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Patrick Joquel  sélection janvier 2008

il se présente à vous.


Cinqueterre, un territoire signé des hommes.

                                                  
Comme on voudrait connaître assez d’italien pour marcher les Cinqueterre sous les accents toniques de cette langue
Impossibile
 
Étranger de passage on va
carnet en main
langue à l’affût
 *
On arpente un territoire abrupt
 
De la ligne de crête à celle du ressac
la terre
vieille peau rêche
s’est plissée
 
Les torrents
comme autant de traits d’union balafrent les pentes
on regarde avec effroi les traces de leurs morsures
on imagine leur furie
 
C’est pourtant là
sur les lèvres de ces oueds que des hommes ont niché des villages dont la rue principale se jette à la mer
 
Aux heures où le travail se désaltère en terrasse
un verre de blanc à la main
le regard se perd dans les mouvants horizons bleus qu’un cargo parfois souligne
et
reposées devant les portes colorées des maisons les barques voient fleurir sur leur bois peint le sel oublié de la dernière pêche
 
Comment choisit-on d’habiter l’inhabitable et pourquoi ?
 
La question reste en suspens tandis qu’on marche entre ciel et mer et d’un clocher à l’autre sur ces adrets sculptés au burin des restanques
 
La vigne bourgeonne un léger vert
sous les oliviers le paysan vient de rouler ses filets
 
On arpente ici un territoire signé des hommes
 
*
L’agave cloue le sentier à la falaise
 
Debout
on voudrait nous aussi écarter les bras
s’élever
s’envoler
tellement fort tellement léger
comme on aimerait
 
On avance ainsi chaussé de loisirs sur ces sentiers rocailleux cherchant à surprendre une ombre
 
On vient ici comme en échappée
portable éteint
 
On se repose en marchant
 
Que vient-on chercher au juste ?
 
Sur ces chemins aussi caillouteux que leurs passés on s’en va tout gonflé de silence et nos pas rebondissement d’un mot à l’autre
 
Ici vont des chemins de labeur
de femmes chargées de foin
de paniers d’olives
de hottes de vendanges
 
Ces chemins dallés aux murs fleuris nous emmènent
chemins usés par les sabots
le pied glisse
Et la mer
toujours
suspendue aux branches
comme pour mieux river les hommes à leurs jardins ou bien pour tenter d’en attirer quelques uns
au large
 
Hommes de terres
Hommes de vents

*
Le vent écume un goéland
son cri arrache un lambeau de chair au silence
il dessale un vieux paysage
 
Ressac
écume
un peu de notre enfance surgit en nous
silence et nostalgie apaisent des douleurs de vieux genoux
on joue avec la vague à mouiller deux doigts de pieds
on glane
coquilles vides
bouts de verre
petits cailloux polis
 
On oublie la rumeur de la route
le cri du train
on se nettoie les yeux de ses bureaux
de ses écrans
de ses graphiques
nul ne peut indexer aux cours des bourses internationales
nos émotions
 
Tant de beauté pour une coquille
 
On se laisse juste prendre
on se dit que ces couleurs roulées

sur la grève
avec leurs bruits d’horloge
sont intemporelles
 
Chaque vague a sa lumière
sa courbe
son fracas
son soupir
 
L’unique naît de la répétition
 
*
Comment ces bâtisseurs de restanques abruptes auraient-ils pu imaginer que leurs vignes étagées
leurs oliveraies suspendues
empliraient les mémoires numériques de nos appareils photos
 

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Créé le 1 mars 2002

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