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Roselynne Carrier sélection décembre 2003

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Elle nous parle de son rêve d'enfant et nous explique les tableaux de Estrid Cortembert.


 LE NOËL DES CINQ PAONS DES  NATIONS UNIES
 

Le cri a retenti "Leon !" Laïka a sursauté. La maison est calme, silencieuse ; on sent déjà l'approche de la neige, les bruits dehors se feutrent : c'est une nuit de coton - une belle nuit d'hiver où, par la fenêtre ouverte le regard plonge sur la ville - à la recherche de sapins de boules irisées, de bonheurs furtifs, de rires clairs, du son d’un piano parfois. C’est le souffle retenu qu’elle reste à regarder les fenêtres - âtres de la nuit - muette sous le picotement du froid.

Laïka a reconnu ce cri : c'est celui de G, le plus grand des paons du Palais des Nations Unies à Genève. Sans doute a-t-elle rêvé ?

- « J'ai dû confondre avec un autre bruit de la nuit, ma maison est trop éloignée du Palais pour entendre le cri du paon ».

Elle a repris sa lecture de Pachamama – Notre Terre, notre futur - écrit par des jeunes du monde entier, pour une vie en harmonie avec la nature. Elle aime la couverture du livre qui lui rappelle l’Afrique et ce bel éléphant qu’elle rencontra un jour au hasard d’un chemin d’Afrique du Sud.

C’est bientôt Noël, le miroir a revêtu son habit de fête : une tresse de sapin enluminée de rouge, quelques bébés de neige biscuit s’égarent sur le marbre pâle veiné de gris de la cheminée.

Sur le bureau où elle écrit, le globe luit doucement. Laïka dans la paix des nuits pose souvent avec nostalgie son regard sur l’indigo de la terre d’Algérie – le même que celui de France – le Cambodge a pris une couleur d’hiver d’ici : la couleur des clémentines. L’Estonie en sa verdure a pris les espoirs du prophète. Ce globe sur le bureau est un monde de paix, de tendres teintes de friandises, comme on a trouve à Noël . de ces gourmandises qu'on découvre dans les yeux des enfants.

« LEONNNN ! »

Le cri a retenti à nouveau dans la nuit – plus fort - Laïka est certaine maintenant qu’il se passe quelque chose au Palais des Nations, sinon le cri de « G » ne franchirait pas les montagnes qui entourent le lac des quarante vents.

Laïka a découvert les cinq paons un jour de plein été sur une pelouse du Palais : ils jouaient à faire la roue et monter les marches du Bocage - cette drôle de maison où elle résidait. Un jour, le plus gros des paons, avait arpenté le couloir menant au restaurant, occasionnant bien des dégâts. Il faut avouer que ces paons sont cinq impertinents : royalement, ils arrêtent les voitures dans la cour du Palais sans prendre les passages cloutés, ils se glissent à vos côtés pour un sandwich partagé, ils trônent sur le toit de l’entrée et prennent la couleur du temps. Les cinq paons sont les résidents de ce grand palais des Nations, avec quelques canards audacieux et des brebis dont la clochette tinte le matin - à l’heure des pas pressés.

Un matin de bonne heure - en les voyant tous réunis dans les brumes naissantes d’automne - Laïka s’est dit que ce tableau-là était bien bucolique et digne des Nations Unies et de la paix sur terre.

Puis Laïka a passé des saisons à regarder et côtoyer les cinq paons, depuis elle leur a donné un nom :
- G - le premier est le plus Grand, le plus majestueux
- L - le second, Léger, est celui qui vole le mieux
- O - le troisième est très Orgueilleux
- B - la quatrième est aussi grise que la Bise – le vent du nord qui souffle ici.
- E - le cinquième et le plus jeune symbolise tous les Espoirs.

