Billet d'humour - aphorismes-pensées
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ARCHIVES: HUMEURS & APHORISMES

 

Septembre-octobre 2022



Prononcer vingt-cinq aphorismes par jour et ajouter-
 [Tout est là] (Jules Renard)

 

 

 

 

En guise d’aphorismes :

À deux pas de la nuit...

Par Michel Ostertag

(Extraits de son recueil éponyme, Le Lys Bleu Éditions, juin 2022, 116 p., 12,40 euros)

 

 

L’immortalité de l’homme est pour demain, mais demain n’existe déjà plus…

 

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*Mélancolie-poésie soit mon viatique Aujourd’hui comme hier Poésie-souvenir ne m’abandonne pas.

Chaque seconde égrenée est comme une perle d’eau tombée du ciel comme un grain de sable déplacé par le vent dans le désert du sud comme la naissance d’une petite ride invisible à la surface de ta peau – preuve de notre temporaire immortalité.

 

*La misère était le lot de tous, mais tous l’ignoraient car les choses étaient ainsi depuis des temps hors de mémoire.

Espoir, espérance d’une vie meilleure étaient des mots qui n’étaient pas encore sortis du Néant.

Face à la richesse de la Nature, l’homme et la femme ne formaient qu’un.

Dieu les regardait vivre.

Inquiet.

 

*Celui qui prélève l’eau des nuages pour combattre la sécheresse pour le prix d’un sourire d’une Éthiopienne,

Celui-ci est nommé poète.

Celui qui guide le sourcier les yeux bandés en désignant sur la carte le tracé souterrain des eaux recherchées.

Celui-ci est nommé poète.

Celui qui connaît le nom de la moindre étoile, de la plus reculée des astéroïdes de la voûte céleste et qui jamais refuse de la suivre dans sa course hasardeuse.

Celui-là est nommé poète.

 

*Tout désert détient une parcelle de nourriture céleste, celle qui donne un sens à la vie, à sa vie. Tout désert est fécond pour sa propre éternité.

Une oasis est toujours au centre de tout désert intérieur, à nous de nous y désaltérer.

 

*Au jour dit, le non-dit ne sera plus de mise. Écouter ne suffira plus, parler à voix claire, il le faudra et se taire quand on n’aura plus rien à dire.

 

*Ne retiens de tout ce que tu as appris que l’essentiel : c’est-à-dire ce goût d’apprendre qui jamais ne te quittera. Même les yeux bleus des filles ne pourront rien faire contre cela !

De cette soif rien ne pourra t’en désaltérer.

 

*À l’intérieur du cercle de la réalité, trace une lettre virtuelle en lueurs de feu, la lettre A du mot Avenir… Voici, ce que j’ai enten­du dans un rêve récent entre deux sommeils rapprochés.

 

*Castration de la pensée, il ne sera pas dit que l’intelligence humaine connaîtra ses limites. L’immortalité de l’homme est pour demain, mais demain n’existe déjà plus. L’idée d’immor­talité est une idée défunte. L’homme doit se résigner à mourir, chaque jour, à chaque seconde et ne ressusciter que dans l’esprit d’un quelconque marabout.

 

*J’en ai vu brûler des soleils certains après-midi d’été sous le souf­fle chaud des dieux alentour. De cette chaleur meurtrière qui vous change en statues immobiles et vous fait demander pardon au moindre souffle d’air tiède entre deux gorgées d’eau fraîche puisées à la fontaine du village, de ces instants-là, j’en ai goûté chaque parcelle infime jusqu’à me déjuger à vos yeux.

 

*Dresse ton chemin à l’équerre de tes pas, à l’ombre du regard des envieux, loin des soupçons alentour, emmuré en toi-même, poursuivit ta route au-delà de l’horizon.

Pour le plaisir !

 

*On fait un feu dans le champ, on y jette vieux papiers, jour­naux périmés, courriers inutiles, les flammes égaient le ciel qui s’assom­­brit le nuit venue… Tandis que nos cœurs se sentent comme libérés d’un poids invisible… Allez savoir pourquoi !

 

*Minute de silence longue comme le plaisir d’un instant d’extase et que l’on grave dans sa mémoire pour les jours d’après.

 

*L’ascèse vient avec l’âge : l’astre mort qui est en nous devient lumière et nous aveuglera si nous ne savons pas le dompter. L’ascèse, le but de toute vie, de ma vie autant que de la tienne, amis.

 

*Le juste milieu de toute chose : le point d’ancrage, la brisure entre ce que je suis et ce que je désire être.

 

*Quand il faudra choisir entre le verbe et l’action, le rêve et le concret, le chemin de traverse et la route droite, le non-dit et le discours, tu me trouveras toujours sur le chemin aride, à la réussite incertaine, à la non-facilité, à l’escarpé.

J’ai le pied agile et ne crains pas les cailloux.

 

*Je me souviens, j’étais adolescent, j’aimais les filles, la musique et la poésie, plus que tout au monde : autant d’armes pour être heureux dans la vie mais tellement insuffisant pour y réussir.

 

*Je marche au hasard, le pas incertain, un caillou me déséquilibre, je risque la chute, ma tête est embrumée, ma femme n’est plus à mes côtés, me voici seul à jamais et pour toujours, ma vie future ressemble à ce pas incertain.

 

*Le poème comme acte de vie, sur soi et avec soi, confident sans relâche, compagnon jusqu’à la mort, ami à l’écoute.

 

        

 

Michel Ostertag

     pour Francopolis – septembre-octobre 2022

 

 

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Créé le 1 mars 2002