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Alain Freixe  sélection novembre 2003

Il se présente à vous


Le parti des libellules

 


Tout à coup c'est la nuit
Et qui s'y attendait

C'est noir partout
Un noir de cave humide
de vendange ratée
par trop de pluie
de brumes
de boue autour des fontaines
On est couché dans les heures
On patauge
On suffoque

Trois chiens enragés d'avoir eu peur
tremblent de rire
on ne voit du quatrième
que le goitre
affaissé sur sa médiocrité satisfaite

Le théâtre s'ouvre
À ses cintres
des poulies s'enraillent
des cordes cèdent
de vieux pendus écrivent
langue sur langue
sur la poussière d'un ciel de carton pâte

Le jour ne s'est pas effondré
Les pierres sont lisses
Il pleut toujours des meurtres
hypothétiques

Nous sommes entrés dans l'été
Ils disent ce n'était rien

Et tout poisse
Irrémédiablement

De l'autre côté
Au-dessus des eaux
Se tient la libellule
L'intermittente du beau temps
n'empêche pas les monstres
D'empierrer de leur venin les routes
Elle brûle l'air
lave la lumière
Et éclaircit le ciel.

 

 *

 

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Créé le 1 mars 2002

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