
« La
Bretagne est si belle » (cf l’entretien
ci-dessous)
ENTRETIEN
(18 – 19 septembre
2023)
Charles
Akopian, les mots en tant que tels tiennent une très grande place dans
votre poésie. Vous écrivez dans votre recueil « Nouaisons » : « Les
mots n’attendent pas, / Ils longent les chemins / Et
devancent la langue ». Comme si les mots étaient
vivants, indépendamment de vous, le poète, et qu’ils venaient à
votre rencontre. Est-ce bien cela ? Qu’est-ce que cela nous dit sur votre
poésie ?
J'ai toujours été
fasciné par l'expression, quelle qu'en soit sa forme. Il s'est toujours agi
pour moi d'une question de rencontres. Et donc forcément pour les mots
qui prenaient vie dans les poèmes. J'aime lire les poètes et j'ai souvent
l'impression de rencontrer dans leurs écrits des mots qui m'attendaient, me
faisaient signe et que je rangeais dans un coin de ma tête. Puis c'est un
processus qui va de l'étincelle à l'incendie sur la page. Des mots me
sourient, d'autres me défient, m'énervent, me paralysent jusqu'à faire la
paix en donnant naissance au poème. Ils me prennent par la main et nous
faisons un bout de chemin ensemble. Ce qui est exaltant c'est d'ajouter
de la vie dans mon quotidien, même s'il faut attendre longtemps avant de
sentir que ça tient. Aujourd'hui je considère ma poésie comme une autre
façon d'agir, après avoir passé quarante ans de ma vie à privilégier les
actes à la parole au sein d'une association humanitaire.
Vous
évoquez une étincelle, comme si les mots, dans leur concrétude joyeuse,
étaient pour vous des pierres à frotter ensemble pour faire naître le
sens, ainsi qu’on allume un feu. Vous vous réchauffez à la flambée des
mots, n’est-ce pas ? Cela a-t-il à voir avec ce sentiment d’absence au
monde que vous évoquez dans l’un de vos poèmes ? Que fuyez-vous, que
cherchez-vous en écrivant ?
« Trouve tes mots / Qui
soient aussi des pierres // Pour reconstruire ce qui viendra »
« J'ai ramé sans pâlir
/ Durant des nuits entières // Adhérant au poème / Ainsi qu'à l'aube /
Incertaine et chorégraphe // L'aventure suffisait / À rougir une enclume
».
Ces vers écrits en 1969
donnent le la ! Oui, « la flambée des mots », comme pour retrouver une
protection contre l'hiver de l'injustice ressentie très tôt. L'absence au
monde est celle qui vous confine à la marge. Enfant né à Marseille de
réfugiés du génocide des Arméniens en 1915, j'ai toujours ressenti un
manque, un maillon défectueux pour faire partie pleinement de la vie
normale dès l'école primaire. Je ne fuis plus
rien. Je pense avoir trouvé, en renouant avec l'écriture, l'équilibre qui
manquait à mon corps. 40 ans au service des causes humanitaires avaient
contribué à stabiliser le balancier humain.
Je comprends mieux à présent. Faire naître la vie,
comme vous le faites, des mots les plus simples, c’est habiter et faire
vivre ce monde de justice et de générosité que vous vous êtes réapproprié
par l’action humanitaire. Les mots, c’est la vie, c’est le partage avec
l’autre, qui vous a tant fait défaut dans votre enfance, n’est-ce pas ? «
Le coût de l’autre » : pourquoi ce titre à la série de poèmes qui va
suivre ?
«
Les mots, c'est pour savoir » dit Guillevic. Un savoir multiforme et sans
frontières, dont le poème est le chef d'orchestre. Partager ce crédo, c'est louer l'attention, « la forme la plus
pure de la générosité » écrivait Simone Weil à Joe Bousquet. Alors, « Le
coût de l'autre » ? Je vais vous faire une confidence. À l'origine
j'avais écrit « Le goût de l'autre ». Le partage, la rencontre,
l'acceptation de l'altérité, la reconnaissance de son autre moi. Oui,
comme une reconnaissance apaisée de l'air de deux airs... (je suis Gémeaux!). Mais à la réflexion, on ne ressort pas
indemne de ce bégaiement. On y laisse des plumes... D'où « Le coût de
l'autre ». L'addition peut être lourde quand on parle de soi.
