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Chafik Nadia  sélection mars 2009

elle se présente à vous.


 Hymne à la terre


Au poète inconnu.              

J’ai dans la tête
battant des ailes
l’oiseau blanc au large bec
avalant ses entrailles,
l’oiseau gigantesque crachant ses flammes.

Ma solitude dans la bourrasque du départ,
envolé l’oiseau majestueux
sans âme,
emportant le poète,
par-dessus les forêts,
par-dessus les mers,
plus loin que le jour.

En pointes de couteaux
le soleil couchant ses rayons
dans l’obscurité de mes yeux,
à le voir partir
et mourir un peu.
A l’heure du départ, l’attente déjà.

Si lourd est le silence du soir,
plus loin que la nuit.
Je n’oublie rien.
Ni les souvenirs poussiéreux
entre chants et baroud d’honneur,
ni les cascades de douceur,
d’eau fraîche,
et de lauriers roses,
autour de leurs petites chevilles tatouées de fibules.
Déjà si femmes dans leurs besognes.
Toutes les femmes
du levant au couchant.
Demain à renaître pour elles,
comme un astre de lumière,
dans la brillance de leurs yeux.
A la chandelle vacillante,
du froid de mille dangers,
des parfums fiers de l’écorce et de la résine
déposés sur les terres spoliées.
Ni les puits taris,
ni les caravanes du sud
remontant vers la source du poème,
ni les caravanes du nord
labourant les réticences du désert,
ni les promesses neuves
des villes mensongères,
ni mon premier jet d’encre,
âpre défaite.

Reviens,
j’ai le mal de tes mots,
le mal de tes rimes,
le mal de toi,
O poète inconnu.
Dans l’attente du retour,
la nausée du verbe muet,
penchant le regard sur les mains écorchées des fillettes,
sans illusion,
leurs cédraies miennes,
notre patrie en deuil.

Reviens,
le poème a perdu sa mesure
les cigognes leurs plumages,
pages blanches et stériles
sans tes encres
en berne ou en espoirs.
Sans ta cadence,
sans tes révoltes,
sans tes rêves
égarés jeunes,
dans les tempêtes de sable
des zéphyrs
des orages.

Reviens,
redresser les torts.
Reviens, relever les dignités agenouillées
rampant comme des reptiles à la tête tranchée.
Reviens,
à nous perdre entre tes lignes charnelles dénudées,
à nous égarer dans l’essence des étreintes.

J’ai encore dans la tête
l’oiseau au ventre blanc
piaillant la douleur,
ma douleur de te voir partir
dans un geste lent de la main,
sans te retenir ni de cris
ni de larmes.
J’ai compris la mort
si tu t’en allais plus loin encore,
à te perdre demain.
J’ai compris l’agonie de notre terre,
si tu venais à périr dans l’exil.

Reviens,
j’ai le mal de toi, ce soir,
et le silence des vers est
lourd à porter seule.
Reviens,
pour la chrysalide du poème mené à la dérive.

Et si tu ne puis rebrousser chemin,
de ton âme, j’irais en quête.
Jusqu’au bout de l’enfer
retirer tes os des flammes,
fragile de mes doutes
combien forte de tes mots,
pour que recommence le rêve
au chevet du sommeil.
Profonds, le creux des sillons,
dans nos cœurs,
fougueux et tendres,
de rosées matinales
à panser les blessures de l’enfant,
à sécher ses larmes
au buvard de tes refrains.

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Créé le 1 mars 2002

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