J’ai fatigue du monde et m’en
éloigne tant
que j’en appelle au ciel pour
supposer le bleu,
et le chant de l’oiseau et le
goût du printemps
mais la Nuit se prépare…
alors même qu’il pleut
sur chaque solitude un parfum de
l’avant
nous supposons le Mal alimentant
les jeux
des hommes au hasard que disperse
le vent…
Nécessité peut-être, ivresse de
l’ivrogne,
notre monde a laissé la justesse des
fautes
se répandre partout sur nos
basses besognes
jusqu’à la finitude…
et l’âme la plus haute
ne pourra rien y faire à part
peut-être rire
tant nous fûmes petits, c’est si
peu de le dire !!
* * *
À la maigreur du ciel
j’ai
compris que j’avais
si
faim d’un vieux soleil
qu’en
mille ans je n’aurais
ni la
force ou l’envie
de changer
notre monde,
alors
rendre à celui
qui
tourne à la seconde
dans ma
tête malade
l’Amour qui
n’a plus sens
et
l’esprit camarade
qui
frisent l’indécence
mais qui
n’est que la Vie
dans le
ventre du ciel
avec ses
bleus ses pluies
et ses
saisons de miel.
* * *
Quand tout se fait pesant et
lourd comme un chagrin
Que chaque temps de vie
appelle à ce qui meurt
Je ris et je m’allège au
souffle du Destin
Car je suis pour la joie et
que la Joie demeure.
Quand bien même la Nuit se
cache dans le noir
Sans étoiles, sans lune, et
qu’il n’est rien au monde
De plus triste parfois qu’un
regard au miroir
Je suis pour le bonheur, et
à chaque seconde
Je me dis sois heureux de ce
que la vie t’offre,
Sois heureux du soleil, de
la pluie ou du vent,
Et de tes souvenirs qui
dorment dans un coffre.
Demain tu seras mort et vous
que j’ai croisés,
Aimés, chéris, brûlés,
sachez qu’il faut oser
Sourire à chaque instant
lorsque l’on est Vivant !

* * *
J’aime la Solitude et son
ennui voulu
Tant les hommes sans Loi
m’indisposent, pourtant
Que n’ai-je fait pour croire
et puis que n’ai-je lu
Pour changer notre monde.
Et dans la nuit profonde
Où mes rêves d’enfance
oublient d’être à la fête
Avec leurs chevaux blancs
des manèges d’antan
Qui tournent dans ma tête
J’essaye de comprendre à
quoi sert de combattre
Si nous sommes l’oiseau
devant tant de chasseurs !
Et si tout devant nous
n’était qu’un vieux théâtre
Avec tant de voyeurs !
Mais nous sommes dedans et
jouons dans la pièce,
Une pièce pourtant qui nous
a tant séduit,
Alors vivons avec (sachant
dite la Messe !!)
Le monde que l’on s’est
construit !
* * *
Ce soir sur les plateaux télé
Les experts changent de
costume,
Car on est vite écartelé
Entre guerre, virus et
rhume !
Plus un mot sur nos petits
masques
Et le danger de l’Omicron,
La dictature est bien fantasque
A nous livrer d’autres
frissons !!
Au revoir petit pangolin
On va jouer à d’autres peurs
Car la vie russe est au Kremlin
Nous accordant son Grand
« Saigneur » !
Mes bons experts
expliquez-nous :
Le nucléaire avec sa bombe
C’est écolo ou pas du
tout ?
Comment bien faire une
hécatombe ?
L’Homme est si fou que pour un
peu
C’est de lui-même qu’il
s’éclipse !
Pas de vaccins contre le feu
De la prochaine
Apocalypse !
Car à tout prendre il n’est
d’effroi
Lorsque nos yeux sont grands
ouverts
Que le miroir où l’on se voit
S’être noyé dans nos travers…
Au lendemain de tous nos morts
La Terre redeviendra ce fruit
Sans repentance ni remords
Dans le silence de sa
Nuit !
* * *
Au demeurant que savons-nous
de ce comment c’est arrivé,
de tous ces peuples à genoux
qui d’un seul coup se sont
levés !
Et d’aussi loin qu’est son
histoire
l’Homme n’apprend rien de lui-même
en habillant de provisoire
son beau drapeau comme un
emblème !
A chaque guerre son cimetière
et ses cadavres par milliers
redessinant quelques frontières
en se faisant d’autres
alliés !
Si c’est pour ça que l’Homme
vit
alors pourquoi sommes-nous là
quand le miroir avec mépris
renvoie l’image du Soldat !
Au demeurant nous aurions pu
Mettre l’Amour dans nos
besaces,
Mais c’est ainsi que bienvenue
La Vie est là, et l’Homme
passe…

