatouages, alphabet tifinagh, signes des tapis, des murailles du Sud,
les zélliges, les arabesques, les bijoux …
Dans une première étape, j’ai transfiguré ces
signes en les reprenant sur des supports picturaux. Ils suivaient la
fantaisie de la créativité. Ils étaient,
cependant, miniaturisés, englobés dans un ensemble.
Ce fut une époque assez particulière, mes travaux
étaient de petite dimension et j’appréhendais les grandes
surfaces.
Les tableaux de cette période étaient sous forme d’un
conglomérat où la couleur et la composition se diluaient
dans ces ensembles.
Puis le signe prenait de plus en plus des formes dans sa petite
dimension. On retrouvait des formes humaines, zoologiques,
cosmogoniques….
Dans ma mémoire collective, ces signes semblaient
déclencher les formes premières de leur origine, la plate
forme de leur expression initiale.
A ce stade de mon approche, et jusqu’à maintenant d’ailleurs,
certains visiteurs retrouvent des rappels ou des rapprochements avec
certains hiéroglyphes ou avec les signes de la civilisation
aztèque. Ce qui est normal, surtout lorsqu’on sait que
l’expression humaine est la même à l ‘origine et que
sa segmentation s’est faite avec l’évolution du temps.
Progressivement, le signe s’est affirmé par son
expressivité en prenant son indépendance par rapport aux
signes trop identitaires du passé.
Il déclenche au niveau de l’imagination des rappels d’images qui
intriguent le regard, l’interpellent ou le transportent
dans des lieux qui lui sont familiers mais qu’il n’arrive pas à
décrypter.
Ainsi, le signe immigre de son contexte local à un contexte
universel, en ouvrant d’autres horizons au rapprochement des
cultures, à la connaissance humaine.
Lors d’une de mes expositions, j’ai voulu marquer ce rapprochement en
l’intitulant « de Volubilis à Delphes » Je
voulais signifier que la culture humaine est la même et qu’elle
se retrouve à travers ses différentes expressions
malgré le temps et l’espace.
Cette dernière exposition s’est caractérisée aussi
par deux éléments importants : la
représentation du signe dans son unicité et son
enchevêtrement avec d’autres signes dans une composition
horizontale. L’unicité du signe démontrait la force de
son expression par son intensité intérieure sans se
référer à la composition ou à la couleur.
Il se suffisait à lui-même. L’enchevêtrement des
signes a, à mon sens, une signification : celle du
rattachement des hommes et des choses entre eux par un lien horizontal
qui les ramène au même point.
Cette interprétation pose le problème de la consciente de
l’acte pictural. En commençant une œuvre ai-je
déjà pensé à ce que je ferai ? Dans de
rares cas, je répondrais oui, mais dans la majorité des
cas, non !
Le signe (la forme) surgit généralement d’une
manière spontanée, il est déclenché
par un phénomène relationnel entre le présent et
l’inconscient. Un mot, une émotion, un geste, le plus souvent
imperceptibles déclenchent un signe.
Comment s’effectue cette
relation ?
Je ne peux l’expliquer mais je pourrais la décrire par les
observations que j’ai pu relever lors des réunions de
travail. Généralement, mon attention se relâche
assez facilement, je ne peux la soutenir longtemps sans éprouver
le besoin de me libérer. Cependant, j’ai remarqué que le
fait de dessiner dans ces réunions me permettait de
soutenir mon attention et de suivre parfaitement les débats. Le
plus important, c’est cette faculté de maintenir l’attention en
éveil par le dessin en donnant la liberté à
l’inconscient de s’exprimer comme si je le
séparais du conscient.
D’une manière générale, le schéma de
ma création et de l’élaboration de mon œuvre se
présente en deux phases :
-Dans un premier stade la forme apparaît dans son aspect brut.
Son expression est suggestible simplement.
-Dans la seconde phase, je complète son expressivité par
la composition et la couleur en procédant d’une
manière intuitive et à partir de l’aspect
général de l’œuvre. Selon la forme, j’utilise des
couleurs fortes ou pastels. La composition tient compte, bien entendu,
de la surface de la toile et de l’objectif que je voudrais atteindre.
