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Actu : DÉCEMBRE  2009



Cocotte de Guido Gozzano,

traduction de

Lilas et Carlo De Nonno


I

Ho rivisto il giardino, il giardinetto
contiguo, le palme del viale,
la cancellata rozza dalla quale
mi protese la mano ed il confetto...

II

" Piccolino, che fai solo soletto?"
" Sto giocando al Diluvio Universale."

Accennai gli stromenti, le bizzarre
cose che modellavo nella sabbia,
ed ella si chinò come chi abbia
fretta d'un bacio e fretta di ritrarre
la bocca, e mi baciò di tra le sbarre
come si bacia un uccellino in gabbia.

Sempre ch'io viva rivedrò l'incanto
di quel suo volto tra le sbarre quadre!
La nuca mi serrò con mani ladre
ed io stupivo di vedermi accanto
al viso, quella bocca tanto, tanto
diversa dalla bocca di mia Madre!


 "Piccolino, ti piaccio che mi guardi?
Sei qui pei bagni? Ed affittate là?"
"Si... vedi la mia Mamma e il mio Papà?"
Subito mi lasciò, con negli sguardi
un vano sogno (ricordai più tardi)
un vano sogno di maternità...

“ Una cocotte! ......."

"Che vuol dire, mammina?"
" Vuol dire una cattiva signorina:
non bisogna parlare alla vicina!"
Co-co-tte... La strana voce parigina
dava alla mia fantasia bambina
un senso buffo d'ovo e di gallina.......

 Pensavo deità favoleggiate:
i naviganti e l'Isole Felici...
Co-co-tte... le fate intese a malefici
con cibi e con bevande affatturate...
Fate saranno, chi sa quali fate
e in chi sa quali tenebrosi offici!

III

Un giorno - giorni dopo - mi chiamò
tra le sbarre fiorite di verbene:
" O piccolino, non mi vuoi più bene!..."
"E' vero che tu sei una cocotte?"
Perdutamente rise... E mi baciò
con le pupille di tristezza piene.

IV

Tra le gioie defunte e i disinganni,
dopo vent'anni, oggi si ravviva
il tuo sorriso... Dove sei, cattiva
Signorina? Sei viva? Come inganni
(meglio per te non essere più viva!)
la discesa terribile degli anni?

Oimè! Da che non giova il tuo belletto
e il cosmetico già fa mala prova
l'ultimo amante disertò l'alcova...
Uno, sol uno: il piccolo folletto
che donasti d'un bacio e d'un confetto,
dopo vent'anni, oggi, ti ritrova
in sogno, e t'ama, in sogno, e dice: T'amo!

Da quel mattino dell'infanzia pura
forse ho amato te sola, o creatura!
Forse ho amato te sola! E ti richiamo!
Se leggi questi versi di richiamo
ritorna a chi t'aspetta, o creatura!

Vieni. Che importa se non sei più quella
che mi baciò quattrenne? Oggi t'agogno,
o vestita di tempo! Oggi ho bisogno
del tuo passato! Ti rifarò bella
come Carlotta, come Graziella,
come tutte le donne del mio sogno!

Il mio sogno è nutrito d'abbandono,
di rimpianto. non amo che le rose
che non colsi. Non amo che le cose
che potevano essere e non sono
state... Vedo la casa, ecco le rose
del bel giardino di vent'anni or sono!

Oltre le sbarre il tuo giardino intatto
fra gli eucalipti liguri si spazia...
Vieni! T'accoglierà l'anima sazia.
Fa ch'io riveda il tuo volto disfatto;
ti bacierò; rifiorirà, nell'atto,
sulla bocca l'ultima tua grazia.

Vieni! Sarà come se a me, per mano,
tu riportassi me stesso d'allora.
Il bimbo parlerà con la Signora.
Risorgeremo dal tempo lontano.
Vieni! Sarà come se a te, per mano,
io riportassi te, giovine ancora.


I

J'ai revu le jardin, le petit jardin
contigu, les palmiers de l'allée,
la vilaine grille d’où
elle me tendit la main et la dragée…

II

" Petit, qu'est-ce que tu fais tout seul?"
"Je joue au Déluge Universel. "

Je lui indiquai les outils, les bizarres
choses que je modelais dans le sable,
et elle se pencha sur moi comme quelqu’un
pressé de donner un baiser et pressé de retirer
sa bouche, et elle m’embrassa à travers les barreaux
comme on embrasse un petit oiseau en cage.

