D'une langue à l'autre...
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Actu : FÉVRIER 2013 - D'une langue à l'autre...


Greguerias

de Ramon Gomez de La Serna

traduits par Valery Larbaud et Jean Cassou qui le font publier en France.

recherche Michel Ostertag





Ramon Gomez de la Serna : né à Madrid le 3 juillet 1888, et mort à Buenos Aires le 13 janvier 1963, était un écrivain d'avant-garde espagnol, généralement rattaché à la Generación de 1914 ou au Novecentismo, inventeur d'un genre littéraire poétique, la greguería. De 1910 à 1962, il écrit ses Greguerias, textes satiriques qui révèlent en grande partie son talent. Publiés dans la presse, incrustés dans d'autres œuvres, plusieurs fois réunis, certains inédits, ils dévoilent le sens de l'absurde de l'auteur. Mais en 1936, Ramon Gomez de la Serna quitte son pays lorsque la guerre civile éclate et part s'exiler en Argentine, à Buenos Aires. Il continuera d'écrire toute sa vie, alternant les genres : essais, pièces, romans, biographies, critiques... Figure mythique de la littérature espagnole, il a marqué les esprits de sa génératio

Une chronique récente sur France-Culture de Philippe Meyer m’a fait connaître cet auteur à-travers un livre, édité aux Editions Cent pages et intitulé « Greguerias » Intrigués, nous voulons savoir ce que signifie ce mot. En même temps que l’auteur s’abandonnait à cette forme littéraire, il cherchait un nom qui devait désigner ce qu’il écrivait. Il songea d’abord à «Regards», «Moments», «Ressemblances», mais cela ne le satisfaisait pas, il voulait trouver un mot plus précis, «plus espagnol» et si nuancé qu’il soit pratiquement intraduisible. Il trouva «Greguerias», c’est-à-dire : Cris confus, clameurs, brouhaha, criaillerie. Ou encore bavardage, jacasserie. Il dira que la «Greguerias» est spontanée, inarticulée, irrépressible, plus physiologique qu’intellectuelle, ineffablement intime. C’est aussi un défi du bon sens. C’est autre chose qu’une maxime, une pensée. Le lecteur est souvent frustré de ne pas y trouver une profonde réflexion moralisatrice ou édifiante ; l’intellectuel peut même considérer ces Greguerias comme des choses qu’on pouvait ne pas écrire et encore moins être donné à lire. Les greguerias sont des phrases dérangeantes ou absurdes. Elles surgissent de nulle part, comme par génération spontanée. Elles ressemblent à n'importe quoi, du bon mot à la réflexion idiote. Elles peuvent faire sourire, mais pas toujours ! Leur piqûre peut être féroce.

Le lecteur assidu de Jules Renard n’aura aucun mal à retrouver tout au long du recueil des formules de son auteur préféré avec, toutefois, un manque de vie journalière qui fait le charme du Journal mais Ramon de la Serna ne nous offre pas ici son journal intime tenu au fil des jours, mais en vrac, c’est-à-dire sans aucun classement par thèmes, il nous livre ses aphorismes à lui, bien à lui, avec sa façon si particulière de voir les gens, les choses et de les interpréter sous un angle qui lui est propre.

Quand il écrit que la toux est l’aboiement des poumons ou que le G est un C qui s’est laissé pousser les moustaches et le bouc ! Il montre sa façon si particulière de voir différemment les choses et les gens et c’est cela tout au long du recueil.

Parmi les 150 pages d’un texte imprimé en petits caractères et placé à l’horizontal, ce qui fait qu’au lieu de lire le livre, habituellement à la verticale, on le lit horizontalement, j’ai relevé ces quelques greguerias qui m’ont plu.
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L’épine dorsale est une canne que nous avalons à la naissance.

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Dans les laboratoires, on entend murmurer les cobayes : « Ce n’est pas  avec des ours blancs qu’ils oseraient faire des choses pareilles. »

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L’uniforme des hussards à l’air d’une radiographie.

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Il mangea tant de riz qu’il apprit à parler le Chinois.

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L’homme le plus important du contre-espionnage est le déchiffreur des papiers buvards.

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Nul  mieux qu’un père ne sait étendre le beurre sur le pain de ses enfants.

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Le Ü surmonté d’un tréma est l’équilibriste de l’alphabet.
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Le problème du vent, c’est qu’il n’a pas de peigne.

Bien sûr, pour apprécier cela il faut être débarrassé de toute pensée étroite, logique, il faut accepter le côté bizarre, incongru des choses écrites ici. Quand il dit que le poisson le plus difficile à pêcher est le savon dans l’eau, il fait preuve d’un humour qui fait plaisir à lire.

Je vous invite à vous procurer ce petit ouvrage plein d’une certaine poésie doublée d’un humour incomparable, au prix de 14 euros frais de port compris aux Editions Cent pages, vous ne le regretterez pas, croyez-moi !

FNAC - Renaud-Bray ou ailleurs

Michel Ostertag

réf
: Wikipedia - France Culture


Quelques Citations :
D'un trait de plume vif et précis, il sait trouver la phrase lapidaire où se cristallise l'absurde de la vie, la poésie de l'instant, ou la revendication en filigrane de ses opinions. Il a dans cet art beaucoup de points communs avec Jules Renard.

•    «L'immortalité de la rose consiste dans le fait qu'elle est la sœur jumelle des roses futures.»
•    «La seule joie des gens mariés, c'est d'assister au mariage des autres... une joie diabolique !»
•    «Le crocodile est une chaussure qui bâille de la semelle.»
•    «Le torticolis du pendu est incurable.»
•    «On voit que le vent ne sait pas lire quand il feuillette les pages d'un livre à l'envers.»

L'ensemble de son œuvre marquera une profonde influence sur les surréalistes avec son dandysme anarchiste, son humour et son sens de l'absurde. Familier des protagonistes de l'avant-garde, il publie en 1931 une synthèse magistrale sur la succession de mouvements artistiques dans la création plastique moderne depuis 1900 : "Ismos" (les "ismes" : impressionnisme, cubisme, surréalisme...)
Voir l'ensemble de ses Oeuvres sur Wikipedia

Voir aussi : Comme des mouches...
Ramon Gomez de la Serna : Greguerias. Editions Cent Pages, 2005 (14,5 euros).



"Greguerias"
de
Ramon Gomez de la Serna 
  recherche Michel Ostertag

Francopolis février 2013

Créé le 1 mars 2002

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