de Roger Lecomte, sélection
octobre 2003
Il se présente à
vous
Ceux qui t'aiment prendront le
train
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Ceux qui t’aiment prendront le train
Pour te suivre jusqu’à d’illusoires terres promises
D’autres descendront à contre-voie
Ou sauteront en marche, quitte à se blesser
Par peur des cahots, des tunnels
Des arrêts en rase campagne.
Tu ressembles à la vie
C’est le même bruit sourd des essieux
La même gare de triage que l’on traverse
L’hiver à l’aube
Le même ballast enjambé à la hâte
La même quête recommencée
Au terme de chaque voyage
Tu t’installes à distance
Sur des collines aux sentiers escarpés
Ou sur les hauts plateaux de la musique.
Aux autres le talus glissant.
Le vertige et les ronces.
Ton parcours est obscur
Comme est obscure la destinée des hommes
Avec ce regret de l’enfance
De tout ce qui est perdu d’avance
Et lentement s’éloigne
Fanal de braise d’un dernier wagon dans la nuit.
Oh, ne crains rien
Notre affection
Nous ne la retournerons pas contre toi
Comme une arme
Ceux qui t’aiment prendront le train
Pour te suivre jusqu’à d’illusoires terres promises
Les cinq chiffres de ton prénom étrusque
Martèleront leurs tempes
Au rythme lassant des boggies
J’attendrai sur le quai avec ma cigarette
Qui s’éteindra d’une petite mort très douce
dans la tranquillité morne du jour qui point
(titre emprunté à Patrice Chéreau)
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