Jacques Desmarais,
sélection janvier 2009
il se présente
à
vous.
PAR LES SIGNAUX DU GRAND BOIS
(extraits)
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La fenêtre est grand ouverte
et les rideaux, ma foi, sont en cavale!
Les gros-becs fruitent à coeur joie
dans le pommier rabougri d'à-côté.
Je ne sais trop sur quel pied danser :
est-ce que je dors encore un peu?
***
C'est par la fuite du matin trouble
que je rêve le plus à ton nom d'oiseau...
Pendant que les sarcelles
s'inquiètent du temps nomade,
tout scintille encore
dans l'écho profond des encorbellements :
aquarelles, encres, eaux-fortes, barbouillages foncés,
petits craquements furtifs des élans d'Amérique
qui triomphent à l'école buissonnière...
Haïe!
Tu as détaché la chaloupe?
***
Je gagne comme une flèche
l'érablière pentue qui vire jaune
et surplombe en climax
le point de vue panoramique.
C'est un pays intense
de corniches émeraudes,
un herbier coquin
pour espadrilles en lambeaux
Je marcherai vers toi
comme un aveugle
en décalquant la rive
avec les charbons de mes yeux de matelot
***
À travers branches et boulots jolis,
il y a comme des reflets de spoutniks
aux électrons stones grouillant de brise,
des fleurs fugitives tressées indienne
en barques d'or sur le lac Boker
qui se piquent l'une l'autre
en des horaires flexibles,
clignotent
comme des codes secrets
au-dessus du maquis...
***
L'automne, en sa première muance,
est d'abord un été trop mûr
qui perd ses cornes,
un bal masqué espagnol
qui trompe l'horizon sans filet
***
Je t'apercevrai quand même au loin
suivre le crochet dentelé de l'Île-aux-Joncs
Puis, au ralentit,
sur le miroir aux oubliettes qui s'égrainent,
je sais que tu longeras fidèlement le quai de pierres
léchées
Je devrai courir un peu pour te surprendre...
Siffler en étranger
la pièce à musique de Mougins
***
Or dans mon âme paresseuse
de miel ambré et de septembre,
il y a toujours ce mélange échevelé
de coups d'épée et d'ardeurs de chevalet
qui flamboient...
***
Tu m'accosteras en souriant
comme une espionne qui dénoyaute le ciel,
les arbres et les quenouilles,
avec ses jumelles inspirées
Celle qui me chavire de bord en bord...
***
Jusqu'au chalet, tu éparpilleras sur le sol
les dernières rumeurs du huard à collier
croisé là-bas en toute intimité...
Je sais que tu auras déjà
bien trop chaud pour déjeuner!
que ta pensée flotte
comme un nénuphar
au milieu des roseaux
...
Puis, dans un bruissement ravageur
qui efface tout le tableau de la chambre en délire,
tu enlèveras ta robe de percale...
Hou! Tu es jeune!
Et moi, suis-je un ancien tigre?
***
Je ne redescendrai pas
les mains moites!
À matin, dans mon pays sage de cerisiers tardifs,
trop timide, trop enfermé, trop cancre!
je ne laisserai pas la butte de sable
me poivrer de solitude!
***
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