Jean Dif sélection juin
2004
Il se présente
à vous.
On retourne les miroirs dans la maison du mort pour éviter
que son âme, qui emprunta probablement cette fausse fenêtre pour
s'évader de son corps, ne revienne par là tourmenter les vivants.
C'est probablement par les yeux, où dit-on se reflète l'âme,
que la mort pénètre en nous. Peut-être suffirait-il de
ne jamais lever les ailes du regard pour devenir éternel et vaquer
sans fin au sein de l'illusion. Le long sommeil de la mort est-il peuplé
de songes? Enfer, ou paradis? Non, les morts rêvent tout simplement
qu'ils sont encore vivants, tout comme nous qui croyons l'être.
Le miroir est un passe-muraille. C'est la bouche des mondes voraces
qui baillent de l'autre côté des cloisons. La barrière
de reflets qu'il dresse entre nous et l'envers du décor n'est pas
infranchissable. On se noie pour mourir dans cette eau figée. On s'enfouit
dans ces glaces pour s'y livrer à la consistance des roches. L'ombre
blanche que notre corps projette sur ce mur écorché est celle
d'un soleil noir.
L'indiscrétion des miroirs est légendaire. Ils sont
toujours à l'affût. Rien ne leur échappe de ce qui traverse
leur champ de vision à l'exception des trames qui se fomentent sous
les meubles. Heureusement, leur tain n'est pas sensible. Les miroirs sont
dépourvus de mémoire. Ils ne répéteront jamais
ce qu'ils ont vu. C'est rassurant. Il n'est pas nécessaire de les
doter de paupière. Sont-ils comme les chat et les rapaces nocturnes
capable de voir dans l'ombre? Les avis à ce sujet sont partagés.
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