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Juliette Clochelune    sélection  septembre 2007

elle se présente à vous.


 Dis Papa...


- Dis Papa, ça fait quoi quand on a le coeur arraché ?
Dis Papa, ça fait quoi quand ça s'enfuit dans vos cauchemars, un gros coeur putréfié vous coursant après, galopant et saignant ?

-Ma fille, arrête qu'est-ce qu'il te prend ?

- Il me prend toi, Papa, c¹est ton coeur qui vient broyer mes cauchemars, qui rentre dans ma chair et me salit ! Arrête Papa de me dire que tu m'aimes, je ne te crois pas. L'amour n'existe pas. Illusion, foutaises !
Dis-moi Papa... est-ce que toutes les petites filles ont des papas comme toi qui leur enfonce ce truc qui dépasse là où ça fait mal ? Après, je sens comme une grosse bête visqueuse qui broie mon ventre et déchire mon désir, mon miroir.
Pourquoi tu veux me ressembler, Papa ? Pourquoi quand je me regarde dans le fond de mon miroir, c'est ton visage en fureur qui se juxtapose, et cette cicatrice venant s¹enfoncer dans mes globules ?
-...


- Non, ne parle pas, ne me dis rien, je te hais. Tu as tout brisé en moi.
Plus jamais mon corps ne grandira, et plus jamais je n'aurai le corps d'un enfant. Aucun homme ne viendra jamais plus m'abîmer. Je vais partir, me rayer de la vie. Les hommes dans mes rêves, chaque fois que je veux m'envoler seule et essaie quand même d'en emmener un avec moi, ils sont cent fois trop lourds et me font retomber en pleine gravité. Pourtant, n'y a-t-il pas un seul homme qui puisse être léger et s'envoler aussi, sans m'aplatir au ras du sol et me prendre férocement?

- Ma fille, ma chère enfant, mon amour, ma fée, tu es la toute légère, si légère qu'il faut bien que je t'entraîne dans la terre, que tu prennes racine.

- Papa, tu es comme ces géants qui emportent les enfants et tuent leur univers, tuent leur ciel. Je vais partir, m¹envoler jusqu¹à l¹étoile. Elle m'attend, je l'ai vue briller dans mes envolées nocturnes. Là se trouve ma place... Je veux mourir, partir en rêvant pour être toujours dans cette étoile. Dis, mon petit Papa, il faut me programmer un rêve et pas un cauchemar. Mais peut-être suis-je vouée à être trop lourde trop le temps ?
Ton cauchemar m'emmènera.

Quelqu'un, s'il vous plait, emmène-moi avec toi dans tes rêves légers. Je laisse cette lettre pour que quelqu'un veuille me sauver dans ses propres rêves, je le souhaite si fort...
Adieu la terre, adieu mon Papa.
Dis, quelqu'un... adopte-moi en rêve...




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Créé le 1 mars 2002

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