À l’œuvre on connaît l’artisan.
La Fontaine, Les Frelons et les Mouches à
miel
Rédiger
une fable est une œuvre très ardue, du fait qu’il faut condenser en peu
de lignes une histoire où les antagonistes sont clairs et ensuite
terminer par une morale résumant l’intrigue en peu de mots.
Olivier
Dessibourg réussit parfaitement cela dans ce recueil : L’Ours et
l’Oursin.
Ce
qui frappe, à première lecture, c’est la richesse du vocabulaire de notre
moderne descendant d’Ésope, « une brume d’été, pareille au
liseron/ en son costume ouaté, monta aux environs » (Le
Mouton et le Nuage), puis la finesse et la drôlerie des personnages :
« au cœur d’une prairie, Biquette, sans vergogne / tout comme une furie,
houspillait une cigogne » (La Chèvre et la Cigogne),
la description de certains animaux, tel par exemple celle du « Hibou
Grand duc … ainsi l’oiseau superbe, dans sa grande allégresse, /
dégoisait de son verbe aux accents de noblesse : je suis un
hibou grand-duc à longues oreilles à pointes… » et là nous
laissons, au lecteur amusé, la suite de la lecture des titres que
s’octroie le Hibou Grand-Duc, un vrai régal tellement drôle !
Les morales
de chaque fable sont de véritables petits bijoux de par leur
finesse, leur véracité, leur modernité : « Affronter les
dangers en gardant son courage/ permet de regagner très souvent le rivage »
(Le Jaguar et le Piranha).
Toutes
les fables reflètent avec humour les traits de caractère des humains,
comédie du quotidien, sagesse dans chaque phrase et sourire au coin de la
plume et ce, sans concession, mais avec véracité, chaque lecteur va se
voir ici et là dans un miroir en esquissant un sourire, un éclat de rire.
Cette
lecture est un chemin de vérité, peut-être aussi un chemin de vie : « parfois
mieux vaut se taire au lieu de jacasser » (Le Blaireau et les
Bécasses).
Comme
on souffle dans l’âtre pour activer le feu, l’auteur réveille les mots
pour les faire flamboyer. Dans chaque fable, Olivier Dessibourg ouvre une
porte qui fait lever le soleil et l’espoir d’un monde meilleur : « à
observer l’histoire, c’est à se demander/ quel est le bon regard et par
quels procédés/ on pourra, pour la suite,… s’aimer sans reproduire de
nouvelles injustices » (Le procès du panda).
Recueil
à lire et relire pour son plaisir personnel et celui de ceux qui écoutent.
Nous
exprimerons un souhait : vite un autre livre de fables pour le
bonheur du lecteur et parce que « on voit que pour apprendre, il
n’est jamais trop tard ! » (Le Vieux singe et le Lionceau).
Et
bien sûr on ne peut terminer sans mentionner la superbe, drôle,
délicieuse première de couverture illustré par Debuhme (Debuhme-Philippe Baumann), prélude aux
paroles, aux facéties des animaux du recueil : l’oiseau tenant dans
ses serres deux cerises est l’appel à la gourmandise gustative et à celle
de la lecture.
© Nicole Hardouin
|