Vous êtes un peu elliptique là. Qu’entendez-vous
exactement par cette dernière phrase, par « parler de soi » ?
Le
« tu » des poèmes dans cette suite s'adresse directement à moi. Chose
très rare dans mes textes ! J'emploie très exceptionnellement le « je »
ou le « tu » dans mes poèmes. Et voilà que cette suite s'est imposée à
moi tout à fait malgré moi. Quel intérêt à me convoquer, à m'invectiver
!!! Le résultat ? Une impression de se laisser glisser sans pouvoir
maîtriser quoi que ce soit. Je n'ai pas tout gardé de ce strip-tease... «
Parler de soi » c'est très inconfortable et ce qui reste dans le tamis
dérange. J'ai l'impression de quelque chose d'inachevé, « Tu ne sais si
ta parole / Est ta vie empaillée »...

L’escalier
du phare d’Eckmühl… « pour illustrer le vertige de parler de
soi »
Ah d’accord, je n’avais pas fait le rapprochement
! Je vous rassure, le strip-tease est des plus retenu, les mots sont des
plus intérieurs et réfléchis. Ces textes sont très riches, le sens en est
multiple, la forme concise, partout émerge le mot, dans sa singularité et
sa plasticité. On prononce vos poèmes plus qu’on ne les lit. Je dirais que
votre poésie est une poésie du jaillissement, et on revient à l’image de
l’étincelle. Si je parle d’un étincellement du sens dans ces poèmes,
est-ce que vous vous y retrouvez ? Au-delà de ce point particulier,
comment naissent vos
poèmes, dans quel état écrivez-vous, où puisez-vous votre
inspiration ?
Ce
sont mes poèmes qui me puisent ou plutôt qui m'épuisent souvent... Plus sérieusement, mes poèmes naissent sans que j'aie senti la racine faire vibrer une alarme. Je
ne m'assieds pas (ou même debout devant l'ordi) pour écrire un poème. Il
me faut un grattage et une étincelle effectivement pour prendre le large.
Commence alors un parcours des plus éprouvant. Quelle direction
pour la lueur ? Je ne sais pas où je vais. Sauf exception, j'avance
pierre après pierre, attentif au mortier que je pose en fondement. J'aime
lorsqu'un reflet, une lueur se pose, comme un papillon, sur la toile en
face moi. Quelle ivresse alors pour le père que je suis devant
l'échographie visuelle et sonore sur l'écran ! Ma journée est pleine et
réussie lorsque j'ai l'impression d'avoir ajouté – sans prétention -
quelque chose au monde. Que je redécouvre, étonné, après un séjour en
cave de mes poèmes.
D’accord, la mise au monde du poème, de cet être
vivant qu’est pour vous le poème, ne se fait donc pas sans douleur.
J’aime bien cette idée d’une absence de direction dans l’intention, puis
du reflet qui se pose, l’âme peut-être investissant les mots et leur
donnant vie, comme si à cet instant le poème se détachait de vous pour
vivre sa vie propre. Il vous faut donc donner la vie pour revivifier le
monde et le redécouvrir. C’est bien cela ? Écrire pour vous sentir vivant
?
«
Quelque chose inexorablement / N'en finit pas / De lever l'ancre // Sous
la page » Chaque texte abouti est une victoire sur la vie à vivre et
partager. Oui, il y a bien ce sentiment du détachement du poème qui va
vivre sa propre vie... ou non. J'ai la chance d'avoir des arbres en face
de ma maison, chaque matin m'est une fête quand j'y promène mes yeux.
C'est donc tout naturellement que j'y trouve aussi les mots qui
grandissent dans la beauté du monde. Oui, quand j’écris - riche de ce que
j'ai vécu -, je vis. Le grand malheur c'est de voir que cette épiphanie
est interdite à beaucoup qui survivent plus qu'ils ne vivent sur notre
terre qui marche sur la tête.
J’ai cru comprendre que vous considériez
l’écriture poétique aussi sous un angle « militant » (« une autre façon
d'agir », après un temps long passé dans l’action humanitaire), et vous
soulignez par ailleurs les dérèglements du monde actuel. Pensez-vous que
la poésie puisse être mise au service du progrès social, et plus
généralement du progrès humain ?
