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Fadanni Laurent   sélection avril 2007

il se présente à vous.


 extraits du recueil
"Anatomie de l'échec"

1.

frère
ce sont tes lèvres et tes
paupières qu’il te faudrait clore pour réapprendre l’ouïe
l’écoute muette des choses premières
pourquoi ne fais-tu pas du désert ta maison
là-bas un cactus attend ta compagnie
des pierres déjà ont pris la forme de ton corps
qui d’entre vous sera le lit de l’autre
je te laisse le choix du silence ou du cri
de la parole jamais

ne vois-tu pas que sous tes dents de sagesse
des crocs ne demandent qu’à pousser

je voudrais que tu bondisses
je voudrais que tu t’abattes sur tes propres rêves
te dévores et te digères
je te voudrais cruel envers toi-même
pour que ton âme
acculée
se découvre rebelle

que tu commences enfin à exister
cela je l’exige

2.

mon âme là
dans le reflet de ma main sur l’horizon dressée
mon âme
ombre et promesse
levier du monde
mon âme mon poing
menaces suspendues

et les faux soleils déjà se couchent
les villes peuplées de fous
progressivement s’éteignent
et les déserts progressent
inintelligibles étendues
rêves de moi-même et de mes frères
animaux du silence
en d’éternelles maternités
fondus

nous naissons de la danse
peuplons l’instant
déclinons
périssons

et nous rejaillissons
démultipliés de nous-mêmes

3.

je ne compte plus les nuits où j’ai refait le ciel aux couleurs de ma tribu

il y a toujours une déchirure
sonore pour entamer la danse
pour lézarder le vide et consumer nos peurs
un cri mêlé
sublime cacophonie

il y a la vieille guitare aussi
dont les notes à tour de doigts tiennent éveillés les plus
faibles d’entre nous

et tour à tour nous sommes ceux-là

car il est des secondes assassines
fourbes
portant dans leur néant des sommeils inouïs

mais nous savons le feu
les sortilèges allumés de nos yeux
et ces visages aussi
ces monstres de beauté
nous les offrons au versant muet de la lune

c’est là que nous avons assis notre clan
à l’intérieur du cercle de nos bras
c’est là
indivisibles et invisibles
que nous brillons

pour les règnes à venir

4.

les hommes vont de multiples chemins comme dirait l’Autre

j’ai démultiplié le mien au hasard des rencontres
m’abreuvant aux quêtes les plus insensées
celles dont la richesse repose non dans la fin
mais dans le pas accompli
j’ai marché vers des mirages
en compagnie d’êtres ineffables
et pas un ne m’est resté
hors l’empreinte de mes pas

compagnons de route !
c’est ainsi que je veux vous célébrer
dans le processus de la marche
tantôt paisible
tantôt ardente
fondamentalement mobile
c’est ainsi que je veux chanter
les contrées parcourues sous l’arche de vos yeux
les îles où nous avons laissé l’inutile au voyage

je veux chanter le dépouillement
l’abandon
les chemins avalés à nu

je veux chanter la pierre sur laquelle mon pied a buté
car c’est elle qui m’a appris à danser
à dégager mon corps de l’attraction des astres
c’est elle qui a réveillé l’acrobate qui dormait en moi
qui m’a sculpté des ailes

et je sais le prix des envolées à l’ampleur de la chute
chaque fois que je suis tombé
j’ai laissé un peu de moi sur la route
voilà pourquoi je vais léger
et démultiplié

les hommes vont de multiples chemins…


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Créé le 1 mars 2002

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