tu me dis des mots forts
forts et beaux
je les consigne à jamais dans un petit cahier
là-bas dans un recoin du crâne

je te dis des mots durs
que tu évites parfois d'un haussement d'épaule
d'un hochement de tête
et parfois d'une larme

tu me dis des mots lents
archi-lents
des mots qui effeuillent le désir
caressent l'espoir
embrassent les vents

je te dis des mots fous
des paragraphes surréalistes
à quatre pattes sous les draps
comme deux chiots à la fête

tu me dis des mots mûrs
ils font souvent mal à entendre ils font souffrir
et me poussent de l'avant
un coup de pouce pour franchir les saisons

je te dis des mots amers
des fruits encore verts des flots de vinaigre
tout le sel et l'écume de l'océan
ou ceux de nos pleurs

tu me dis des mots purs
des vers et des évangiles
des cristaux sortis de ta bouche
je me demande où tu vas les chercher

mais
derrière ces paroles
il y a une multitude indicible
aussi différente des mots
que le jour de la nuit
que le papillon de sa chrysalide

aussi denses que des trous noirs
au coeur de la galaxie des mots
il y a toi et moi et il y a nous.