En développant cette approche artistique orientée
sur le signe, par intuition et curiosité intellectuelle, comme
il a été précisé plus haut, je ne pouvais
imaginer la double métamorphose qui s’est opérée
dans mes travaux et les profonds sentiments qu’elle imprime. La
structuration du signe s’est libérée de sa micro
dimension. Une floraison de nouvelles formes
établissent une emprise sur ma créativité. Le
signe puisé dans son environnement esthétique s’est
progressivement dégagé de son contexte,
générant un phénomène de rupture avec
l’espace et le temps. Il s’est libéré
de la paternité de toute pensée plastique pour
affirmer sa propre expression. Il se pose aussitôt des
questions : le signe, la forme dans son sens le plus large,
l’écriture, l’idéogramme ne sont-ils pas le fruit d’une
longue mutation à travers les siècles ? Ne
déclenchent-ils pas non plus, dans l’imagination fertile de
l’artiste, des images, des contes, des légendes ? Une histoire
dont les fragments sont bien ancrés dans la mémoire.
L’apparition de personnages, individuels ou collectifs constitue la
première manifestation de la mutation du signe
après avoir immigré dans différents continents par
ses rapprochements avec d’autres signes tels les hiéroglyphes ou
les formes aztèques. Ces personnages à la limite du
surréalisme suggèrent des sentiments divers.
Première lecture.
Au premier regard, le personnage semble sortir de l’ordinaire, il
se remarque par l’originalité de son attitude à
l’allure poétique, implorant dans la plupart des cas un brin
d’amour, en posant la main sur la poitrine, à l’endroit du cœur
ou par un geste détaché comme pour signifier sa
déception ou sa révolte de n’avoir pu obtenir ce dont
à quoi il aspirait. L’absence des traits de visage ne renseigne
pas sur l’âge du personnage. Il pourrait s’agir d’un jeune dans
la force de l’âge cruellement frappé par un destin qui l’a
privé de celle, qui durant un laps de temps, a
préoccupé son esprit malgré ses nombreuses
déclarations d’amour à l’ombre de ce grand figuier qui le
couvrait de ses feuillages. Ne serait-il pas plutôt un
homme au crépuscule de l’âge qui recherche dans sa
profonde solitude une petite lueur d’espoir. Une femme pour remplacer
celle qui a disparu par une fin d’après-midi d’hiver ? Dans tel
tableau, une forme, suggérant un corps sans l’être
cependant, étendu sur le dos, protégé par un trait
sous forme d’un cercueil. Présence de la mort visible par sa
couleur, impitoyable, inéluctable mais réconfortante,
quelque part, par son issue fatale. Elle ne semble pas trop
éloignée du personnage. Elle est aux aguets, son souffle
lui est insufflé par le vol d’un oiseau.
Seconde lecture.
Cette quête n’est-elle pas symbolique, ne
représente-t-elle pas la partie de la mémoire
refoulée qui refuse l’effacement ou simplement l’ignorance ?
L’accomplissement de la personnalité ne peut se faire dans le
parcellaire. Elle a besoin de la globalité de la mémoire.
La mémoire réduite entraîne la nostalgie
silencieuse, la perte du mot. Elle enfante des fragments d’images
altérés par le temps pour compenser sa douleur
lancinante. L’intégration ne réduit pas l’exil, elle
n’aboutit pas à l’oubli malgré le simulacre, la
substitution. Demeure la liberté, notion
éphémère liée aux conjonctures, à la
dénonciation de l’établi, aux sources qui engorgent les
événements. La mémoire est capable de profondes
mutilations de la pensée, du vécu, des relations. Le
personnage graphique tente de déchiffrer cet amalgame. Il troque
sa douleur contre le signe. Une manière de camoufler son mal, de
l’exprimer par cette infinité de traits à la
neutralité apaisante. Prenons une tombe, partie de la
mémoire, elle représente le passé, mais son
existence explique le présent. A condition qu’elle fasse l’objet
d’un recueillement de la part de la descendance Elle est une
continuité mais aussi une fin en soi. Une personne ou une
population qui quitte le lieu de résidence de ses ancêtres
ou arrête, par la mort, sa lignée ne met-t-elle pas la
tombe et elle-même dans un exil silencieux. Ce personnage aux
allures clandestines est une invention d’un imaginaire truffé de
fantasmes. Il ressent le besoin de reconstruire sa mémoire,
fardeau qu’il n’a pas cessé de traîner. Il refuse la ligne
de partage entre deux parties de la mémoire situées dans
deux époques, deux espaces différents, ce qui
altère l’enchaînement historique. La partie de la
mémoire située dans le premier espace perd sa voix dans
le second espace et réciproquement, la deuxième partie
devient aphone dans le premier espace. Comment concilier
alors les deux parties de la mémoire ? Par la
répudiation de l’une d’elle ou par le silence ?
