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Arnaud Delcorte
  sélection novembre 2005

il se présente à vous.


  Gaz

 

Aux autres de délurer l'espoir
De corser l'essentiel
D'alpaguer la lune
Il n'y a à mes côtés qu'une petite sirène
Et deux ou trois coquillages
Pas de quoi faire une révolution
Et pourtant ce n'est pas l'envie qui me manque
Croyez-moi

Je me retourne et qu'est-ce que je vois
Des langues serpentines quitter l'océan
Des engoulevents des engoulevents
Les réminiscences d'une frayeur d'enfant
Mais avouons-le
Il n'y a plus place en moi pour elles
L'adulte a usé l'enfant jusqu'à la corde

Maintenant je TRAVAILLE
Les grandes idées et les emportements
Les raz de marée qui déchirent le crâne
Ne sont plus que migraines occasionnelles
Finis
Les albatros à l'envergure céleste
Les pélicans enceints d'univers diluviens
et même les mouettes rieuses
Je les ai écrasés sous le poing
Mis sous clé
Je les retrouve juste le temps d'un rêve
Ou d'un joint

Mon fils Andréa je te lègue mes craintes et mes effrois
Ma liberté
Ma foi
Ils sont à toi à présent ces oiseaux de bon augure
Qu'ils te soient libération 

Maintenant je pense ARGENT SEXE et POLITIQUE
L'âge fait des ravages
C'est le refroidissement global du genre humain
Givrés les sourires glaciales les embrassades
L'amour s'est fait tout petit
Bien rangé poli et maniéré
Discipliné
Juste là quand on l'appelle
sinon
Vlan
On referme le placard d'un coup sec

Et pourtant il y a quelque part aux tréfonds
En veilleuse
Deux cailloux
Longuement lissés par les éléments
La possibilité
Si ténue soit-elle
L'éventualité
D'une étincelle

Et lorsque la flamme est éteinte depuis trop longtemps
Il suffit d'une étincelle
Pour susciter l'explosion.






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Créé le 1 mars 2002

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