une femme avance
et dit
Je
voudrais que la foule
me prenne
c'est comme ça que
je veux mourir une foule
entre dans un
bâtiment écrasé
les meubles certains murs
certaines douleurs la
foule absorbe les sols
l'éclairage
ou toutes les attaches
recouvrent les objets
les enfants de ce monde
se superposent
leurs mains se
multiplient
leurs doigts se
tordent et certains fusent
ils perdent leurs contours
là
longue foule
silencieuse
comme si toutes
choses vivaient
entourées d'autres
lourdes
là
une femme avance et dit
l'objet ne représente
pas un objet
elle dit un pain
n'est pas un pain
elle s'adresse à
une personne qui l'a blessée
elle dit
je
je te tuerai pour que tu ressembles à
un tissu
je casserai tes paroles
Je
ne vais pas dire miskine ou miskina
je te mettrai dans un bocal
pour que les bords
deviennent ta personne
tu n'auras plus de nom et je prendrai
une seule image de ta vie
une seule attitude
je la mettrai dans ton cerveau
pour que tu sois
rigide dans le monde
les ligaments sombres
une ombre détruit un véhicule plein
d'humains
ceci est un
accident
ceci est un
accident
mais les gestes de
l'ombre
n'engendrent
pas de sons
les scènes passent en silence la
nature absorbe
les images
*
là
un homme seul élève des chenilles
dans le tiroir
de sa commode
chaque matin il
place
un petite chenille sur le haut de son
crâne
il sort
fait le tour de la
ville
le soir il rentre
se couche
il n'y a plus de chenille
c'est une preuve
que tout quitte
je
là
au loin
chaque creux
renferme une ombre
unique entre chaque
partie du sol un relief les
segments
la pierre le silex
précieuse
le ciel est blanc
un nuage s'avance
surveillez les pointes
métalliques dans mon esprit
passé
des parents sous forme de fœtus
le visage de ma mère le jour de sa
naissance
le sol s'étend
insulte ton visage
dans un miroir il ne réagit pas
regarde la surface
comme une dune un
panneau
il n'indique rien
*
une simple personne voulait voir la
souffrance
faisait couler la
souffrance
dans les tuyaux
autour de sa maison
afin que sa
souffrance entoure sa vie
une personne voulait
un souvenir
une main qu'on appellerait Diogène
n'existe pas
derrière une main
Diogène
une main qu'on appellerait Phèdre
mais derrière une
autre toujours une chose tient
la main et
derrière la chose
toujours une autre un microbe a
et d'autres microbes b c ou d
et derrière le d ou
encore le f encore
comme s'il n'y avait rien exactement
comme s'il n'y
avait rien
*
la personne dit
je
veux toucher
voulant que
tout ne s'appuie
pas sur tout
je
voulant comprendre
marche la nuit sur
un chemin
sans lumière
une longue marche noire jusqu'à la fin
il y a toujours une brûlure une
parole
dans la blessure
je
avançais dans les rues
et toutes choses devenaient troubles
vous pouvez me
comprendre
les choses appuyées sur d'autres
progressivement
pâles
une ombre qui n'est même pas une ombre
mais son
destin
J'avançais
je plongeais je voulais terminer
*
une cicatrice par personne
*
est-ce que tu manges parce que ta bouche
est seule
une personne passe et dit
je mesure ma douleur avec ma douleur
je n'ai rien
mes yeux me gênent
parce que ce sont
les yeux de mon corps
ils ne sont pas mes yeux
je bouge au fond je masturbe le vent
je caresse les plaies je
caresse la vue
caresse ma propre main
une personne se promène une épingle à
la main
elle ouvre cette
main s'adresse aux inconnus
dit regardez
ma main pleine de mains
le ventre de ma mère plein de ventres
de mères
puis elle dépose
son épingle sur sa langue
la nuit
j'ouvre
mon canapé pour parler à dieu
je m'allonge et je parle
je
on se coupe sans le vouloir
et derrière la peau il n'y a
pas de vide mais encore
autre chose
*
j'ouvre la peau de
mes amis
pardon
je voulais vous connaître
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