Ne serais-je demain
Brumeuse dans le soir
Lestée à l'ineffable vacuité du vent

De déserts en ressacs
Prise par l'agonie
Des âmes dédoublées
Que l'horizon pourfend

Jadis sur mes terres
Insolemment légère
Je portais mes amours
Comme on porte l'enfant

Rien ne me retenait
Tout vibrait éphémère
De désirs en plaisirs
De débâcles en printemps

Et ces corps enchâssés
Ces ventres secondaires
Ces je t'aime soufflés
Au kiosque du matin

Ces regards indolores
Ces vrilles souterraines
Flous lambeaux de moi-même
Suffisaient à demain

Il fallait que tu viennes
Scander mes négligences
Dépaver mes venelles
Empierrer mes lopins
Saccager mon terrier
Tordre mes résistances
Essorer ma raison
Fendre mes lendemains

Où que tu sois je tremble
Que je temps ne t'aligne
Aux piquets du destin

Où que tu sois je veille
Irradiant de ma peine
L'écho de ton chagrin

Ne serais-je demain
Heureuse dans la nuit
Lestée à l'ineffable vacuité du temps


***

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