Pour
moi, c'est une évidence, la poésie peut être une force. De tout temps il
s'est trouvé des personnes, artistes, créateurs - au premier rang
desquels des poètes - pour refuser d'accepter un monde inhumain, pour
s'élever contre l'insoutenable. La révolte et la saine fureur éveillent les
cœurs et les consciences. Dénoncer, proposer, agir pour le bien de
l'humanité, œuvrer pour un monde meilleur, la poésie ne peut être séparée
de la vie. Encore faut-il qu'en amont il y ait une véritable éducation
pour dire que la poésie ne peut se contenter d'être seulement au service du
beau, et qu'en
même temps grandisse la communauté
fraternelle du poète et des lecteurs. D'une façon plus générale nombre
d'auteurs et d'autrices de chansons, rap ou slam sont acteurs et actrices
de la société et grande est leur influence auprès de la jeunesse.
Revenons un instant à votre poésie, et à ces
arbres qui vous ravissent tant, avec ces mots, que vous y trouvez, « qui
grandissent dans la beauté du monde ». Des mots, vous écriviez dans «
Nouaisons » qu’« Ils rêvent de descendance, /
D’un temps de nouaison / pour regagner leur langue ». Il y a l’idée d’un
cycle, d’un retour aux sources, à une langue originelle, celle des mots,
qui serait celle de la beauté. Réinventer les mots pour réinventer le
monde, loin des slogans et des discours stéréotypés de l’époque.
Diriez-vous les choses de cette façon ? Par ailleurs, l’observation de la
nature est-elle un élément important de votre démarche de poète ?
Les
mots qui ne trouvent dialogues perdent leur goût de vivre. Or quoi de
plus accueillant et sociable que les mots. À la recherche d'une nouvelle
représentation ils partent leurs paniers de fruits en main pour trouver
et nourrir un nouveau monde plus respectueux de l'expression. Une quête
régulière en somme.
Quant
à la nature, elle reste bien entendu une source importante pour ma
poésie. La Bretagne est si belle. L'un de mes recueils s'intitule
d'ailleurs « À l'ombre de la blanche hermine ». Mais ce qui me fascine le
plus, c'est le poème, la fabrication du poème, le miracle toujours renouvelé du
poème. « À la table du poème, Le vivant du poème, Au cœur de la rimaye »
sont des séquences consacrées à l'écriture dans mes précédents recueils.
Parlez-nous de vos débuts en poésie. Quelles en
ont été les étapes essentielles ? Quels auteurs, poètes ou romanciers,
vous ont accompagné sur le chemin de la création poétique ?
Mes
débuts en poésie datent des années lycée à Marseille : au lycée
Saint-Charles, un groupe de copains passionnés de littérature et de poésie. L’un
d’entre nous, Dominique Tron, fut publié par
Pierre Seghers, en 1965 (Préface d’Elsa Triolet). Il avait 15 ans et cela
avait fait alors beaucoup de bruit dans les médias.
J’avais à cette époque osé aller rencontrer les responsables d’une revue
prestigieuse de littérature basée à Marseille – « Les Cahiers du
Sud » –, et j'en étais sorti transformé. La simplicité de ces écrivains
et de ces poètes m’avait profondément ému et surpris.
J'ai
beaucoup écrit. Mais j'ai donné pendant 40 ans la priorité à l'action
humanitaire concrète au sein d'une association de solidarité (missions en
France et à l'étranger), mais ce n'est qu'en 2016 (alors retraité depuis
2012 en Bretagne où j'avais rejoint « mon soleil ») que j'ai publié mes
premiers poèmes -
un cancer du
colon
soigné en 2014 et 2015 ayant déclenché cette volonté de
“sortir de soi” et de ne plus garder tout ça pour moi -.
Les
auteurs qui m'ont accompagné et m'accompagnent toujours :
Poètes
: Rimbaud bien sûr pour commencer, Éluard, Guillevic, Jean Tortel, Jean Malrieu, Gérald Neveu, René Char, Henri
Michaux, Marcel Migozzi, Edmond Jabès, André du
Bouchet, Bernard Vargaftig, André Velter, Paul
Celan, Pierre Dhainaut, Anise Koltz, Antoine Emaz, Yvon
Le Men, Thierry Metz, Fernando Pessoa, Roberto Juarroz...
mais aussi Albane Gellé, Isabelle Levesque, Christian Viguié,
Alexis Bardini, Ariane Dreyfus...
