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Septembre-octobre 2022

 

 

 

Le sens magnétique, de Dana Shishmanian.

(Éditions L’Harmattan, 2022, 116 p., 13 €)

 

Note de lecture de Monique W. Labidoire

 

Une image contenant texte, nature, nuage, ciel nocturne

Description générée automatiquement

 

 

 

Il y a toujours du sang, des démons, des cris dans la poésie de Dana Shishmanian et inévitablement, en corollaire, il y a aussi de la tristesse, de la mélancolie et un appel impétueux à réagir devant ce constat obscur que nous montre le monde ; mais quel monde ? Un monde que la poète refuse depuis plusieurs recueils et qui ouvre portes et fenêtres pour tenter de respirer mieux les mots vivants du poème, afin de mieux respirer l’existence.

 

Le titre du recueil est une piste possible pour pénétrer au plus profond de cette écriture qui bat tambour, appelle au partage, lève le masque pour une transparence qui n’est pas toujours facile à capter comme dans cette suite d’adjectifs qui se profilent et symbolisent une certaine musique qui peut s’appliquer à notre vécu et pas seulement à une partition musicale.

 

La musique, très présente dans ces poèmes, peut être écoutée au premier degré ; de Bruckner à Tchaïkovski en passant par Chopin, Bach, Saint-Saëns, Clara Schumann ou Debussy sans oublier Bartók et son mandarin merveilleux, imposant une portée poétique très originale sur laquelle le jeu de mots s’accorde au jeu d’une langue poétique alliée à une prose poétique dont les sons s’inscrivent dans notre conscience. Tout cela nous rapproche, nous magnétise, nous envoûte, nous illumine aussi grâce à la force aimantée des poèmes.

 

Et puis il y a le monde qui s’agite constamment, le bruit de bottes universel. Anges et démons s’affrontent et « c’est bien dieu qui pleure », ce dieu qui ne supporte plus la masse des horreurs de sa création. Naissances et disparitions coulent le long des pages, la nostalgie d’un pays perdu voué à la mort dans l’âme de la poète, cette Roumanie natale qui suscite l’interrogation permanente du temps perdu et qui serait perdu à jamais sans le poème ; pour qui sonne le glas désormais si ce n’est pour la locutrice elle-même ?

 

Dans ce monde fracassé de douleur, Dana Shishmanian est en lutte. Elle mène le combat pour ce qui reste de beauté, elle s’attache à nouer les fils perdus d’un collectif usé et ses mots, lourds d’intuition, nous aident à faire ce plongeon intime en nous-même que, peut-être, on ne ferait pas sans elle. Oui, pour la poète, la poésie peut encore changer le monde.

 

©Monique W. Labidoire

Août 2022

 

 

 

Note de lecture de Monique W. Labidoire

Francosemailles, septembre-octobre 2022

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