Billet d'humour et d’humeur - aphorismes-pensées
Ici dire vaut mieux que se taire...
 

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ARCHIVES: HUMEURS & APHORISMES

 

Septembre-octobre 2022



Michel Ostertag : À deux pas de la nuit

 

(Le Lys Bleu Éditions, juin 2022, 116 p., 12,40 euros)

 

Extraits.

 

Mon domaine est celui de l’esprit.

Incompatibilité d’humeur !

 

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À l’approche de la nuit

À l’approche de la nuit, les oiseaux se taisent,

les bruits s’assourdissent, les regards changent,

le poids des mots, des choses changent. Tout devient

différent. Un meilleur monde semble se dessiner,

s’accomplir, faussement. Ici, l’illusion semble

régner, on rêve d’un autre monde, pacifié, fraternel.

On rêve. Deux doigts de porto, un biscuit,

un sourire, la nuit peut s’ouvrir  et offrir ses tentations,

ses pièges, son lyrisme assassin.

Me voici tel qu’en moi-même

je suis. Total et fragmenté. Ombre et lumière.

 

 

Un moment imprécis

D’un moment imprécis, un instant d’abandon,

une idée fugace, le temps d’un battement de cils

et me voici un autre, pareil à moi-même

et tellement différent. Suis-je moi ?

Question sans réponse !

Moi et un autre. Moi ou un autre,

quelle importance ?

Savoir qui on est,

éternel questionnement qu’une vie entière

ne suffit pas à résoudre. Mourir sans savoir !

Nous sommes des inconnus quelque part. Se connaître

vraiment… Impossible, je ne me connais pas moi-même !

Les autres sont autres et moi suis moi et un autre

à la fois….

 

 

À deux pas de la nuit

À deux pas de la nuit, aussi, le silence,

mais aussi la lumière,

le plein soleil, la chaleur,

l’envie de ne rien faire,

ni penser

rester là, ne rien dire,

être soi, pour soi,

les autres, n’importe.

J’étais moi, je serai moi,

pour l’heure je ne suis rien,

une vague idée, je n’ai plus rien

à puiser en moi, d’original, de véridique,

abandon de soi…

Je renaîtrai dans une heure,

plus, ou moins, n’importe.

Je serai moi de nouveau.

Patience, je veux être votre ami

et pour ce faire, je ferai

ce qu’il faut faire. Croyez-en moi,

comme j’ai cru en vous.

Il faut attendre. La patience

n’est pas donnée,

acquise par effort, par décret intime.

Attendre l’autre. Sera-t-il un ami

Ou l’inverse ?

Marquera-t-il ma mémoire

ou sera-t-il

effacé aussitôt ?

Attendre.

Face à la nuit, ne pas attendre le jour.

On ne guérit pas de ses doutes.

Le meilleur est pour demain.

Seul est un mauvais compagnon.

Mériter mieux que soi.

 

 

La neige est tombée

La neige est tombée mais tu l’ignores.

Tu dors. L’absence de bruit,

te réveille. L’absence de trace,

t’inquiète. Le ciel s’annonce gris,

la parole devient hésitante.

Et ton regard incertain.

je suis moins moi. Au démantèlement

d’une maison j’ajoute l’effacement des souvenirs.

La mise en silence des voix disparues.

Pluie et neige mêlées.

Cet après-midi, j’irai devant moi,

au hasard de mes pas. La neige gémira

sous mes pas. Son doux chant me charmera

les oreilles. Je serai pleinement moi.

En paix, je serai en paix. Devant tant d’immensité

mon rôle humain prendra de l’insignifiance.

Que suis-je devant un arbre 

revêtu d’un manteau de neige ?

Prendre conscience de sa petitesse.

Ne pas se croire noyé dans cette nature,

ni hostile, ni ami. Autre.

La nuit est venue. La neige restée

Immobile et blanche, virginale et les pas

de la journée, recouverts d’une mince

pellicule. Et le silence s’est renforcé

comme pour nous punir

de vouloir souiller ce qui

ne devrait pas l’être. Incapable d’être

autre chose que ce que nous sommes.

 

 

Épouser les saisons

Épouser les saisons,

comme on épouserait une femme.

Impermanence du temps.

Éternité contredite.

Si une seconde, tu t’es cru éternel,

le changement des saisons

doit te convaincre du contraire.

 

Péripéties d’une vie,

chaque saison marque sa différence

 

 

Saurais-je vaincre mon appréhension

devant tant de méandres du temps ?

Univers où l’homme doit se frayer une place

qui n’est pas la sienne d’instinct.

 

Mon domaine est celui de l’esprit.

Incompatibilité d’humeur !

 

 

Sentiers oublies

À découvrir des sentiers oubliés on se perd soi-même.

À suivre des méandres inconnus la tête risque de nous tourner.

Dans une ivresse passagère des pointillés s’insinuent

dans notre vie. À deux pas de la vie, à côté du rivage,

la solitude est certaine et la parole murmurée.

À deux pas de la vie, à côté du rivage,

l’horloge du temps s’est arrêtée

et les unités de mesures ont été jetées.

À deux pas de la vie, à côté du rivage,

les dimensions humaines n’ont plus cours

et le centre des choses a été déplacé.

À deux pas de la vie, à côté du rivage,

avenir et passé se confondent en une fixité rigide

et tout mouvement est interdit à jamais.

À deux pas de la vie, à côté du rivage,

ma vie ne pèse rien face à l’exigence divine

et toute plaidoirie est devenue inutile.

À deux pas de la vie, à côté du rivage,

le sort de chacun d’entre nous est scellé à jamais

et l’immobilité du temps étale sa chape de lumière.

Sur la fenêtre tombe la neige. Double perspective.

Je vais de l’un à l’autre. Ça me déconcentre.

Je choisis la nature. Éteins l’écran.

Je reste pensif. Devant une telle verticalité

le silence s’installe. Je m’assoupis.

 


 

Dans l’impasse de la nuit

Dans l’impasse de la nuit

Ne rien espérer

Marcher dans sa tête

Dans ses idées

Ne voir que soi

Soi et soi-même

Penser à l’avenir

Au passé. À son passé.

Son avenir. Se dire que demain

le soleil sera là de nouveau.

Faire une pause.

Poser son baluchon.

Reprendre son souffle.

Devenir humble.

 

Sourire par avance

aux jours prochains.

 

 

Brisure de l’instant qui passe,

Du sentiment intime de notre vie,

de nos rêves intimes, nos espoirs

à jamais oubliés

 

 

Michel Ostertag

pour Francopolis – septembre-octobre 2022

 

 

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