Romanciers
: Jean Giono, Louis Guilloux, Panaït Istrati,
Herman Melville, Malcom Lowry, Juan Rulfo, François-Henri Désérable, Erri de Luca...
Vous avez beaucoup écrit, mais vous avez aussi
beaucoup lu. L’un est-il pour vous indissociable de l’autre ? Votre
poésie s’est-elle bâtie sous l’influence directe de certains des poètes
que vous citez ? Du quel, ou desquels, vous
sentez-vous le plus proche ?
J'ai
toujours été fasciné par la poésie, la magie du vers en appelant d'autres
pour donner vie au poème, les griffes si diverses qu'avait chaque poète
pour maîtriser cette création. Tout a commencé par la lecture… et
l'écriture a suivi tout naturellement. Il ne se passe pas de jours sans
que j'ouvre un livre de poèmes et voyage au hasard des pages avec un
plaisir toujours renouvelé. J'ai l'impression de retrouver des amis,
proches ou plus éloignés, de faire partie d'une communauté complice. La
surprise, l'étonnement, l'admiration, entre autres, ponctuent ces
randonnées littéraires.
Mais
je n'écris pas chaque jour ! Le déclic ne se commande pas, mais oui, l'un
nourrit forcément l'autre.
J'ai
oublié de citer Joë Bousquet (Cahiers du Sud
oblige) dans la liste des poètes qui m'ont accompagné. Sa lecture -
difficile – m'a passionné, mais ne m'a pas influencé, contrairement à
Guillevic dont les poèmes m'ont bouleversé. Ainsi, on pouvait dire le monde avec une poésie lapidaire, « chair de la vie », concrète, mais aussi généreuse
et fraternelle, solidaire de toute chose et de toute vie. Suite à sa lecture, mon écriture a changé ; mes poèmes
ne sont jamais très longs.
Mais
pour être complet il me faut dire aussi tout ce que je dois à Jean
Malrieu (« Si le bonheur n’est pas au monde nous partirons à sa rencontre
/ Nous avons pour l’apprivoiser les merveilleux manteaux de l’incendie.
// Si ta vie s'endort / Risque la. ») et à Jean
Tortel (qui a d'ailleurs écrit une belle
monographie sur Guillevic).
Ma
trinité poétique est composée de Jean Malrieu, Jean Tortel
et Guillevic.



Pages de couverture de trois des recueils de Charles
Akopian :
L’arrière-vie
, L’amour
à l’équinoxe, Ressacs
***
POÈMES
Le coût de l'autre*
1
L’autoportrait
autrement
Le double dans un
miroir
Quand le réel se
débat
Pour ne pas
disparaître
Quelles couleurs
pour les mots
Quand les yeux
perdent la leur
Quel autre portrait
de soi
Retirer de son
histoire
Pour enfin dans le
miroir
Pouvoir calmer son
passé
*
Dans une vie qui se
déshabille
L'origine
s'invite plurielle
Traces
empreintes ou signatures
Ce
qui s'exprime est une amulette
Clandestin
souvent le biographe
À
la barre des évocations
Dans
une vie toute cicatrice
Est
une fleur recherchant son vase
2
Tu
demeures entre l'eau
Et
l'air qui comble la bulle
Reste
à deviner
La
paroi comme un écran
Où
défile un film
Dont
tu n'es pas l'acteur
Loin
des ténèbres
Et
des cercueils flottants
Tu
endures l'éloignement
Par
manque de mot de passe
Pour
retourner les cailloux
Où tu te caches
*
Tu
enregistres les vents solaires
En
prévoyant de les repousser
Une
vie d'écriture
Active
les soubresauts
Liés
à leur conquête
Un
regard neutre
Consigne
les contrecoups
Tant
que dure l'éclipse
Tu
gagnes à célébrer
L'impossible contrôle
*
Tu
ne sais si ta parole
Est
ta vie empaillée
Parfois
se sentir chose
Entre
tout ce qui bouge
Supplante
le sentiment
D'absence
au monde
Ouvre
la porte à ce qui vient
Célébrer la faim de vie
*
Tu
rejoins dans la tempête
