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Arnaud Delcorte sélection novembre 2003

 Il se présente à vous.


Saisons

 
Nous voici à l'apothéose
Des flûtes inégales quittent l'iris des gosses
Nous évinçons le frottement de la rumeur sur les carapaces
Lorsque le vieillissement frappe à la porte
Résolu à museler l'équinoxe
Solidement sanglée
Aux épaules vulnérables des marmots
On nous dit insouciants

Nous forgeons des abalones dans le fer des barricades
Dans les plis moroses des amitiés
Quand surgissent d'urgence les coeurs des ventres


Entre les phalanges des yeux qui nous emboîtent le pas
Entre les organes qui nous dévisagent
Entre les pupilles symétriques des avenues
Entre nous le ciel et les gerçures d'étoiles

Travestis les pêcheurs dans les barques et les suppliques des plages
Les courses méphitiques entre les algues où les nacres frémissent
Les soupirs et les rixes essoufflées à l'écume des lèvres


Pour la prière nous sortons l'insolence
Des tranchées de la paume
Et imprimons l'encre nue des contes
Sur le front des fidèles
On nous dit révoltés


Nous élimons les icônes à coups d'ongles et les revirements
Longtemps digérés sous nos épidermes translucides
Deviennent charité


Des oiseaux denses par les fenêtres battantes
Civilisent les savoirs dans nos têtes
Ils s'approprient nos étoiles
On ne les retient pas
Simplement
On cache l'autre oeil et les frénésies s'aplanissent

En visages graves cernés de charbon noir
En bulles fanées d'orgies tardives
En rouge figé aux joues d'hiver
En bouges crachés saouls sales et suants


Nous couchons les baigneuses dans l'amphithéâtre des impressions
Ah le goût douceâtre des baigneuses
Solitairement dénuées de toute présomption d'innocence
Et foulées au crible érogène de l'amour sans mot dire

Elles
Blêmes dans l'océan des humeurs blêmissantes
Elles océaniquement si fraîches si pensives
Abandonnés
On nous dit solitaires
Au désert des désirs nourriciers
Tranchés par la racine et scintillements
Aériens
Lorsque nous buvons l'eau
A la bouche des génies

 

 

 

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Créé le 1 mars 2002

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