La répudiation est le reniement d’un pan de sa
personnalité, d’une étape de la vie qui, au lieu
d’enrichir son intellectuel, altère son épanouissement
par un certain éparpillement ou isolement. L’absence de la
continuité dans la mémoire favorise incontestablement
telle partie sur l’autre. L’absence d’une harmonie entre les deux
parties aboutit à une dichotomie.
Le silence, dans ce cas, traduit une forme de frustration,
à la limite de la lâcheté. Taire une partie de sa
mémoire par intérêt égoïste, crainte ou
simplement par désir de bien faire ou de mieux se sentir ne peut
contribuer à résoudre le conflit de la division de la
mémoire.
La mémoire est présente à tout instant lorsque je
peins. Elle m’intrigue. Dois-je établir une relation avec les
images, les signes, les traits, les souvenirs qui me dominent à
ces moments ?
Une forme appuyée par une ou plusieurs couleurs guide
mon pinceau. Dans ma mémoire surgissent des images d’un
espace, d’un événement qui ne semble avoir, apparemment,
aucun lien avec l’œuvre. Pourtant l’impression ressentie est si forte
qu’elle m’obsède. Je tente de déchiffrer ou de comprendre
ce mystère. Je n’y arrive point. Est-ce là le
mystère de l’expression artistique qui ne s’attache à
aucune explication rationnelle ?
J’entreprends une autre tentative de compréhension en
reprenant le tableau le lendemain après diverses
activités et lectures qui n’ont aucun rapport avec la
peinture. Aux premières touches de pinceau, les
mêmes images m’envahissent et enchaînent un désir de
découvrir le pourquoi de la résurgence de ce souvenir
tenace et obstiné qui refuse de quitter mon espace conscient.
Peut être pourrais-je donner l’exemple du tableau que je peins
actuellement. Il s’agit d’une suite de silhouettes alignées sur
toute la surface de la toile. (90 cm x70 cm)
Les silhouettes en forme humaine pour la plupart sont au nombre de 85.
(De dimension 15 cm x5 cm approximativement)
Les images de la ville de Figuig où j’ai
séjourné à l’occasion d’un festival reviennent par
intermittence. Je reprends la feuille de papier sur laquelle j’avais
tracé l’esquisse. Je compte 47 silhouettes Ce qui
peut-être un détail puisque la dimension de la toile et du
papier n’est pas la même. J’étudie la feuille de papier,
je remarque trois numéros de téléphone en
plus des dessins. Ces numéros de téléphone
concernent mes contacts à l’étranger et au Maroc durant
la préparation des festivals de : Volubilis, Figuig et
Laâyoune. Bien entendu, l’esquisse existait avant la
réalisation de la toile qui a commencé après mon
retour de Laâyoune.
Pourtant, j’étais persuadé qu’elle avait un rapport
direct avec cette dernière ville où j’avais vécu
un séjour enchanteur. Je vivais donc une contradiction entre
le conscient et l’inconscient. Ne serait ce pas un message ?
Effectivement, après mon retour de Figuig, j’étais
bouleversé par cette ville enclavée à la
frontière algérienne et qui semblait
végéter. Les ksours, un véritable patrimoine
architectural d’une beauté attachante, sont
désertés par leurs habitants. Naguère, espace de
tolérance, de cohabitation entre les arabes, les
amazighues, et les juifs, ils étaient en pleine expansion.
Aujourd’hui, ils gardent humblement leur beauté pour
l’offrir seulement à quelques habitants et aux exilés
nostalgiques qui viennent, de temps à autre, revoir leurs lieux
de naissance ou les demeures de leurs parents, défunts ou
vivants.
Je reviens à moi-même. Tout mon intellectuel a
été marqué par l’exil
1-Qui est Aissa Ikken ...
Qui est Aissa Ikken ? Une bonne question à laquelle je
n’avais jamais réfléchi. Cela se résume
à « qui suis-je ?” Il m’est difficile de me
définir. Il serait prétentieux, de ma part, de me taxer
de certaines qualités ou de la fausse modestie si je dois
énumérer uniquement mes défauts.
Je peux, cependant, dire que je vis dans un univers de
sensibilité réceptif à toute émotion, comme
tout artiste. Je suis heureux lorsque je sens qu’une personne vibre
devant une de mes toiles ou s’intéresse à ma peinture,
comme je souffre lorsque je constate que son regard glisse le long de
la toile pour s’évaporer au-delà de son cadre. Dans ce
dernier cas, je me culpabilise de n’avoir pas su retenir son attention.
