Carl Magnan
sélection septembre 2005
il se présente à vous.
J’aime le Plateau
Je l’aime particulièrement la nuit
La nuit au tout début de l’automne
Quand désertées des hommes sont les rues
Quand je puis entendre le vent tiède et doux
caresser le feuillage des arbres
Quand de ouateux nuages chatouillent la lune
toute pleine de la charge du grand dieu blanc
J’aime aussi ce téméraire lampadaire jaunâtre
qui tente de lui faire concurrence
J’aime le son mauve imperceptible mais criard
qui en émane
J’aime que ce son se marie avec celui des grillons
J’aime ces ruelles décrépites aussi désertées la nuit
J’aime ces vieux hangars tous croulants
d’une autre époque,
boîtes à feu privilégiées des maniaques pyromanes
Nous narguent, défient le temps avec tant d’arrogance
J’aime ce bourdonnement sourd des machines au loin,
bruit blanc éternel de la cité
Mal à l’âme, nausée aveugle perpétuelle de l’urbain
J’aime aussi de neuve Catherine, nous montre ses mains
Les taches de vieillesses les perçant gentiment
N’enlèvent rien à sa beauté
Simplement, prouvent la réalité matérielle de Catherine
Pas un ange bien qu’elle en ait l’air
J’aime ces parcs d’enfants, complètement désertés aussi
J’aime les bruissements des chaînes de balançoires
doucement ballottées par le vent
J’aime cette odeur de pizza se mêlant
à celle des feuilles sèches en cavale
J’aime ces fiers lampions chromés resplendissants,
me rappellent ceux du salon mortuaire
Douce félicité, j’aime la lumière
vue du point de vue de l’obscurité
J’aime la vie vue du point de vue de la mort
J’aime la mort vue du point de vue de la vie
S’il n’y avait pas l’obscurité,
comment pourrais-je vraiment apprécier la lumière?
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