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Bel Sandy,
sélection avril 2009 elle se présente à vous.
J’aime la regarder par la fenêtre Quand je suis seule Sans bruit Je crains toujours qu’ils puissent me surprendre du dehors Quand ils retournent à leur maison Et qu’ils découvrent que je brûle pour elle Ce sont des craintes inutiles, je ne veux pas, mais qu'y faire? Elles me dominent à jeun C’est la vérité Comme vous sans doute à cet instant En train de me lire et de sourire sans lever les yeux vers la mer Vous n’aimez pas les exilés. Non Ils n’ont pas de patrie et traînent des maladies J’entends vos murmures croisés, votre compassion provisoire Mais vous la verrez forcement à un moment ou à un autre Elle n’est pas pour moi seule, mais pour tous ceux qui attendent comme moi aux périphéries d’autres villes Si je l’étouffe Elle renaîtra au milieu des vagues Et je regretterai longtemps mon geste Mais je n’en ai pas l’intention tant qu’elle ne m’a pas renié Je n’ai lieu qu’en elle, je l’avoue Chaque matin, me lever tôt et être la première à la regarder A six heures et demie, à la fin de l’été il n’y a personne La rue est humide de l’odeur de la nuit Tournée vers elle, que mes yeux puissent la toucher Je prie que la mer reste calme dans l’archipel J’attends à l’orée du doute Puis elle se détache et flotte sur l’eau comme une tache. Parfois à un orage passager Elle se plie comme une ombre sous les rafales du vent presque noyée Saisie de panique je me dis que je devrais la chercher J’implore plus d'une fois le vent de ne pas trop appuyer son souffle sur les vagues, tendant le cou pour essayer de l’apercevoir entièrement Et j’ai mal Plus je m’approche plus je la vois entr’ouverte, offerte par la mer Je me réjouis de l’apercevoir de ma fenêtre, de me jeter dans sa nudité Comme une prairie claire posée sur l’eau Elle est superbe à cette distance Elle vient parfois jusqu'à moi, comme un insecte Et quand la mer infinie l’avale en chantant, elle s'esquive. Je hurle: reviens! Puis je descends le store, ferme les yeux Et refoule un long soupir Je me dis: « Malheur au père qui a exilé tout un peuple! Malheur à l’Angleterre, cause de ma perte! » Et le passé, par bribes floues se réveille Tel un serpent qui sort de la paille Il ramène les choses sans les avoir cherchées A cet instant La mer pose sa main sur mon épaule Elle me prépare Que je sois prête Lorsqu’elle va réapparaître sur ma rétine Je ne sais pas si je suis en train de perdre mon temps ou d’y vivre de quelque façon Je n’ai pas la réponse Mais je dois me raisonner, ne pas me laisser aller Est-ce une hallucination qui me nargue depuis l’enfance Son appel persistant surplombe la mer et vient en moi A cette force mystérieuse qui nous entraîne l’un vers l’autre Je n’ai pas la réponse Je dois vendre la maison pour acheter un bateau et embarquer vers l’île *** ->
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Créé le 1 mars 2002
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