Le
midi des origines
Avec
de tels rendez-vous
Les
rides de l'eau suffoquent
Tu
te surprends à compter
Les
marches jusqu'au réveil
La
démesure délivre
Et pourtant
t'enchaîne à vie
*
Tu
partages avec les pierres
Des
histoires de muets
D'arpèges
en érection
Quand
il s'agit de vivants
Ainsi
s'écoule en toi
Le sang qui n'oublie
pas
*
Tu
retiens ce que le jour
Offre
à chacun de tes pas
Sur
terre ou dans tes poèmes
Semences
pour un bonheur
Décroché
comme un pompon
Sur le manège à venir
*
Tu
accompagnes des yeux
La
balançoire qui monte
Et
que l'enfant roi épingle
Dans
son ciel imaginaire
Pour
ne plus abandonner
L'ivresse des grands
voyages
*
Tu
montes un échafaudage
Autour
de chaque poème
Afin
de voir et toucher
Ce
qui te semble étranger
Et
pourtant tellement toi
Surpris d'être ainsi
dressé
*
Tu
reviens de cette terre
Où
tu n'es jamais allé
Pour
rejoindre la jeunesse
De
ceux qui t'ont précédé
À
chacun son tour de chauffe
Pour
apprivoiser les sons
Dont
les racines font naître
Un avenir qui
rapproche
*
Tu
engages tes bronches
À
ne pas sauvegarder
Ce
que tu as vu en rêve
Un
souffle qui s'abandonne
Étouffe
de l'intérieur
En
reniant sa patrie
Expulse
ce qui te mord
Et
coffre ton quotidien
Accueille
ce qui dessine
En toi l'être que tu
fuis
*
Tu
livres discrètement
Des
moments à savourer
Tu
traduis des impressions
Aussi
vives qu'imprévues
Tu
poursuis les bienvenues
Qui
ont pour mission d'ouvrir
Rien
n'apparaît illusoire
Dans
l'ombre de tes réserves
*
J'entends
combien tu enrages
Pour
accompagner tes vers
De
ne pouvoir dégeler
La
transparence entre toi
Et
le poème au travail
De
ne pouvoir replier
Le
paravent où les mots
Ont
plaisir à se cacher
Tu
adhères au parchemin
Qui
distingue ton amour
Sans voile ni
trahison
*
Tu
cueilles ce qui respire
Et
te transmet ses audaces
À
toi de fendre à la fin
L'histoire qui nie
les hommes
Brest Février 2023
*Extrait d’un recueil
inédit : Au cœur de la rimaye
©Charles
Akopian
(*)

Né en 1948 à Marseille de parents
rescapés du génocide arménien, Charles Akopian s'éveille tôt à la poésie
dans la ville des « Cahiers du Sud ». En 1965, il ose frapper à
la porte de la célèbre revue littéraire et en ressort complètement
transformé. Encouragé par Aragon en 1970, il poursuit une intense
activité poétique. Toutefois, enseignant de formation, il choisit en
1972, après deux ans de bénévolat, de consacrer sa vie à la solidarité en
actes au sein d'une association humanitaire à Nîmes : combattre les
injustices, en France et au-delà des frontières, s'impose à lui (en écho
à la blessure-racine de cette injustice majeure qu'est la
non-reconnaissance du génocide de 1915).
Il savoure aujourd'hui une retraite
active à Brest où il a rejoint « son soleil » en 2013. La
poésie trouve alors un espace apaisé et gourmand pour s'exprimer.
Premières publications en revue en 2016.
- 2016-2022 : publications en revue: la main millénaire, Recours au poème,
Saraswati, Diérèse, Décharge, Les lettres françaises Hors
série n°1 (spécial Arménie).
- 2017 : L’arrière-vie (Editions Alcyone)
- 2018 : L'herbier aux lignes fauves (Editions Encres
vives)
- 2019 : Ressacs (Editions Encres vives)
L'amour à l'équinoxe (Editions Stellamaris)
À l'ombre de la blanche hermine (Editions Encres
vives)
- 2021 : Le vivant du marbre (Editions Encres vives)
- 2022 : Nouaisons (Editions Encres vives)
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