La langue de Travers(E) - Mots d'automne
L'atelier d'écriture animé
par Philippe Vallet
Présentation
de La Langue de Travers(E)
Écrire
comme les feuilles à cette saison, elles viennent
mourir sur une ligne. entassées, cumulées,
sans autre raison que le vent et l’heure qui dit avant
l’hiver, le froid et la nuit grandissante, de venir
là, lentement, doucement, s’offrir à
la terre.
Écrire c’est remuer la terre du jour, ne pas
la laisser reposer et encore et encore retourner à
la bêche pour arracher à cette terre quelques
lignes.
Dans ce travail des mots, voici un réservoir dont
le vocabulaire est d’actualité avec le temps,
ce réservoir est un point de départ vous pouvez
ajouter autant que vous voulez de mots, vous pouvez n’en
prendre qu’un est tisser un texte.
Consigne d’écriture :prenez le temps d’écrire
vite, sans trop vous interroger sur l’accumulation,
de ce brouillon, d’un premier jet, vous ferez le choix
de ce que vous partagerez avec nous, utilisez le maximum
de mots du réservoir, créer vos consignes…
dans le sens où ils sont écrits, un sur deux,
en travers, du bas vers le haut….etc.)
(Pensez à éparpiller les mots sur une feuille..
que votre regard puisse glisser de l’un à l’autre
et de l’espace du silence prendre les échos
)
vendémiaire alentour
blocus se distinguer hasard
envier fruits confier
chute des feuilles accroupi
se pencher délibéré mangeoire
caractère d’authenticité contourner
entreprenant
donner l’éveil entasser
bonne étoile saute de vent sincérité
piqué braise orpailleur
buée résoudre frisquet
tapis suspendre remettre
se dépouiller battre la campagne
bouillonner rayon oblique
clairière surplomb mare organique
pèlerinage flaque ombre calcaire
EXEMPLES D'USAGE
Sur la buée d’une flaque à l’ombre
cachée, je distingue l’envie du fruit et je
veux me confier à la bonne étoile, à
la sincérité du vent qui dépouille
la forêt. Pas de rayon oblique, je me penche sur la
mangeoire et je picore la braise. Sur le tapis le soleil
est un orpailleur qui ne sait plus où regarder, chaque
pas est piqué d’or, chaque grain se dépouille
et confie à la chute des feuilles son caractère
d’authenticité. Hasard entreprenant où
se donne l’éveil, c’est un pèlerinage
où bouillonne la clairière. Hasard contourné
où le fruit dans la main annonce l’avenir.
A fleur de peau mes sincérités, le vent frisquet
contourne l’ombre où mes pas tracent le hasard.
La chute des feuilles ne compte pas les saisons, je reste
accroupi, je me penche sur la buée mise ce matin
à l’horizon, j’efface peut à peut
et ravive la braise qui luit au font du ciel, je profite
des sautes du vent et je réchauffe mes mains, je
distingue le fruit dépouillé de celui qui
doit patienter, je laisse bouillonner le mot au fond de
la mangeoire, j’accroche à ma mémoire
l’instant délibéré, l’instant,
l’orpailleur entreprenant de mes lignes, la chute
des feuilles n’est pas un hasard, je reste accroupi
et je compte.
Les orpailleurs du silence cherchent aux sédiments
secrets la clairière dépouillée où
le tapis de braise entreprend un caractère de vérité.
L'automne offre ses couleurs, il suffit de se pencher et
ramasser sur le bord du lit les fruits. Un à un dans
nos mains de caresses. Les étoiles ne battent plus
la campagne, elles confient à la chute des feuilles
leur part de réalité. Le vent se débrouille
avec la nuit et s’il pique chacun sait sa franchise.
Contourner l’étoile, la bonne étoile
du matin frisquet, celle que toutes les feuilles lorgnent,
l’étoile du caractère d’authenticité,
l’étoile accroupie sous le vent, celle qui
se distingue par sa lumière dépouillée
de toute buée, l’étoile de la chance
qui vous regarde dans les yeux, suspendue sur les bords
de l’ombre, celle entreprenante qui vous désigne
une braise battant la campagne d’un ciel limpide,
l’étoile ramassée du fruit confié
à la main le jour d’une grande faim, l’étoile
reflet dans la mare où tu te contemples comme si
c’était la première fois, l’étoile
sans hasard toujours présente, rarement aperçue
puisque tu es trop pressé, l’étoile
piquée sur l’envers de tes yeux, tu ne sais
plus goûter, sais-tu être là, étoile
sans raison organique qui se dit à l’instant
en priant d’être vivant, juste là maintenant.
