Vos textes publiés ici après soumission au comité de poésie de francopolis.







 
actu  
  archives

 


Jorge Etcheverry
  sélection février 2007

il se présente à vous.


 Peuple


Étudiants sans école et sans livre
 Escargot sans coquille, mer sans vague
 Travailleurs sans main, visionnaires sans paupière
Soldats sans uniforme, ni galon ni artillerie
Appuyés sur la colonne vertébrale de la terre, ils livrent bataille
Sans escadron et sans cri
Pour arme lourde, la faim
Pour drapeau, le sang
Pour benzène et pour courant électrique, les nerfs

Du coté de là-bas les machines
Les automobiles et les chars blindés
Les livres de bon papier, les règles à calcul
La viande, le pain, les tapis, les colliers
Les avions, les communications
Le centre de la ville avec ses hauts édifices solides

De ce coté-ci des tranchées d'adobe
de chaudrons défoncés, d'oignons
de chemises sans bouton, de roses séchées
Sans caries sur lesquelles planifier les démarches tactiques et stratégiques
Avec, comme bélier et défense, l'immensité humaine somnolente et faible
dispersés dans les déserts, couronnant les cordillères, engorgeant les vallées

Se reproduisant et mourant

Sans papillon, soleil ni tambour
Sans héros portant le heaume, chevalier à monture royale
Sans épée qui ne chante, sans Graal

Sans étendard ni étoile brillant aux ailes des aéroplanes

Assemblés en une poitrine sans dos visible, une vaste envergure

de la couleur des plumes de la grive, un semis de front et d'yeux

Dirigeant non pas des compagnies mais bien des générations

Opposant à la détérioration des cartouches brûlées la dissolution de la chair aux chenilles des véhicules, les charrues brisées

Engrenant 1'engrenage des articulations engourdies

dotés de la sagesse de la machine humaine face à 1'astuce des États-majors

Opposant la distribution de l'homme sur le sol aux traitements de "choc"
Faisant appel à l'épuisement des bras, planifiant la suspension de l'énergie qui sustente les usines

Face au pouvoir armé de mitraillettes et de calculatrices
Qui peut contrôler les marées, non le grossissement des mers
Qui peut récolter les épis et ne sait éliminer la nécessité du blé

Qui se couvre la tête sous le soleil et ne sait éliminer la source des rayons
Qui peut brûler des livres déjà écrits mais ne peut en écrire d'autres

Enfoncés jusqu'à la taille dans la boue de l'histoire
Faisant étalage de la possession du temps dans les génitaux
Arborant la source de toute force dans les bras
Gardant la reine des abeilles dans l'écrin du coeur
L 'incendie vorace dans l'obscurité des pupilles


*******



-> Vous désirez envoyer un commentaire sur ce texte?
        

 

-> Vous voulez nous envoyer vos textes?

Tous les renseignements dans la rubrique : "Comité de poésie"

Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer