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ARCHIVES FRANCO-SEMAILLES

 

Hiver 2025

 

Maïa Brami :

 

Pour qu’il advienne

(Éditions Caractères, 2010).

 

Extrait

(*)

 

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Être au mot     au monde

 

Mouvante

           

          Émue 

 

                Échappée

 

  

Se déployer

 

           Naître 

 

Du souffle entre

 

             De l'air autour

 

                Et griffer la page

 

 

À nouveau la fin drapée de pourpre

 

Et toujours les conjectures

 

Malgré l'évidence 

 

 

La fin afflue sous les airs de vie

 

L'abondance pour néant 

 

            Quelle ironie !

 

 

Mais soudain

 

Telle une peau de tambour

 

Le brouillard crève 

 

Et tout est à nouveau 

 

Rondeur 

 

Couleur

 

Contraste

 

L'évidence     d'une trame nue

 

L'irrésistible appel      de la lumière 

 

 

Tout laisser filer

 

Cheveux par-dessus tête 

 

S'abandonner à la stupeur

 

 

La vérité parle la bouche fermée 

 

 

   Laisser la poche dégonfler glisser se

 

dissiper 

 

   L'idée d'un enfant

 

Méduse avalée par l'écume

 

 

J'avais une jambe de chaque côté 

 

Et le vide entre

 

Du pied je retenais chacune des rives 

 

J'étais l'agrafe

 

Plantée dans ma propre chair 

 

La broche retenant l'os brisé 

 

Pour l'obliger à pousser 

 

L'accroc qu'on occulte

 

Et qui ressurgit dans la douleur

 

Tel un membre fantôme 

 

 

L'entre deux corps 

 

L'infini entre 

 

Eux

 

Vif-argent échappé

 

Le long de ses cuisses

 

 

Sous la paupière 

 

Sous ma paupière 

 

Tendue comme un ventre

 

Un fœtus 

 

Rouge entre mes cils

 

Son œil noir suspendu

 

La lueur d'une graine

 

 

 

Je tire mes cheveux 

 

De chaque côté de la tête 

 

Au-dessus des oreilles

 

Je tire

 

Et mon visage se retire

 

Comme un gant sur mon squelette surpris

 

Un long cri silencieux 

 

Le bébé mort c'était elle

 

La peur du bébé mort

 

Juste endormie sur l’asphalte 

 

Les yeux clos

 

La nuit soudain

 

Comme si la lumière s'était retirée du monde

 

Sous ses paupières 

 

Puis elle est revenue 

 

Et avec son souffle le jour

 

La vie autour

 

Elle a rouvert les yeux

 

Et les nuages se sont remis à filer dans 

ses iris presque

 

gris

 

Elle a rouvert les yeux

 

Et m'a souri

 

Maïa Brami, Pour qu’il advienne

 

(*)

 

Pour qu’il advienne, le premier recueil de poèmes de Maïa Brami, est illustré par les dessins abstraits de son grand-père, le peintre Emanuel Proweller - publiés ici pour la première fois -, qui dialoguent avec ses mots de poète, et répondent aux notes de la partition de Sarah Nemtsov, compositrice berlinoise, qui a mis en musique cinq des textes du recueil. 

Née en 1976, Maïa Brami est écrivaine. Elle ne se limite à aucun genre littéraire. La langue est son champ d’exploration, qu’elle fait résonner avec d’autres arts. La Femme est au cœur de son travail. Elle a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages : romans, poèmes et livres Jeunesse. Quelques titres : Vis ta vie Nina (Grasset Jeunesse, Prix Chronos 2002), Pour qu’il advienne (Caractères, 2010), L’inhabitée (L’Amandier, 2015), Le Monde est ma maison (Saltimbanque, 2017), Tout va bien se passer (La feuille de thé, 2019), Norma (d’Avallon, 2020, Prix du 20e festival du Premier roman), Toute à Vous (Thierry Magnier, 2020), Paula Becker, la Peinture faite femme (d’Avallon, 2021),  L’Attente (HongFei Cultures, 2021), De l’Attente et après (Unicité, 2021), La Terre est mon amie (Saltimbanque, 2022), La Révolte au cœur (Albin Michel Jeunesse, 2022), Prenez le temps de lire les étoiles (Arléa, 2023), Jusqu'à sentir battre leur cœur (L’Observatoire, 2025).

Depuis plus de 20 ans, elle mène des ateliers d’écriture en milieux scolaires et collabore avec l’équipe pédagogique du Mémorial de la Shoah, avec qui elle a développé trois ateliers qui allient histoire, écriture et musicologie.

« J’écris pour essayer de m’approcher d’une certaine vérité, d’une certaine beauté aussi, de (me) faire ressentir la vie, en quoi elle consiste, d’en rendre sa complexité. J’apprends en écrivant. J’apprends en vivant. Et chaque livre est le premier, comme si j’écrivais pour la première fois. » (Maïa Brami, extrait de Brami mère & fille, dialogue Maïa et Élisabeth Brami, décembre 2015, pour La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse).

Warzawa, nom polonais pour Varsovie où je suis née, quittée en ruines à 18 mois pour trouver refuge à Paris avec mes parents et leurs valises en carton quasi vides. Il m’aura fallu plus de 50 ans pour qu’à la faveur d’un salon du livre où je représentais la littérature française, j’entende VIE dans Varsovie ». (Elisabeth Brami, extrait de Brami mère & fille, suscité).

Voir sur la toile : sa page d’auteur (et ses recueils) aux Éditions de la Lune Bleue ; sa page Facebook

 

 

Maïa Brami

Francosemailles, Hiver 2025

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