Le
Lexique identitaire de la maison de la Francité
Adresse
: http://synec-doc.chez-moi.be/francite/
Quiquequoi ?
: un lexique identitaire
de la francophonie au delà de toute expression figée
d'un savoir.
L'identité,
qu'est-ce donc ? en ces temps où l'on nous rebat les
oreille de luttes d'identités, d'ethnies et où
celles-ci semblent le plus souvent associées aux conflits
qu'aux explorations pacifiques, faire l'expérience
de ce lexique est un jalon vers plus de partages et de rencontres
entre francophones du monde entier.
Tous,
peuples francophones ou individus isolés, nous utilisons
des mots à l'images de nos complexes réalités,
et celles-ci ne peuvent se confondre avec celles de nos voisins,
même proches. Notre langue cristalise notre vécu
: nos politiques, nos administrations, nos quêtes de
rapprochement ou de différentiation, notre identité.
Ce que nous sommes, ou ne voulons pas être.
Quelques
exemples puisés dans ce lexique vous ferons mieux percevoir
la richesse de cette base de concepts en perpétuelle
amélioration :
"nègres blancs (d'Amérique)
l.m.p. QUÉBEC
Véritable "nation française d'Amérique",
le Québec n'a pas cessé d'être écrasé
économiquement depuis le XVIIIème siècle,
ce qui, à bien des égards, a transformé
ces Français d'origine en véritables "nègres
blancs d'Amérique".
Source : Rennwald, J.-C, 1984, p. 211"
*
"malgacherie n.f. MADAGASCAR
Il est en effet évident que le Malgache peut parfaitement
supporter de ne pas être un Blanc. Un Malgache est un
Malgache ; ou plutôt non, un Malgache n'est pas un Malgache
: il existe absolument sa "malgacherie". S'il est
Malgache, c'est parce que le Blanc arrive, et si, à
un moment donné de son histoire, il a été
amené à se poser la question de savoir s'il
était un homme ou pas, c'est parce qu'on lui contestait
cette réalité d'homme.
Source : Fanon, F., 1952, p. 79. "
*
"mambo
n.m. HAÏTI
Il
n'existe aucune étude d'ensemble sur les houngans et
les mambos, c'est-à-dire les hommes et les femmes spécialistes
du rituel, sur la façon dont se déclare leur
vocation, sur leur apprentissage, sur leur rôle politique
et économique.
Source : Hoffmann, Léon-François, 1990, p. 107.
"
*
"bicommunautaire
adj. BELGIQUE
"Cette personnalité de base est le fruit de la
rencontre de deux cultures : la culture latine portée
vers la réflexion théorique, la culture flamande
proche des préoccupations des gens, orientée
vers l'action pratique, pragmatique, concrète. Les
sociologues belges francophones ont toujours un regard tourné
vers Paris, mais ils ne peuvent oublier leurs racines bi-communautaires,
pour employer notre jargon politique original" (Marcel
Bolle de Bal). Les Wallons et les Flamands sont-ils bi-communautaires
? Combien ont vécu et en Flandre et en Wallonie ? Combien
ont l'un de leur parent wallon et l'autre Flamand ? Poser
la question, c'est y répondre ! Ah, ces Bruxellois
francophones qui fabriquent une personnalité de base
belge qui n'existe pas !
Source : Humblet, Jean-Émile, 1990, p. 224. "
*
"wolofiser
(se) v. SÉNÉGAL
Les pérégrinismes, introduits également
par L.Guilbert désignent des emprunts non encore totalement
intégrés au système de la langue réceptrice
et qui présentent, la plupart du temps, des faits de
sur-différentiation. C'est le cas du mot wolof "muswaar"
(mouchoir) qui est devenu "musoor" en se wolofisant,
encore que la langue, dans ce cas précis, ait fabriqué
un doublet, la première forme désignant un simple
mouchoir et la seconde une sorte de fichu que l'on porte sur
la tête comme dans le français, un peu vieilli
semble-t-il, "mouchoir de tête".
Source : Dumont, Pierre, 1986, p. 71. "
*
Son
originalité? Etre non pas un recueil de définitions,
mais de termes cernés par des citations, des points
de vues multiples, sociaux, culturels, politiques, linguisitiques.
Comprendre que l'identité est le résultat d'un
faisceau de conceptions, de vues, d'appréhensions et
de pensées sur ce que nous sommes, d'où nous
venons et où nous allons; être une base référentielle
d'un savoir relatif et non un dictionnaire du savoir absolu.
Nous devons
ce lexique identitaire de la francophonieau travail initiateur
dès 1993, de Paul Wijnands, professeur
à la Hogeschool de Maastricht, (qui fait paraître
aux éditions du Conseil international de la langue
française un Dictionnaire des identités culturelles
de la francophonie) et du groupe RELIEF (réseau
d'étude sur le lexique identitaire dans l'espace francophone)
de la maison de la Francité, réunissant une
série de jeunes universitaires de Bruxelles et de Wallonie,
avec pour objectif d'étudier la problématique
de la "nomination identitaire" à partir des
diverses disciplines des sciences humaines.
Il y a
encore beaucoup à ajouter, pour rendre compte des langues
vivantes et multiples parmi la francophonie. Un formulaire
vous permettra de proposer une ou l'autre brique à
l'édifice en cours de construction. Car la langue appartient
à tous ceux qui la parlent et nul ne possède
l'apanage de sa maîtrise ni de son expression.
Florence Noël , le 26 mars 2003
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