Quelques
participations
Temps des ombres
Il n y a pas mieux qu'un verger
pendant l'automne pour faire parler
des hommes ou dire l'écho d'un hasard sans
saisons silencieuse furie
le ravage des patiences tout cet amour des temps,
témoin le frisson
des feuilles sa voix poussiéreuse suspendue
aux ongles aveugles
fidèles aux manies des gels,en bribes inaperçues
sans tamis se consume
lointaine absente sans lumière de l'œil.
Naissance dépouillée de son
temps telle la clairière d'antan pleurant ses
arbres ; elle interpelle
les ombres à marcher sur le monstre.
Ali
~*~*~*~*~*~*
A l’oblique du ciel
Dans le soir gris-mouillé
où bouillonnaient des ombres en quête
de contours
Un vent bleu attisait l’or
de ce Vendémiaire
Toi
L’orpailleur des mares
Concasseur des nuits
Tu m’escortais chercher au surplomb d’une
flaque
L’écho des mots
dorés
Des mots craquants de feuille
qui battent la campagne au hasard des bourrasques
Et le parfum des dombes
Où fermentent ces mots
Bien plus que notre cœur
Lilas
~*~*~*~*~*~*
Orpailleur du hasard
De ce blocus frisquet était né un rayon
oblique, un tapis adamantin contournant la mare d'ombre.
Le hasard se distinguait ainsi avec son caractère
d'authenticité et un seul nom : Bonne Étoile.
Pendant qu'alentour se dépouillait un à
un les fruits morts, suspendus aux mangeoires, l'entreprenante
Bonne Étoile donnait l'éveil à
la clairière. La buée battait alors
la campagne, trop heureuse, accroupie vers la chute
des feuilles. En surplomb, le calcaire se laissait
distinguer, petit chef blanc, fier de son statut d'aîné
sur ce relief piqué. Et que dire de ce tapis
de fleurs rehaussé de mille feux précieux
!
La Bonne Étoile, dans ce pèlerinage
organique, se voyait confier le caractère propre
de chacun. Elle oeuvrait à résoudre
le dilemme de l'orpailleur : donner ce rayon oblique
tout entier à la clairière ou le distribuer
à tout un chacun aux quatre vents ? Ce fut
un choix délibéré. La sincérité
en adage, elle remit au ciel sombre le rayon oblique.
Lui seul pouvait le faire rayonner à la fois
pour la clairière, la buée, le calcaire,
le tapis de fleurs et bouillonner pour un monde braise,
pour un monde vrai.
Où que tu sois Bonne Étoile, saute de
ce ciel vers notre clairière intérieure
que nous puissions tous devenir orpailleur du hasard.
Jennifer
~*~*~*~*~*~*
Si je regarde autour c'est
la chute
des feuilles accroupi je me blottis et tremble
pauvre chêne ô bois que je traîne
loin
non c'est n'est pas là de la buée le
nuage
j'y suis lâche et si je me dépouille
je ne m'effeuille
guerre parfois c'est trop violent
quand se bat ou se va le vent que tu n'homme sincérité
quel son mérité que ce mot qui parvient
aussi
à la clairière en surplomb tu parles
je me marre
et les mots scions font clic clac
aux tréfonds de la flaque y a mon esprit entreprenant
délibéré ment
à cause d'une bonne étoile imaginez
que je peine à résoudre ces moments
frisquets
ah ces matins de vendémiaire...
les beaux jours confiés
P.06
Pant
~*~*~*~*~*~*
Les raisins de nos vignes
ont les a vendangés
Apollinaire, orpailleur des Vendémiaires
Tu distingues les colchiques sans battre la campagne
On t'a confié les confitures de fruits du hasard,
le dépouillement des calcaires, le décalcage
des flaques
Mais nous, aux rayons obliques des clairières,
aux sautes de vent,
Saurons-nous partir en pèlerinage vers ton
ombre ?
Léah
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