Vos textes publiés ici après soumission au comité de poésie de francopolis.







 
actu  
  archives

 

 Gilles Brulet, sélection No.19
octobre 2004

Pour lui la poésie est" peut-être le terreau qui permet aux hommes de fleurir ?"     -   Visiter son site 
Il se présente à nous.

QUATRE VOIX POUR LA COUPURE


Éclos du métropolitain. Avenue de l'Opéra.
Naissance d'euphorie face au dôme d'or.
Piqué par Dieu, mon premier visage pur.
Un vieil homme lumineux, jardin-visage, était devant moi nourri au terreau de profonde bonté.
- Le jardin des Tuileries ? Prenez cette rue à gauche, s'ouvrit sa voix au lieudit d'un sourire.
J'eusse cueilli quelques giroflées aux talus de ses sourcils ou quelques épilobes aux bordures de ses yeux clairs si je l'eusse pu.
Ah ! s'en aller ambassader un herbier d'être humain sous le bras !
Rue de Rivoli, je traversai la férocité des automobiles.
On était dans le thorax de l'hiver. À son revers l'épinglette du soleil.
Les pieds des rouges-gorges se dérobaient sur le corail gelé des acacias.
Je glissai (manchot sur ma liberté).
Et la Pyramide plantée entre les omoplates je reçus de plein fouet la virginité de ce jardin féminin.
Entrée entre deux cuisses blanches.
Je m'accrochai tant bien que mal au givre d'une Béatrice.

Quelques amoureux tout de même naviguaient serrés au chaud de leur paille d'amour fou. Une foule de fantômes volubiles était assise en cercle sur des chaises vides vert incliné.Une incommensurablement jeune maman sortit de son landau un ange. Elle désirait lui montrer l'œil de la baleine couchée sous le bassin oriental.
Le jet d'eau - en tige de marguerite - s'affaissait dans l'air aiguisé.

Combien j'eusse aimé que tu fusses avec moi.
J'eusse pu passer le manteau d'apparat de ton sourire ongulé.
Nous eûmes alors réjoui toutes les fourmis précieuses de cette oasis hiémale. Le long de l'allée les truisses, discrètes et mains derrière le dos, étaient des chasseurs prêts à rendre service.

*
Je bifurquai vers la droite en direction d'une baraque de jardinier et rencontrai mon second visage pur.
Océan venant sacrer les premiers pieds du nouveau-né sur la grève.
Chance dans l'aquarium du ciel.
Je l'aurais posé sur la cheminée de mon cœur.
- La librairie ? Tout au bout sur votre droite, s'ouvrit sa voix sur l'adret d'un sourire.
Au loin, agitation autour d'un phallus d'or.

*
Je tournai trop tôt sur la droite.
Mon troisième visage pur. Dame aux cheveux de Jeanne D'arc. Température de poème dans les laies secrètes de l'Ardèche.
Attroupement des blés. Éruption d'écoliers.
Brasero du rouge-gorge posté. Ère révolue des portes.
Il eût suffit que je la baisasse au front pour…
- Ce n'est pas la bonne librairie ! Juste avant de sortir à droite, s'ouvrit sa voix dans la plaine d'un sourire.
En quittant la galerie du Jeu de paume je dérapai et faillis bousculer la planète. Ton absence - duvets des cerisiers du Japon - neigea dans mes veines. J'eusse marché auprès de toi, les arbres unanimes nous eussent brandis au ciel comme un trophée.

*
Je descendis enfin dans la chapelle-librairie du jardin des Tuileries.
Quatrième visage pur. Jeune femme chambre de bogue.
Vagues des braises. Dé face éclaircie. Mot à mille prés.
Lever du printemps dans les reins de l'herbe. Feu soutenu d'oiseaux.
- La Coupure du parc ? Il nous en reste un exemplaire, voulez-vous que j'ôte le plastique afin que vous puissiez le consulter ? s'ouvrit sa voix dans le sous-bois d'un sourire.

Non ! je le prends avec toute la terre et la racine du jour !
 

 

-> Vous désirez envoyer un commentaire sur ce texte? Il sera rajouté à la suite en entier ou en extrait.

 

-> Vous voulez nous envoyer vos textes?

Tous les renseignements dans la rubrique : "Comité de poésie"

Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer