D’une
aube toute en brume,
Douceur
des choses qui finissent ;
L’automne
est là !
Vers la fente d’un
mur
Pour y tirer son
rideau
L’escargot se hâte…
Du flanc de sa mère
Tout grelottant de
rosée,
Un veau se réchauffe
Automne encensé
D’humus et de
champignons
A l’or
des sous-bois
Fuyant à tire d’aile
Au vacarme des
bûcherons
L’œil noir d’un geai
bleu

Suintants de résine
Troncs écorcés du
chemin
Comme de mornes
gisants
Miroirs de
soleil :
Une jonchée de
feuilles d’érable
Dorant l’eau vive
Frous-frous sous nos
pas
Toutes les feuilles mortes
à la pelle
Nous racontent leur vie…
Comme une illusion,
La lune pressée de
nuages
Se hâte dans le ciel
Barbe grise sous le
vent
Le vieux motard en
Harley
Traquant sa jeunesse
Comme pour s’en
défendre,
Le vieillard d’un
bout de canne
Écarte les feuilles
mortes
Au trottoir de pluie
Feuilles dessinées au
pochoir
Comme d’une forêt
grise

Lumière glauque et verte
Comme d’une voûte de grotte marine
Aux chemins de pluie
Ses pas sur l’herbe drue,
Le promeneur du sentier
S’éloigne sans un bruit
L’ombre qui suit mes pas
À regret ne s’efface
Que devant mon seuil
Au creux de la roche
Un doigt dans l’eau limpide
Comme un geste sacré
Comme des fleurs séchées
Les mots serrés dans ces pages
Se faneront-ils ?
©Claude Ferradou
Automne 2021
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