Vos textes publiés ici après soumission au comité de poésie de francopolis.







 
actu  
  archives

 

de Léa,  sélection septembre 2003

Elle se présente à vous.

- coup de coeur de l'équipe -


L'escalier rouge


Je fixe l'escalier couleur de sang séché.
L'acuité de ma fascination me fait violence.
J'intègre pourtant  le décor aux couleurs de crasse.
Inoubliable bas fond d'une ville latine.
Musique " tango " crapuleuse et humide.
Des couples dépenaillés, s'enlacent.
Champs et contrechamps sur un défilé de jambes nues.
Je m'use, en vain, de regards affamés.
Quelqu'un me sert un alcool frelaté chaud et visqueux
Apatride et marginale… je bois

Imprégnée du blanc gris de cette foule livide,
Dans cet espace que seule définit ton absence,
Je fixe de nouveau l'escalier de sang séché.
Immensité infranchissable de mon froid délire.
Je sais que je n'atteindrai plus jamais rien.
Sinon, en  représailles dans mon cerveau,
tes boucles brunes et tes yeux ambrés.
La violence de nos incompréhensions.
L'inutilité de nos remords,
Et nos incommensurables solitudes.

C'était il y a  un mois ? une larme.. ?
Au milieu de cette même faune inquiétante
L'invisible de la nuit nous avait enfin réunies.
Je t'avais pris la main et pour la première fois,
Tu ne l'avais pas retirée.
Dans une infime vibration l'esprit ténu,
innocentait le sombre enfermement imposé,
et libérait nos regards de toute aliénation.
Isolées maintenant dans une oasis de tendre,
nous espérions " demain " ensemble loin devant .
Tes yeux, pourtant cernés de mauve, souriaient.

Mais le jour déclinant, implacable contretemps,
a ravi la dernière plainte, la dernière ligne,
du fil imperceptible de ta fragile vie.
Et me revoilà  ce soir, mutilée, inutile,

fixant encore, avec un fol entêtement,
l'escalier couleur de sang séché.
Espérant l'improbable d'une silhouette élancée.
Mais non ! Rien d'autre.
Sinon l'immense nuit et son écriture invisible.
Je ne sais rien de l'illusion romantique de la tristesse.
Seulement le désespoir de notre suzeraine empreinte.
Les jours pourront se peupler de chuchotements.
C'est dans le vide, que mon cœur  résonnera d'amour.
Mais avant de reprendre routes et chemins,
je veux faire vibrer pour Toi l'âme de nos ancêtres
Embraser les bûchers
Enflammer guitares et violons
Jusqu'aux accents déchirants de la musique des morts
rythmant à  jamais les éclats de mon âme.
Alors, inlassablement, dans ma poitrine,
joyeusement couleront des larmes de sang.

Pour Toi mon Enfant Nomade.

Farouche et résignée,  la Mère restera debout.

*

 

-> Vous désirez envoyer un commentaire sur ce texte? Il sera rajouté à la suite en entier ou en extrait.

 

-> Vous voulez nous envoyer vos textes?

Tous les renseignements dans la rubrique : "Comité de poésie"

Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer