Vos textes publiés ici après soumission au comité de poésie de francopolis.







 
actu  
  archives

 

Claire Legendre et Jérôme Bonnetto    sélection juin 2004

Ils se présentent à vous.

 


   Passerelles (extrait)

 

 

Une bague de fiançailles sur la main abîmée d’une femme, entre nous sur la rampe du tramway.
Tu me perds dans la foule bridée condensée, moi je n’ai pas de manuel de survie.
D’abord tu as voulu boire, pour supporter que ce soit si beau. Moi, la mezzanine me donne le vertige, quand tu éteins la lumière, dans l’escalier je tâtonne pour ne pas t’éveiller. Je ne sais pas quel tour de passe-passe m’a fait initiatrice, je ne sais pas moi-même où comment me perdre, il faut d’abord découvrir, s’accoutumer à la forme, à la peau. Dans cette accoutumance à toi, que j’oublie mon dénuement. Que ta nudité efface la mienne.

Dis-moi encore les détours la passerelle grinçante et les mille huit cent mètres de la promenade. Muro Torto, Narcisse mirait élégamment son marbre décharné. Détacher la fibule, se dévêtir. Notre seul témoin me donne à méditer ma double vie, le vin italien migraineux me l’efface, je parle trop.
Place des cinq lunes, je sais déjà la fin, je crois la savoir, la palpitation traque notre illégitimité.


J’ai mis mes jambes autour de toi. J’ai chanté.
Oublié l’entêtement de mes rêves monumentaux, jamais plus à Rome que là.

Je retrouve nos dialogues consciencieusement notés pour s’en souvenir.
Je les dis à haute voix, comme un claquement de doigts. J’y suis là, dans le tempo spasmodique de nos premiers pas.
Tu m’as gardée au lit tu m’as donné la musique du piano pour moi seule.
Mon écoute docile.

This mess we’re in.
Dans la pièce du bas, près de la fenêtre, tu es assis sur le bureau, moi face à toi, je chante je me rapproche.

Night and day
I dream of
Making love
To you my…

Sur le lit d’appoint contre le mur, ton ventre crie famine, je cherche une cigarette.

Elle avait des bagues à chaque doigt
Tu regardes le parc de notre fenêtre, il y a seize carrés.

C’est là qu’on s’est connus
Moi qui criais famine
Et toi qui posais nue.

allongés la nuit dans l’herbe du parc, sans personne, tu chantes, il est tard, tu ris.

And no more shall we part.
seule après, chez ma mère, l’attente, les épreuves

Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil

tout le temps

You’re the only story that I’ve never controlled
You’re my dirty little secret, wanna keep you so…
I can’t believe life’s so complex
Well I just wanna sit here and watch you undress

le matin

If you close the door, the night could last forever
le train entre en gare, je chante faux comme Nico

 

(extrait du recueil "Passerelles", de Claire Legendre et Jérôme Bonnetto )

 

 

 

 

 

-> Vous désirez envoyer un commentaire sur ce texte? Il sera rajouté à la suite en entier ou en extrait.

 

-> Vous voulez nous envoyer vos textes?

Tous les renseignements dans la rubrique : "Comité de poésie"

Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer