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il se présente à vous.
Le mercredi, je l'emmenais quelquefois à la campagne… ou c'était elle qui nous conduisait à de larges promenades ? … Elle avait trois ans. C'était avant que son frère ne vienne. Je l'avais habituée à la marche, à force de discours faits pour la distraire des penchants qu'elle aurait pu manifester pour le non-effort ou autres bouderies.
A quelques occasions, je prenais mon appareil photo. Quand je voulais nous saisir ensemble, je me servais du chronomètre. Je cadrais Sarah seule, l'appareil posant sur un caillou ou autre support. J'appuyais et courais la rejoindre. « Quel jeu est ce ? … »
Sarah appréciait la promenade. Il nous arrivait de passer des semaines sans se projeter dans l'une d'elles, cela lui manquait. Elle réclamait à sa mère la raison du fait que l'on ne se soit pas vu depuis (longtemps)
A quatorze heures, j'arrivais chez Sarah. Ses bottines délacées dérangeaient sur les chemins des cailloux sautillants. Couverte d'un manteau trop grand, elle se déplaçait comme un papillon lourd. Sa main tenait un bâton dont la pointe traînait au sol. Une épaisse chevelure longue entourait son visage, où brillaient des yeux perçants comme son esprit curieux. Soudain, elle jetait tous ses doigts dans les fleurs, se posait au milieu d'herbes animant un bavardage muet comme celui de toiles.
« Si l'on goûtait… ? »
A mi-chemin de nos promenades on faisait la pause.
« Ça c'est pour moi, ça c'est pour toi !… »
Notre appétit ouvert par la marche sautait joyeux et vorace d'un aliment à l'autre tous posés sur l'herbe en manière de nappe.
Un vent froid allait, venait, ici et là, libre et léger.
Notre repas devait à la nature ses vertiges de sens : le pain blanc tartiné de lait frais, par exemple, logeait dans ses trous des tourbillons d'écume.
Chaque narine s'emplissait de l'étreinte langoureuse, pareille à celles qui enivreraient un coureur écoeuré d'haleines, après tout un jour de fuite et, dont le corps tombe sonné sur l'herbe sèche d'un champ de blé au lever des nuées, quand le sol assoiffé trouve un répit et soupire sa plainte dans la nuit naissante.
Le repas fait, reposés, on se disait alors des choses simples, fortes et aiguës, joliment données à la manière de chants d'oiseaux.
On se levait, moi comme l'ours, elle comme mon enfant. Ses maladroites chaussures raclaient encore les chemins Mon pas lourd et pensif, à côté, regardait le sien.
Ses jambes souples comme des caoutchoucs avaient des ressorts de ressource comme le miracle connaît. *** ->
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Créé le 1 mars 2002
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