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Patrick Duquoc
  sélection mars 2007

il se présente à vous.


 Pommes...

J'ai des mots pour pleurer, mais aucuns ne reste assez pour parler, alors parfois je frotte mes mains sur le sable, et, je rêve d'enfance. Comme les nuages sur un tableau, et il me dit: défend le, défend le, comme un arbre qui rode, loin de la forêt, loin de lui-même. Elle me sait, assise au coin du jardin, elle lance des pommes sur moi, elle lance des pommes à mes pieds, en fait des monceaux, des tas, mais moi qui suis-je pour ces pommes ? Isaac ? Non, je ne sais si c'est assez de gravité dans ces mots, mais je ne pleure presque pas. Elle me sait ? Idiotie de formulation, qui pose le problème dans son fondement, se savoir quand on ne se connaît pas, le degré-zéro de l'inconnaissance à l'action, la métaphore, la parabole, et l'enfer littéraire comme scène, et voilà, suffit-il de poser ce tableau, cet avant scène pour faire réalité ? Il y a cosentience dans des mots si forts posés, déposés, oui comme une déposition, une acquisition qui vire sur l'ombre à l'inquisition, mais où se niche alors la bonne volonté ou le sentiment là-dedans ?

S'il y a du sentiment, il ne se trouvera qu'entre les mots, qu'en défiance, qu'en lisières, alors regards souffrez un peu de chercher, même si vous ne trouvez rien que des mots, moi aussi souvent je perds le sentiment qui se cache entre les mots, car il n'est plus moi, et part en chasse dans cette forêt de truismes comme une chasse à courre. Alors lance ces pommes, je ne suis pas moi-même alors avec gravitation à la manque je serai Newton pour une aube, en délicatesse, comme en tristesse, celle qui rode, au près de la ride droite au coin de mes yeux.

Je ne comprends plus en fait, le pourquoi de l'état de mes mains qui pleurent sur l'onde, je ne comprend plus en effet la raison de ces ego qui se coincent dans les tiroirs, ou peut être dans les miroirs, se parent de masques comme ils s'imaginent parer les coups, alors qu'ils ne font que donner des coups, s'en donner aussi, peut être, en miroir, comme en sortie de l'isoloir. Funeste, non ?

Alors j'ai des mots là sur le chemin, qui s'en vont encore une fois, dans un mystère qui se nommait Jardin, d'aucuns le nomment Champ ou Temple, ou Cimetière, mais s'il porte en effet le col du cimeterre, acéré, sa lame est de flamme éteinte, et le fil est recouvert de cendres, alors, encore quelques pommes ma mie, encore. Et qui sait, un jour, je découvrirai les tartes, quand j'aurai retrouvé mes mains, mon coeur, et... un petit lapin, car il faut toujours un petit lapin quand il se fait tard, trop tard, mais trop tard c'est aussi parfois le geste de retard, allez, Chapeau bas.

- Pardon
- Dis-tu ? Quel est donc le poids de cette formulation ici ? Te nommer corrigerait déjà l'entrée considérée comme sidérante ou sidérale, voyez voici que mon souffle encor ne paraît que par un râle unique.
- Pardon pour l'intrusion, je ne suis que le petit lapin, je passais par là et comme je suis déjà en retard je me permets de m'arrêter, vous me semblez si étrange.
- Étrange ? Étranger à moi-même ? Oui, car il n'y a sûrement maintenant que celui qui pose les mots, même s'il n'a plus de mains, mais reste-t-il l'être initial ? Ces mots pensent fort qu'il s'est perdu en route, par ici ou par lassitude, par là ou par habitude, en contre comme en se serrant contre quelqu'une.
-Perdu ? Comment se perdre quand on ne s'est jamais rencontré ?
Suffit-il de chercher une carotte pour la trouver ? Suffit-il de se voir majeur pour se trouver simple ? Un petit lapin connaît-il l'amour ? Ou ne sait-il que copuler frénétiquement ?
-Que me parles-tu de cela ? Histoires de lapins peuvent-il coller à histoire de mots vidés, évidés, qui ne sont que sons portés au feu, à vif sur la semelle, sur la pose-infortune ou importune. Que me racontes-tu ? La carotte existe-t-elle ici ? Si elle ne naît que dans l'ombre du désir de chacun pour chacune, l'artiste doit-il devenir alors le jouet que l'on convoite ? Encore, toujours les mots, qui fument de trop d'efforts, la proie comme ombre, rien n'y est pour, rien n'y reste contre, tout tremble et s'enfuit, dans la dérobade, voilà, dans la dérobade, il y a fuite, en avant, il y a fuite et vol, il y a accaparation, dérobade, et il n'est plus jamais question de sens derrière le sentiment, mais dérobade oui, car les mots eux même se perdent dans les limbes. Des mains, maintenant disparues, qui tapaient sans hâte comme si elles tapinaient sur un trottoir de souffrance à la côte des douleurs, des mots qui tombent harassés sortants à peine vifs d'une aube si noire, et des regards lecteurs, des mains, des yeux qui ne sont pas moi, qui ne seront jamais personne, impersonnelles, se représentent dans le mal comme dans l'onde bienfaisante, alors voilà lapin, voilà, quelle est l'insuffisance des mots, où se niche leur quasi puissance ?
Il y eut au départ pourtant une quelconque âme qui s'est trouvée là, qu'en reste-t-il ? Y a-t-il de la régression, comme il y a tant d'occultations dans ma mémoire, y a-t-il progression du malaise ou de la sensation catharsique ? Comme en souffrance, comme de donner une autre chance ? Peut-être alors quand j'aurai retrouvé mes mains, demain tenant lieu de maintenance dans une aurore de cendres.

Breathing in tune.

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Créé le 1 mars 2002

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