La mission de l’artiste dépasse souvent sa propre vision. On est
peintre, musicien, poète non seulement par son expression
esthétique, mais bien au-delà. Chaque œuvre
véhicule une idée, un message, engendre parfois un
dialogue. Dans tous les cas, elle n’est jamais construite gratuitement,
même si son auteur se trouve dans l’incapacité de lui
donner directement une signification.
2-La Villa des Arts de
Rabat….
Permettez-moi, tout d’abord, de remercier la Fondation de L’ONA
en la personne de son Président et l’équipe qui
l’accompagne dont la compétence et le dévouement
méritent tous les éloges. Je trouve que leur
nouvelle orientation marquée par le souci de diversifier
les expositions est une ouverture intéressante et un
encouragement réel pour la promotion des artistes.
Cette exposition me donne l’opportunité de faire une
rétrospective de ma vie artistique. Elle
permet de présenter quelques travaux anciens, des œuvres
graphiques et récentes, quelques travaux sur d’autres supports.
Elle donnera ainsi une idée de la globalité de mes œuvres
et tracera mon itinéraire artistique. Les périodes par
lesquelles je suis passé, mes préoccupations ou ma vision
esthétique.
3-Parlez- nous un peu de
votre parcours...
J’ai dessiné depuis ma plus tendre enfance mais toujours
fasciné par les signes qui meublaient mon environnement,
c’est-à-dire les tatouages, les motifs des tapis,
l’architecture, les zélligs Plus tard, je fus
recruté par le Ministère de la Jeunesse. Ma pensée
culturelle se développa alors par la culture populaire qui
fut à l’aube de l’indépendance, le principal cadre des
orientations de ce Ministère. La notion de culture populaire
doit être définie, il ne faut pas lui donner son sens
traditionnel, c’est une doctrine universelle qui s’était
développée en Europe après la deuxième
guerre mondiale. Des militants progressistes et idéalistes
s’étaient engagés à favoriser l’accès au
plus grand nombre de personnes à l’éducation et à
la culture. Elle partait de l’idée qu’un homme n’est pas
cultivé parce qu’il aura passé des années
dans les écoles et lu une quantité de livres. L’homme
cultivé est celui qui cherche passionnément à se
comprendre lui-même et à comprendre ce qui l’entoure, pour
le transformer. Dans le cadre de mes fonctions, j’ai suivi ou
animé des stages de formation, j’ai dirigé la
troupe théâtrale de Mâmoura durant plusieurs
années, j’ai animé le théâtre amateur par
des festivals durant plus de 25 ans, ainsi que des ateliers d’art
plastique, de musique etc… J’ai été également
directeur de la Cérémonie d’ouverture et du graphisme des
Jeux Méditerranéens, de jeux Panarabes, de la Franconie …
Mes activités artistiques sur le plan pictural ont
été nombreuses par des expositions nationales et
internationales, en plus de mes fonctions de secrétaire
général et vice-président de l’Association
Marocaine des Arts plastiques et membre du comité
exécutif de l’Association International des Arts Plastiques.
4- Vous êtes peintre
et poète …
J’écrivais de tout temps de la poésie comme je
peignais. Cependant, j’avais exposé avant de publier. Pourquoi ?
Si dans le domaine pictural, je me sentais dans mon
élément par les formes, les signes et les symboles que
véhiculait ma démarche artistique, mon expression
poétique créait en moi une contradiction dans la mesure
où j’utilisais une langue étrangère même si
elle a été celle de ma formation. Ce n’est que lorsque je
compris que les deux expressions sont complémentaires et
nullement antinomiques que j’ai publié mes premiers recueils. La
peinture, chez moi est plus profonde, elle semble liée à
ma mémoire collective ou à mon inconscient collectif. La
poésie est plus émotionnelle, elle traduit certaines
situations ou souffrances qui m’ont marqué, elle est plus en
rapport avec l’apparent, le visible. Selon l’état d’âme,
j’écris ou je peins, avec une prédominance picturale.
5- A côté de
la peinture, vous faites …
La
créativité est multiple, même lorsqu’on demeure
dans la même activité artistique. J’ai tenté une
expérience à partir du support. J’ai ciselé les
signes sur la pierre que j’ai ramené de l’Oukaimeden, où
il existe de nombreuses gravures rupestres. Le même motif je l’ai
exploité sur une toile et comme bijou. Selon le support, sur la
pierre, le signe nous replonge bien dans le passé, sur la toile
il démontre son aspect esthétique et comme bijou, il
atteste d’une grande modernité. Ce sont de simples
expériences dans un même cadre, même si elles sont
diversifiées.
