Vos textes publiés ici après soumission au comité de poésie de francopolis.







 
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Ana-Maria David
  sélection octobre 2007

elle se présente à vous.


Une elle

      Les feux rouge et vert montrent l'homme (bipède).
      Elle réfléchit: bipède, homme. Normal.Quand on dit homme, c'est sous-entendu qu'il est bipède, plus besoin de le dire. Mais elle réfléchit encore. Les feux signalent un bipède, d'abord? Plutôt un homme? Après tout, l'essentiel: une tête, un corps auquel quatre membres, deux supérieures et deux inférieures, sont attachés. Aucun signe de plus; si, la marche ou l'arrêt. A l'arrêt, il faut deviner deux membres inférieures, parce que, souvent, on n'en voit qu'un, très gros. Mais pourquoi pas des cheveux longs pour marquer la féminité?
      Elle s'arrête au feu rouge. Elle re-réfléchit. A quoi servira les cheveux longs, de toute façon? Les femmes d'aujourd'hui ont des cheveux courts, certaines. Et, de plus, les hommes ont des cheveux longs, pas tous. Il y a donc un chiffre à prendre en considération. A ne pas négliger. Donc, pas de cheveux. Chauves, alors? C'est toute fois dommage! C'est presque tout ce qui nous reste de notre parure. On est déjà presque chauves si on regarde notre corps. Bon, sans cheveux, sans poils, en gros.
      Les feux, c'est cela, l'évolution de l'homme: bipède, sans cheveux, ni poils. L'homme, dans toute sa luminosité. Feu vert. Elle traverse.
      D'autres feux qu'elle voit, qu'elle laisse derrière elle. Elle n'y pense plus.
      Elle réfléchit. Il y a toujours quelque chose à quoi elle s'accroche les pensées, comme on accroche le linge pour sécher.
      Des fois elle se demande comment elle peut mettre tellement de temps à réfléchir à des choses futiles. Cependant, cela n'empêche l'esprit de s'arrêter sur les futilités.
      Elle se demande, par exemple, pourquoi la poupoune des ennfants n'a pas des traits sur le visage? Des traits, c'est-à-dire des yeux, un nez, une bouche. Peut-être la tête est-elle petite? Mais il y a des poupées qui ont une tête encore plus petite et, malgré cela, elles ont 'des traits'. Ou peut-être les enfants s'en fichent-ils de tous les traits. De mes interrogations... futiles, aussi?
      Mais, peut-être l'absence de traits les fait penser à leur propre 'personnage'. Ouf,je parle comme dans une critique littéraire! Mais quel bonheur pour un enfant d'avoir sa projection de personnage! Chaque soir, l'enfant peut créer un personnage, un ami. Poupoune l'a fâché, parce ce qu'il s'est caché derrière le canapé? Alors, poubelle Poupoune 1. On crée Poupoune 2. Poupoune 2 a eu la mauvaise idée de se laver? Ouste. Poupoune 3 arrive!... On dirait une pub cachée! Et tout, pour un bout de chiffon!
      Elle aurait aimé penser à autre chose, autrement, dans un autre ordre, pour que tout soit clair. Mais cela sort ainsi, mal, moins mal, bien, très mal... On ne choisit pas trop. On est servi. La règle du moindre effort. Cela s'appliquait pour parler, à ce qu'elle se souvienne...
      Finalement cette règle s'applique à tout. Trop. Après chaque pensée qu'elle fait (fait?), elle signe. Personne ne l'influence, elle en est sûre, sauf qu'elle trouve tout préparé quand elle veut penser à quelque chose. Il faut seulement signer... une Elle...
      Vous pouvez épeler votre nom, s'il vous plaît? Ah, vous voulez signer, vous?... Ce n'est pas la peine. Il suffit de m'épeler votre nom. Comment vous dites? D'accord! Je vous remercie!

                        Une Aile
(C'était bien cela, je pense...)


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Créé le 1 mars 2002

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