* * *
C’est l’oubli des soleils
des saisons de blés mûrs
dans l’Ukraine noyée
c’est l’hiver dans son âme
dans le froid et la neige
la Nuit mange la Vie…
C’est l’oubli des chemins
à l’ombre des feuillages
et des ruisseaux chantant,
des oiseaux dans les arbres
des fleurs aux rires roses
et des cris d’enfants sages…
La Nuit brûle sa terre
dans le froid et la neige…
C’est l’hiver dans nos âmes.
* * *
Parle-moi d’un soleil
à l’aube de l’enfance
où tu deviens jadis
dans l’écume des mers...
Nos morts sont des enfants
d’étoile et je me sers
de leurs ciels éreintés
pour dire le silence...
Souviens-toi du jamais
car lorsqu’il reviendra
il sera bien trop tard
pour pouvoir le confondre,
la Bête est toujours là
qui revient pour se fondre
à l’Amour qui n’est plus...
la Bête est toujours là !...
* * *
Tant
que l’âme se perd
au chevet du miroir
quand le vent souffle noir
le chaos de la guerre
dans l’odeur du soleil
en devenir d’été
quand la Mort se mélange
dans la haine et la rage
que la pierre éreintée
berce de son sommeil
sans savoir les visages
des démons et des anges
épuisé d’être humain
sans ne pouvoir rien faire
j’écris à qui veut croire
dans le chant d’un oiseau
à supposer l’Enfer
au détour du chemin
la Beauté de savoir
l’impuissance des mots.
* * *
Vouloir ne plus vivre de nous
dans ce monde de sang, de guerre,
et ne plus me mettre à genoux
pour prier le Ciel ou le Père,
car je ne vois que cris et cendres
pour un désir de Territoire
comme un souffle qui vient se pendre
aux girouettes de l’Histoire.
Aussi maigre qu’un rêve fou
l’Homme se croit libre et obèse
de posséder l’or et le sou
et l’origine et la Genèse !
Alors dans le couchant du jour
quand le soleil fond dans la mer
et que l’oiseau fait son retour
sous le ciel bleu de l’univers
demandez-vous parfois combien
la soif est plus riche que l’eau
que le bonheur c’est d’être en
lien
avec sa terre et son hameau…

* * *
J’ai rêvé d’être un dieu, de
pouvoir tout changer,
D’avoir le ciel pour dire et la
langue du vent
Pour écrire la Nuit des Hommes
sans danger,
Mais je n’ai rien pu faire et
ma vie comme avant
Traîne ces mots en laisse en
laissant mon chagrin
Devenir un poème inutile, perdu
Dans la jungle du Temps comme
un tout petit grain
De sable ou de soleil que mon
âme a pondu !
Je voulais tellement fabriquer
des enfances
Mutines d’océan sous des fleurs
de voyelles
Et des chansons à boire au
printemps sans souffrance
Mais le monde est ainsi, débile
et sans cervelle !
Alors me reste l’Autre, un
voisin, un ami,
Un amour disparu, qui sait, un
étranger,
Juste celui qui vient à ma
porte et me dit
J’ai besoin d’être là sans
vouloir déranger…
Et cet Autre à aimer, n’est-ce
pas notre double,
Celui par qui tout change à
hauteur de nos yeux,
Car donner sans retour n’est-ce
pas ce qui trouble
L’homme de guerre toujours
quand il nous voit heureux !
* * *
Le hasard ne connaît
rien de ce que pensent les hommes, et les hommes se servent de la
nécessité de ce même hasard pour nous manipuler, mais l’Histoire ne
repasse jamais les mêmes plats… Nous serons juste mangés différemment…
Vivre dans l’ombre
tant la lumière artificielle du monde m’indispose, entre pandémies,
escalades de propos alarmistes, dérèglement climatique, échos des guerres
en cours ou à venir… Jeu de dupes ou jeu d’échecs entre Puissants… Moi
j’ai choisi la nuit, le retirement, envisager la lumière des villes m’est
insupportable tant elle ressemble aux hommes !! Je me laisse aller
au silence en me glissant dans la peau des étoiles… Donner à voir les
mots pour explorer le rêve… Entrer dans le secret de la création par
l’écume des sentiments et l’intime des émotions… ou quelquefois rien de
tout cela, juste les parfums des absinthes qui libèrent l’âme… Demain
sera ce que nous voulons qu’il soit, et peu importe ce qu’on nous livre,
l’essentiel est dans notre profonde solitude…
Je déjeune avec le
vent pour ne pas mourir de vivre… Inventer le ciel bleu n’est pas à
portée de tout le monde, c’est la puissance de l’écriture et du rêve… Le
vrai est dans l’imaginaire… Rire me semble être possiblement le seul
moyen de se sentir heureux…
(extrait de la Chronique « Les Mots sont des
îles »)
© Christian Boeswillwald
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