6- Des signes
berbères identifiables …
Le signe a effectivement évolué, de sa forme identitaire
et de sa micro dimension, il est passé à un état
d’expressivité par lui-même puis s’est
métamorphosé en signes qui prennent une dimension
universaliste. Il remonte à son origine première de
l’expression de l’homme, dépassant toutes les frontières,
ce qui permet à tout individu quelle que soit sa culture de se
retrouver, d’entrevoir l’univers de l’autre à travers cette
fenêtre. Certaines personnes relèvent des
appartenances de mes formes avec les signes d’autres continents. Le
signe n’est pas tellement hermétique, il faut savoir l’observer.
Les sentiments, les émotions, les messages, les dialogues
internes bien enfouis dans mon tréfonds se trouvent
étalés dans ma nudité picturale et
poétique. Ils sont à la portée de celui qui
sait les déceler.
7-En général
…
Un simple mot, un regard, un geste, un rayon de soleil, un sourire, une
couleur qui se détache d’une fleur, d’une plaine ou d’une
montagne, une dune tout ce qui peut provoquer une émotion me
jette dans les bras de mon expression.
8- Que symbolise le signe
pour Aissa Ikken …
Le signe représente pour moi un rapport avec l’angoisse humaine.
L’angoisse, manifestation de la peur, du malaise, de la souffrance, la
mienne, celle des autres. C’est une main tendue à l’autre.
---
Question -2
Quelles sont les
expositions dont vous êtes fier ?
Bien entendu, ma première exposition individuelle, même si
ma peinture était à ses premiers balbutiements. S’exposer
pour la première fois devant un public qu’il ne vous
connaît pas est une dure épreuve, accepter les critiques
qui peuvent créer un doute ou les compliments réels ou de
complaisance etc… C’est pour l’artiste toute une nouvelle psychologie
qu’il devrait assimiler.
Il faut signaler comme autres expositions intéressantes pour
moi, l’exposition de Bab Rouah en 1993, l’exposition collective en
Chine et à Libourne en France. Dans ces deux pays ; j’ai pu
mesurer l’importance du signe comme moyen d’échange, de
contact humain capable de déclencher un dialogue par son
originalité et également par la sensibilité qu’il
est capable de créer.
Enfin, je suis content de la rétrospective de mon exposition
à la Villa des arts qui me donne l’opportunité de
présenter globalement les différentes étapes et
supports de mes œuvres. Je dois remercier pour cet égard, la
Fondation de l’O.N.A.
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Question -3
Peinture, poésie,
sculpture, bijoux, quelle est votre discipline de prédilection ?
J’écrivais
de tout temps de la poésie comme je peignais. Cependant, j’avais
exposé avant de publier. Pourquoi ? Si dans le domaine pictural,
je me sentais dans mon élément par les formes, les signes
et les symboles que véhiculait ma démarche artistique,
mon expression poétique créait en moi une contradiction
dans la mesure où j’utilisais une langue étrangère
même si elle a été celle de ma formation. Ce n’est
que lorsque je compris que les deux expressions sont
complémentaires et nullement antinomiques que j’ai publié
mes premiers recueils. La peinture, chez moi est plus profonde, elle
semble liée à ma mémoire collective ou à
mon inconscient collectif. La poésie est plus
émotionnelle, elle traduit certaines situations ou souffrances
qui m’ont marqué, elle est plus en rapport avec l’apparent, le
visible. Selon l’état d’âme, j’écris ou je peins,
avec une prédominance picturale.
La créativité est multiple, même lorsqu’on demeure
dans la même activité artistique. J’ai tenté une
expérience à partir du support. J’ai ciselé les
signes sur la pierre que j’ai ramené de l’Oukaimeden, où
il existe de nombreuses gravures rupestres. Le même motif je l’ai
exploité sur une toile et comme bijou. Selon le support, sur la
pierre, le signe nous replonge bien dans le passé, sur la toile
il démontre son aspect esthétique et comme bijou, il
atteste d’une grande modernité. Ce sont de simples
expériences dans un même cadre, même si elles sont
diversifiées.
***
Abdelhak
Najib
Francopolis juin 2008
recherche Ali Ikken