Greguerias
de
Ramon Gomez de La
Serna
traduits par Valery Larbaud et Jean
Cassou qui le font publier en France.
recherche Michel Ostertag
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Ramon
Gomez de la Serna :
né à Madrid le 3 juillet 1888, et mort à Buenos
Aires le 13 janvier 1963, était un écrivain d'avant-garde
espagnol, généralement rattaché à la
Generación de 1914 ou au Novecentismo, inventeur d'un genre
littéraire poétique, la
greguería. De
1910 à 1962, il écrit ses Greguerias, textes
satiriques qui révèlent en grande partie son talent. Publiés dans la presse,
incrustés dans d'autres œuvres, plusieurs fois réunis,
certains inédits, ils
dévoilent le sens de l'absurde de l'auteur. Mais en 1936, Ramon Gomez de la Serna quitte son
pays lorsque la guerre civile
éclate et part s'exiler en Argentine, à Buenos Aires. Il
continuera d'écrire toute sa
vie, alternant les genres : essais, pièces, romans, biographies,
critiques... Figure
mythique de la littérature
espagnole, il a marqué les esprits de sa
génératio |
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Une
chronique récente sur France-Culture
de Philippe
Meyer m’a fait
connaître cet auteur à-travers un livre,
édité aux Editions Cent
pages et intitulé « Greguerias »
Intrigués, nous voulons savoir ce que signifie ce mot. En même temps que l’auteur
s’abandonnait à cette forme littéraire, il cherchait un
nom qui devait désigner ce qu’il écrivait. Il songea
d’abord à «Regards», «Moments»,
«Ressemblances», mais cela ne le satisfaisait pas, il
voulait trouver un mot plus précis, «plus espagnol»
et si nuancé qu’il soit pratiquement intraduisible. Il trouva
«Greguerias»,
c’est-à-dire : Cris confus, clameurs, brouhaha, criaillerie. Ou
encore bavardage, jacasserie. Il dira que la «Greguerias» est
spontanée, inarticulée, irrépressible, plus
physiologique qu’intellectuelle, ineffablement intime. C’est aussi un
défi du bon sens. C’est autre chose qu’une maxime, une
pensée. Le lecteur est souvent frustré de ne pas y
trouver une profonde réflexion moralisatrice ou édifiante
; l’intellectuel peut même considérer ces Greguerias comme
des choses qu’on pouvait ne pas écrire et encore moins
être donné à lire. Les greguerias
sont des phrases dérangeantes ou absurdes. Elles surgissent de
nulle
part, comme par génération spontanée. Elles
ressemblent à n'importe
quoi, du bon mot à la réflexion idiote. Elles peuvent
faire sourire,
mais pas toujours ! Leur piqûre peut être féroce.
Le
lecteur assidu de Jules Renard n’aura aucun mal à retrouver tout
au long du recueil des formules de son auteur
préféré avec, toutefois, un manque de vie
journalière qui fait le charme du Journal mais Ramon de la Serna
ne nous offre pas ici son journal intime tenu au fil des jours, mais en
vrac, c’est-à-dire sans aucun classement par thèmes, il
nous livre ses aphorismes à lui, bien à lui, avec sa
façon si particulière de voir les gens, les choses et de
les interpréter sous un angle qui lui est propre.
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Quand
il écrit que la toux est l’aboiement des poumons ou que le G est
un C qui s’est laissé pousser les moustaches et le bouc ! Il
montre sa façon si particulière de voir
différemment les choses et les gens et c’est cela tout au long
du recueil.
Parmi les
150 pages d’un texte imprimé en petits caractères et
placé à l’horizontal, ce qui fait qu’au lieu de lire le
livre, habituellement à la verticale, on le lit horizontalement,
j’ai relevé ces quelques greguerias
qui m’ont plu.
*
L’épine dorsale est une canne que nous avalons à la
naissance.
*
Dans les laboratoires, on entend murmurer les cobayes : « Ce
n’est pas avec des ours blancs qu’ils oseraient faire des choses
pareilles. »
*
L’uniforme des hussards à l’air d’une radiographie.
*
Il mangea tant de riz qu’il apprit à parler le Chinois.
*
L’homme le plus important du contre-espionnage est le
déchiffreur des papiers buvards.
*
Nul mieux qu’un père ne sait étendre le beurre sur
le pain de ses enfants.
*
Le Ü surmonté d’un tréma est l’équilibriste
de l’alphabet.
*
Le problème du vent, c’est qu’il n’a pas de peigne.
Bien sûr, pour apprécier cela il faut être
débarrassé de toute pensée étroite,
logique, il faut accepter le côté bizarre, incongru des
choses écrites ici. Quand il dit que le poisson le plus
difficile à pêcher est le savon dans l’eau, il fait preuve
d’un humour qui fait plaisir à lire.
Je vous invite à vous procurer ce petit ouvrage plein d’une
certaine poésie doublée d’un humour incomparable, au prix
de 14 euros frais de port compris aux Editions Cent pages, vous ne le
regretterez pas, croyez-moi !
FNAC - Renaud-Bray ou ailleurs
Michel Ostertag
réf : Wikipedia
- France
Culture
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Quelques Citations :
D'un trait de plume vif et précis, il sait trouver la phrase
lapidaire
où se cristallise l'absurde de la vie, la poésie de
l'instant, ou la
revendication en filigrane de ses opinions. Il a dans cet art beaucoup
de points communs avec Jules Renard.
• «L'immortalité de la rose consiste
dans le fait qu'elle est la sœur jumelle des roses futures.»
• «La seule joie des gens mariés, c'est
d'assister au mariage des autres... une joie diabolique !»
• «Le crocodile est une chaussure qui
bâille de la semelle.»
• «Le torticolis du pendu est incurable.»
• «On voit que le vent ne sait pas lire quand
il feuillette les pages d'un livre à l'envers.»
L'ensemble de son œuvre marquera une
profonde influence sur
les surréalistes avec son dandysme anarchiste, son humour et son
sens de l'absurde. Familier des protagonistes de
l'avant-garde, il publie en 1931
une synthèse magistrale sur la succession de mouvements
artistiques dans la
création plastique moderne depuis 1900 : "Ismos" (les
"ismes" : impressionnisme, cubisme, surréalisme...)
Voir l'ensemble de ses Oeuvres sur Wikipedia
Voir aussi : Comme des mouches...
Ramon Gomez de la Serna : Greguerias. Editions Cent Pages, 2005 (14,5
euros).
"Greguerias"
de Ramon Gomez de la Serna
recherche Michel Ostertag
Francopolis
février 2013
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