Aussi longtemps que je vivrai, je reverrai l'enchantement
de son visage entre les barreaux carrés
Elle me serrait la nuque avec des mains voleuses 
et moi je m’étonnais de voir à côté de mon
visage, cette bouche-là, tellement, tellement
différente de la bouche de ma mère.


"Petit, je te plais, que tu me regardes ? 
Tu es ici pour les bains? Et vous louez là ? "
" Oui…tu vois ma maman et mon papa ? "
Soudain elle me lâcha, avec dans les yeux       
un rêve vain (je me souvins plus tard),
un rêve vain de maternité ...

 "Une cocotte !... "                                

"Qu'est-ce que ça veut dire, ma petite maman ? "       
"Ça veut dire une vilaine demoiselle : faut pas parler à la voisine ! "
Co-co-tte …L¹étrange son parisien
donnait à mes fantasmes d'enfant
un sens drôle d’oeuf et de poule…

J’imaginais des déesses fabuleuses:
les navigateurs et les Iles Heureuses …                  
Co-co-tte… les fées adonnées aux maléfices
avec nourritures et boissons ensorcelées…
Ce seront des fées, qui sait quelles fées,
et occupées à qui sait quels ténébreux offices !

III

Un jour -des jours après-  elle m'appela
entre les barreaux fleuris de verveines :
"Ho!  petit! Tu ne m'aimes plus!"
" C’est vrai que tu es une Cocotte? "
Elle rit éperdument. Et elle m’embrassa,
 les yeux pleins de tristesse.

IV

Parmi les joies mortes et les désillusions,                       
vingt ans plus tard, aujourd’hui se ravive                  
ton sourire. Où es-tu, vilaine
Demoiselle ?. Es-tu vivante ? Comment dissimules-tu
(mieux vaudrait  pour toi ne plus être vivante!)
La descente terrible des ans?

Hélas! Dès lors que ton fard ne sert plus à rien  
et que le cosmétique échoue, 
le dernier amant déserta l’alcôve…
Un, seulement un : le petit follet
à qui tu donnas un baiser et une dragée,
vingt ans plus tard, aujourd’hui, te retrouve
en rêve, et t'aime, en rêve, et te dit: " je t'aime!"

Depuis ce matin de l'enfance pure
peut-être n’ai-je aimé que toi, o créature !       
Peut-être n'ai-je aimé que toi ! Et je t'appelle encore !
Si tu lis ces vers qui t'appellent
reviens chez qui t'attend, O créature !

Viens ! Qu’importe si tu n'es plus celle                
qui m’embrassa à quatre ans ?
 Aujourd'hui je te cherche ardemment,
O toi vêtue de temps! Aujourd'hui j'ai besoin de ton passé !  Je te ferai encore belle comme Carlotta, comme Graziella, comme toutes les femmes de mon rêve !

Mon rêve est nourri d'abandon,
de regret. Je n'aime que les roses
que je ne cueillis pas. Je n'aime que les choses     
qui pouvaient être et qui n’ont pas
été… Je vois la maison, voici les roses
du beau jardin d’il y a vingt ans

Au-delà des barreaux ton jardin intact    
s¹épanouit parmi les eucalyptus liguriens.
Viens ! T'accueillera l'âme rassasiée …
Fais que je revoie ton visage défait;
je t’embrasserai ; et dans ce geste, elle refleurira
sur tes lèvres, ta dernière grâce.

Viens !  ce sera comme si , de ta main,
tu me rendais le bambin d'autrefois.
L¹enfant parlera avec la Dame.
Nous renaîtrons du temps lointain.
Viens ! Ce sera comme si, de ma main,
 je te rendais à toi-même enfin, jeune encore.





Guido Gozzano naquit à Turin en 1883 et mourut prématurément dans sa ville natale durant la Grande Guerre en août 1916

Francopolis
traduction Lilas et Carlo De Nonno
décembre 2009

Créé le 1 mars 2002

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