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Michel  Henric-Coll (Pikkabu)  sélection mars 2005

Valencia, en Espagne , il se présente à vous


LA BOUTEILLE

La bouteille est vide et l’armoire vide de bouteilles. La maison aussi est vide, depuis que tu es partie. Plus se vidaient les bouteilles, plus se vidait l’armoire, plus tu te vidais, toi.

Je regarde cette bouteille qui gît, allongée sur la table. Elle a roulé jusqu’au coin, décidée à se laisser tomber ; elle a rampé jusqu’à l’extrême bord, mais avant de se résoudre à finir éclatée en morceaux sur le sol de tomettes, elle a pleuré de son goulot stérile une dernière larme, rouge comme le sang, qui est venue sécher sur le vieux bois de cèdre.

J’étends la main, je la saisis, et la fais tournoyer. Les premiers rayons de soleil du nouveau jour ricochent sur son verre trouble et jouent avec sa transparence.

La maison est vide de toi, l’armoire est vide de bouteilles, et dans cette bouteille vide, je contemple tout ce que j’ai perdu.

* VERSION ESPAGNOLE

LA BOTELLA

La botella está vacía y el armario vacío de botellas. La casa también queda vacía, desde que te fuiste. Cuanto más se vaciaban las botellas, más se vaciaba el armario, y más te vaciabas tú.

Miro esta botella que yace, tumbada en la mesa. Rodó hasta la esquina, decidida a dejarse caer; se arrastró hasta el extremo borde pero, antes de resolverse a estallar en mil pedazos en las losas del piso, su boca estéril lloró una última lágrima, roja como la sangre, que termina de secar en la vieja madera de cedro.

Estiro la mano, la agarro y la hago rodar. Los primeros rayos de sol del nuevo día rebotan en su turbio cristal y juegan con su transparencia.

La casa está vacía de ti, el armario de botellas, y en esta botella vacía, contemplo todo lo que he conseguido perder.


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Créé le 1 mars 2002

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