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il se présente à vous.
Comme on voudrait connaître assez d’italien pour marcher les Cinqueterre sous les accents toniques de cette langue Impossibile Étranger de passage on va carnet en main langue à l’affût * On arpente un territoire abrupt De la ligne de crête à celle du ressac la terre vieille peau rêche s’est plissée Les torrents comme autant de traits d’union balafrent les pentes on regarde avec effroi les traces de leurs morsures on imagine leur furie C’est pourtant là sur les lèvres de ces oueds que des hommes ont niché des villages dont la rue principale se jette à la mer Aux heures où le travail se désaltère en terrasse un verre de blanc à la main le regard se perd dans les mouvants horizons bleus qu’un cargo parfois souligne et reposées devant les portes colorées des maisons les barques voient fleurir sur leur bois peint le sel oublié de la dernière pêche Comment choisit-on d’habiter l’inhabitable et pourquoi ? La question reste en suspens tandis qu’on marche entre ciel et mer et d’un clocher à l’autre sur ces adrets sculptés au burin des restanques La vigne bourgeonne un léger vert sous les oliviers le paysan vient de rouler ses filets On arpente ici un territoire signé des hommes * L’agave cloue le sentier à la falaise Debout on voudrait nous aussi écarter les bras s’élever s’envoler tellement fort tellement léger comme on aimerait On avance ainsi chaussé de loisirs sur ces sentiers rocailleux cherchant à surprendre une ombre On vient ici comme en échappée portable éteint On se repose en marchant Que vient-on chercher au juste ? Sur ces chemins aussi caillouteux que leurs passés on s’en va tout gonflé de silence et nos pas rebondissement d’un mot à l’autre Ici vont des chemins de labeur de femmes chargées de foin de paniers d’olives de hottes de vendanges Ces chemins dallés aux murs fleuris nous emmènent chemins usés par les sabots le pied glisse Et la mer toujours suspendue aux branches comme pour mieux river les hommes à leurs jardins ou bien pour tenter d’en attirer quelques uns au large Hommes de terres Hommes de vents * Le vent écume un goéland son cri arrache un lambeau de chair au silence il dessale un vieux paysage Ressac écume un peu de notre enfance surgit en nous silence et nostalgie apaisent des douleurs de vieux genoux on joue avec la vague à mouiller deux doigts de pieds on glane coquilles vides bouts de verre petits cailloux polis On oublie la rumeur de la route le cri du train on se nettoie les yeux de ses bureaux de ses écrans de ses graphiques nul ne peut indexer aux cours des bourses internationales nos émotions Tant de beauté pour une coquille On se laisse juste prendre on se dit que ces couleurs roulées là sur la grève avec leurs bruits d’horloge sont intemporelles Chaque vague a sa lumière sa courbe son fracas son soupir L’unique naît de la répétition * Comment ces bâtisseurs de restanques abruptes auraient-ils pu imaginer que leurs vignes étagées leurs oliveraies suspendues empliraient les mémoires numériques de nos appareils photos ******** ->
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Créé le 1 mars 2002
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