Tous les animaux d’ici sont devenus la famille de Laïka :
- les brebis dont les cloches n’ont rien à envier à celles de Notre Dame ou des grandes églises de ce monde ;
- Les canards facétieux qui entrent au restaurant ;
- Les écureuils qui mangent en confiance au creux de la main ;
- Les oiseaux dans les volières qui l’appellent le matin ;
- « Quieto » - la boule tendresse de poils noirs - ce petit chien coquin qui niche des baisers à son cou avant qu’elle ne parte en courant.

Mais que s’est-il passé au Palais des Nations pour que retentisse le cri de « G », le plus grand des paons ?

Soudain Quieto - le petit chien qui dormait à ses côtés - s’est mis au piano. C’est impossible, pourtant des notes montent dans la nuit ; tous les oiseaux se sont mis à chanter dans les volières. Qu’est-il arrivé, pour que dans la nuit paisible de décembre 2003, ses amis les animaux fassent autant de bruit soudain ?

Laïka est très inquiète, il lui faut absolument aller par la magie de l’air et du vent jusqu’au palais des cinq paons.

Il neige maintenant - enveloppée d’un manteau de flocons blancs - elle vole, portée par les vents vers le palais de pierre pâle, ces pierres pâles qu’on trouve ici au lac du pays des quarante vents.

Près du bassin, à la lueur de la lune, la sphère des Nations Unies brille – comme ces mappemondes à la douce lumière qu’on offre aux enfants pour qu’ils puissent rêver.

Les cinq paons sont là immobiles et muets.

Laïka est très surprise : c’est la première fois que les paons sont muets, cela n’est jamais arrivé depuis la nuit des temps dans l’histoire des paons.

En posant ses pas sur la neige, émerveillée, elle n’en croit pas ses yeux : au centre de la sphère dorment cinq enfants paisiblement - tous de couleurs différentes : des enfants des cinq continents. Blotti au côté des enfants est un oisillon tremblant qui ressemble aux cinq paons - pourtant, nul de mémoire de vivant n’a vu un tel paon : son plumage est de la couleur des cinq enfants de la terre réunis. Le petit paon porte autour du cou un collier de lumière sur lequel Laïka lit son nom avec émotion : « GLOBE ».

Ce fut ce 24 décembre 2003 que naquirent les cinq enfants de la paix sur terre tant espérée depuis la nuit des temps. Depuis ce Noël 2003, jours et nuits veillés par cinq paons et Globe le petit paon et d’autres animaux encore, des enfants ont rejoint le Palais de la Paix sur terre où résident désormais Laïka et tous ses amis de Pachamama. Ces enfants sont le monde de demain – celui qui ne veut plus de guerre et rêve de laisser aux enfants leur planète et des lendemains où la souffrance et la guerre n’existent pas.

Tous espèrent ici : Globe, le petit paon, tous les grands paons des Nations Unies et les animaux rassemblés - la mésange qui sautille, impertinente, l’écureuil curieux qui vient manger au creux de la main ; plus loin encore ce sont les centaines de moutons qui s’égarent - comme des pelotes de laine claire et brune – sur la prairie qui lentement s’allonge vers le lac.

Ici est un monde où l’espoir est en chacun, c’est un monde aussi où l’on attend beaucoup de vous partout dans ce monde – les grands comme les petits - parce que les guerres, nous les portons en nous si notre regard ne sait pas voir ailleurs ou si nous n’avons plus d’espoir en personne.

Globe le petit paon l’a compris – il attend que viennent à lui les enfants de tous les pays.

Laïka attend aussi .

Vous savez, parfois la magie devient réalité : seule Laïka pourrait vous dire pourquoi, mais cela est une autre histoire.

Il est l’heure de fermer les yeux, de dormir pour porter un vœu à l’étoile, silencieusement. Doucement, avec tous vos rêves mêlés, ensemble nous ferons un monde si beau que lorsque vous vous réveillerez, vous découvrirez tout ce que je vous ai raconté.

Regardez toujours les étoiles et n’oubliez jamais l’histoire du Noël des cinq paons des Nations Unies.

La magicienne, Laïka.



tableaux de Estrid Cortembert -Tuulma d'Estonie



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Créé le 1 mars 2002

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