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Louise Dostie
  sélection mars 2006


La ficelle

La ficelle de Louise Dostie (se surnommant elle-même Aile-Pégase) a touché en moi une corde vibrante. Ce poème en prose a manqué de très près la venue sur notre navire francophone, nous avons quand même souhaité le mettre en lumière, car si certains trouvent que l'écriture galoppe de trop dans tous les sens, c'est cette sorte de galop vivant qui m'a emportée...
L'on découvre un jeu intérieur des rimes-images sur elle/aile et la ficelle saute de rivages en rimes-mages ou rimes magiques. L'aile envole le cerf-volant. Dans cette ficelle s'entend le fils, elle et l'aile, et le fil d'Ariane.Une île éclôt.
Ce poème court et vit, bondit d'images où dansent les mythes, le fil d'Ariane, Pénélope tisse et retisse pour Ulysse, pour la vie, Icare se brûle les ailes d'avoir volé trop proche du soleil (mais là ô le phénix renaît de ses cendres! De descendre il remonte au cerf volant, à la ficelle tisseuse d'espoir, d'enfance, de vie).
Cette ficelle affleure, effleure notre coeur et l'on tient infiniment à elle, à l'aile que l'on sent se construire, et à eux, aux oeufs du vivant, du naissant.
Ce poème au mythe lui caressant la peau glisse d'une touche, luit d'une couleur toute intime, tisse sa propre histoire, sa propre mémoire et un sens du rythme vient remuer le cheval de notre âme...
On se retrouve enfant, amant, aimant, ficelle et cerf-volant, notre coeur volant s'accorde à toutes les images, vibre dans tous ces accords, ces échos qui longtemps germeront une île en moi..

Si vous aussi avez été transporté, bondissez vers ses autres poèmes dans l'île du "monde berbère" (poèmes traduits en amazigh par Ali Iken )

Et vers sa rencontre sur Francopolis, notre site, avec Stéphane Méliade pour évoquer la poésie en langue des signes

Liette Schweisguth

 

Il courait contre le vent et le soleil lui crevait l'œil
éblouissait sa tête, le rendait fou de joie
pour elle souvent il avait perdu pied
c'était un fou hurlant dans toute l'éternité
il courait dans le vent serrant dans sa main la ficelle
la faisait basculer de dix étés remonter deux cent fois la veille
il tirait la ficelle il tirait la ficelle
l'était comme un grand oiseau traçant de son aile au sol
des parchemins d'hiéroglyphes le menant tout en haut
lui murmurait : « ma belle »
silencieusement « mon beau grand cerf-volant »
et quand un vent contraire ébranlait l'aquarelle
il s'arrêtait tout net pour étudier le temps
car elle une fois déjà, avait piqué du nez
charpente écréanchée
l'avait amoureusement rafistolée
faut dire qu'elle savait l'emporter
plus haut que chaud plus loin qu'au fond de l'univers
que quand ils se laissaient planer
ils voyageaient tous deux comme des étoiles unies par la traînée
c'était deux drôles de nouveaux-nés
un serpentin filait
lui, tenait la ficelle
et elle
de tous ses sens
tenait infiniment à lui.



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Créé le 1 mars 2002

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