Patricia Laranco
Patricia Laranco : une présence incontournable sur
le Net
J’ai écrit (sur le site Terre à ciel
ainsi qu’à Francopolis) une note de lecture enthousiaste au
dernier recueil de poèmes de Patricia Laranco, Lointitude, paru
aux éditions de l’association La Jointée en 2009
(préface de Jean-Pierre Desthuilliers). Ce livre au titre
percutant, chroniqué par Eliane Biedermann, Eric Dubois,
Jacqueline Brégeault-Tariel (infos recueillies sur l’ancien blog
de l’auteure, Patrimages), ou encore France Burghelle Rey (sous son
blog), et Guy Chaty, dans Poésie/Première (reproduit sur
son blog), représentait un summum par rapport au six recueils
que la poétesse avait déjà à son actif, et
dont il convient de signaler deux recueils en autoédition que
personnellement j’ai beaucoup appréciés, car ils me
semblaient anticiper les découvertes de Lointitude : Failles
dans le divers (1994) et Circonvolutions (2002).
On peut lire régulièrement des
poèmes de Patricia Laranco dans Les cahiers du sens, la revue
annuelle du Nouvel Athanor, et dans de nombreuses anthologies, dont
L’Athanor des poètes 1991-2011 ; de nombreux poèmes
d’elle sont accessibles sur des sites en ligne comme :
Poésie française -
Société des poètes du monde - Regards - Le capital
des mots.
Pour les lecteurs de Francopolis, rappelons la
présence de Patricia Laranco au Salon de lecture, en octobre
2011, après une première participation à la
sélection d’octobre 2008. Enfin, il faut signaler ses
écrits en prose, entre poèmes et nouvelles symboliques,
oniriques, fantastiques, d’une écriture très
élaborée, dont elle a publié quelques uns dans la
revue en ligne du Chasseur abstrait (2010-2012), ainsi que dans
Francopolis (numéros de février et mars 2012).
Mais le plus riche déploiement «
numérique » de ses œuvres – car Patricia a pris le parti
de diffuser ses productions elle-même sur le Net, pour
éviter ainsi le combat épuisant consistant à
chercher un éditeur « classique » – se trouve sur
ses propres blogs successifs, Patrimages (de août 2008
à
février 2013) et Larencore (à partir de février
2013).
Le travail qu’elle fait là est remarquable
(tout en étant active, également, sur les réseaux
sociaux, notamment au sein de la communauté poétique sur
Facebook). Elle est passeuse de poètes, réceptrice
d’événements, lectrice impénitente de recueils,
essais, conférences, penseuse, philosophe, photographe, peintre,
sociologue.
Tout sujet trouve sous sa plume un centre
d’intérêt, une raison de transmission, de partage,
d’enseignement. Elle est en apprentissage permanent, avec une soif
inextinguible d’échange, de communication, de réflexion
interactive. Elle est en veille permanente : rien de ce qui se passe
dans ce petit monde des lettres, de la culture, des arts, ne lui
échappe, et vous pouvez être sûr que sans rien lui
avoir demandé, elle a fait écho à votre
soirée, a inséré une notice sur votre
événement, a signalé votre publication, a
commenté votre recueil… Vous pouvez lui faire confiance :
son blog – après Poezibao, qui reste inégalable de
complétude, bien qu’excluant d’office certaines modalités
de publication, est un des meilleurs « miroirs », par la
qualité et l’originalité de la réception, qui se
promènent de nos jours parmi nous.
Car le site de Patricia, est un miroir ambulant, une
conscience dotée de moyens d’auto-mobilité : on ne sent
même pas le corps, la main, l’œil de la personne qui agit
derrière… et qui mène la barque. Et pourtant, elle est
là, cette personne, bien vivante, bien présente, bien
efficiente, mais en tant que texte, sous-texte, sur-texte. C’est comme
cela que ses propres poèmes, ses écrits en prose, ses
essais, photographies, peintures, Patricia les sème comme si
c’étaient ceux des autres… avec la même passion, et le
même détachement en même temps : elle partage, fait
partager, d’où qu’elle vienne, la nourriture… Et on s’en
régale, avec bonheur.
Je me propose, pour une prochaine sortie de
Francopolis, de partager à mon tour avec nos lecteurs, une
mini-anthologie extraite des sites de Patricia… et principalement
composée, n’en déplaise à la bloggeuse, de ses
propres œuvres, comme si j’étais l’éditrice qu’il lui
fallait, pour rassembler et agencer à ma guise les recueils que
j’aimerais lire d’elle. Un, fait de poèmes en vers, l’autre, de
textes dans cette prose onirique-symbolique dont elle détient le
secret, pour vous tenir en haleine. Alors, à bientôt,
Larencore !
Mais non sans un avant-goût par le texte
ci-dessous, le dernier paru sur son premier site, Patrimages, le 8
février 1013.
Le ciel s’éclaircit.
Les espaces recommencent à galoper. En une
sorte de longue coulée d’écume moelleuse, de mouvance
dansante.
La lumière des jours qui rallongent a
déchiré l’écran du ciel.
Ses filaments pâlis caressent, effleurent les
étagements de toits comme de l’extrémité de la
pulpe des doigts…ou du bout des lèvres.
Quelque chose de vague, de mystérieux me dit
le lent réveil des sèves enfouies. Me murmure, me
suggère la clarté – en tant que possible envisageable.
Désormais hauts, les flancs du ciel sont
parcourus d’ondes laiteuses, doucement frémissantes qui à
présent savent – par le bouche à oreille – qu’elles ont
enfin pour ainsi dire le champ libre.
Si vagues qu’ils soient, les rares nuages semblent
afficher des coloris et des épaisseurs nouveaux, calqués
sur le souvenir des chairs d’oiseaux encore portées absentes….
C’est une brèche. Précaire. Fragile.
Où suintent les jours d’après. Où, entre les
strates d’air, d’étendue et d’odeur terreuse diffuse, s’insinue
l’écho toujours à demi avouable d’un manque futur.
Un gigantesque évidement pourrait nous
engloutir. Demain .
Dans une unique flamme qui serait celle – toute
informe – de notre attente.
***
Patricia Larenco
présentée par Dana Shishmanian
juin 2014.
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